Rue de la Loi : les vrais chiffres de création d’emplois

Quel est le bilan du gouvernement fédéral en matière d’emploi ? C’est l’une des questions qu’on se pose traditionnellement en fin de législature. « Jobs, Jobs, Jobs » avait d’ailleurs annoncé Charles Michel en prenant ses fonctions, indiquant que c’était sur cette priorité qu’il entendait être jugé. Pour l’instant le climat masque le débat sur les créations d’emplois, mais cela reste un passage obligé des campagnes électorales. Je vous propose de prendre un peu d’avance pour intégrer quelques chiffres clefs.

Ce matin on apprend par exemple que 48 000 nouveaux emplois ont été créés en 2018 selon les chiffres de l’ONSS. Au total le gouvernement Michel peut avancer le chiffre de 190 000 à 230 000 emplois crées en 5 ans, suivant les méthodes de calculs. Pour comparer :  à peu près le même volume que celui obtenu par le  Gouvernement Verhofstadt au début des années 2000.

Question centrale : quelle part relève de l’action du gouvernement, ou d’un simple effet mécanique, puisque l’Europe vient de traverser une forte période de croissance ? Une étude de la KUL a tenté de répondre à la question. D’abord quand on retire les emplois créés dans la fonction publique, les soins de santé, et les indépendants, le nombre de nouveaux postes créés dans le secteur privé est en réalité de 133 000. Pour les chercheurs de la KUL un peu plus de la moitié de ces créations d’emplois (55%) sont bien à mettre à l’actif du gouvernement.

Ainsi le tax shift aurait permis de créer de 35 000 postes. Le saut d’index en aurait généré 11 000. Au total l’action du gouvernement Michel a permis de créer en réalité 73 000 emplois. Ca c’est un fait objectif. Est-ce bien ou peut on mieux faire, relève le débat politique. Pour avoir une vision juste, il faut d’ailleurs ne pas s’arrêter aux seuls emplois créés, mais prendre aussi en compte les emplois perdus. Rien que depuis le début de l’année, il y a déjà eu 6 000 suppressions de postes annoncées, avec des secteurs comme les banques, les assurances, la grande distribution qui sont plus touchés que d’autre.

Un bon chiffre à analyser est celui du taux d’emploi. Fin 2018, il était de 69,7% (cela a veut dire que  près de 7 travailleurs sur 10 en âge de travailler travaillaient effectivement). L’emploi des femmes et des travailleurs âgés a progressé le plus. Point positif pour l’équipe Michel : ce taux d’emploi a progressé de manière continue depuis 5 ans.  Point négatif : nous ne progressons pas assez vite et nous ne rattrapons pas nos voisins.  L’objectif assigné à  la Belgique dans le cadre des politiques européennes était d’atteindre 73,2% en 2020. 2020 c’est l’année prochaine. Il est assez clair que nous n’ y arriverons pas.