Procès de l’attentat du Musée juif : les enquêteurs reviennent sur “l’exécution” des victimes

Les enquêteurs et juges d’instruction qui ont procédé à l’enquête sur la fusillade au Musée juif de Belgique, le 24 mai 2014, sont dès aujourd’hui entendus à la cour d’assises de Bruxelles. Ils seront entendus au procès de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer jusqu’à mardi prochain.

Les premières auditions des témoins, juste après la fusillade au Musée juif de Belgique, faisaient état d’un véhicule à bord duquel l’assaillant aurait pris la fuite, ressort-il de l’audition des premiers enquêteurs arrivés sur les lieux le 24 mai 2014.

La police a débuté les auditions des témoins juste après la tuerie, afin de garder intacts les souvenirs de chacun. Un témoin a ainsi indiqué à un policier avoir relevé la plaque d’immatriculation d’un véhicule qui aurait démarré en trombe après l’attaque. Une amie de ce témoin “a ajouté qu’elle avait vu l’auteur de s’engouffrer à l’intérieur de la voiture”, a précisé ce policier devant la cour.

Le véhicule a été identifié comme appartenant à une à une société privée de taxis. Muni d’un système de géolocalisation, il a été intercepté à Jette à 16h14, soit 25 minutes après le signalement de l’attaque au dispatching de la police. Une seule personne se trouvait à bord. La voiture a été saisie pour constatations.  La piste a cependant pu être écartée rapidement et le conducteur mis hors de cause.

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Un tir “chirurgical”

L’audition se poursuit sur l’arrivée des services de secours. Les premiers pompiers-ambulanciers arrivés sur les lieux ont d’emblée constaté le décès des époux Riva, qui se trouvaient dans le couloir d’entrée du Musée. Plus loin, au niveau du local d’accueil, gisait Alexandre Strens. Il était en position latérale de sécurité, ne parlait pas et tentait de se relever “instinctivement”, ont rapporté les pompiers devant la cour. Placé sous assistance respiratoire, il a été emmené par le Smur quelques minutes plus tard. Un témoin s’est également souvenu avoir heurté des douilles, dans un mélange de sang et d’eau issue des radiateurs perforés par les coups de feu.

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Le premier médecin arrivé sur place a été marqué par la trace de tir “chirurgical” que portait Alexandre Strens au milieu du front. Le témoin avait par ailleurs “très peur”, les lieux n’ayant pas encore été sécurisés au moment de son intervention, a-t-il raconté, tremblant, en dépit de ses 25 années d’expérience sur le terrain. La peur face à la scène de crime a également saisi l’une de ses collègues médecin, qui a évoqué une véritable “exécution”.

Miriam et Emanuel Riva, atteint chacun d’une balle dans la nuque, sont morts sur le coup selon les premières constatations. Alexandre Strens, touché à la tête, est décédé à l’hôpital une quinzaine de jours plus tard.

Les images des corps des victimes

Les enquêteurs de la police judiciaire fédérale ont ensuite évoqué les premières constatations faites au Musée juif de Belgique. Plusieurs éléments, comme des douilles et des cheveux, ont été décrits, inventoriés et saisis. Des traces ont aussi été repérées et analysées. “Lorsqu’on arrive sur place, on ne s’intéresse pas tout de suite à la scène de crime. Nous travaillons ‘en progression’. Nous avons donc commencé à inventorier des mégots retrouvés dans la rue du Musée et des traces sur une voiture garée tout près, dont l’aile gauche était griffée et le rétroviseur rabattu”, a expliqué l’un des membres de la police technique et scientifique.

Les enquêteurs ont ensuite dévoilé des images difficiles, celles des corps des deux premières victimes, Emanuel et Miriam Riva. Ceux-ci se trouvaient allongés dans le couloir d’entrée du musée. Une partie de leurs vêtements avaient été déchirés par les services de secours qui avaient tenté de les réanimer. Les enquêteurs ont montré sur photos les orifices d’entrée des balles qui ont tué les deux victimes, situés précisément dans leur nuque, ce qui a provoqué l’important écoulement de sang visible au niveau de leur tête. Les enquêteurs ont encore expliqué les bandes collantes placées sur les corps par la nécessité de prélever d’éventuels poils ou cheveux provenant de l’auteur du crime.

Au terme de cette matinée d’audience, la présidente de la cour, Laurence Massart, a tenté à nouveau d’interroger Mehdi Nemmouche. Elle a voulu connaître la raison pour laquelle il n’avait pas engagé de procédure juridique pour remettre en cause les juges d’instruction s’il considère, comme il l’affirme, que l’enquête a été menée de manière partiale. L’intéressé est resté muet.

Avec Belga – Photo : Belga/Igor Preys

■ Duplex de Camille Tang Quynh et Yannick Vangansbeeck.