Procès de l’attentat du Musée juif : les défenses de Nemmouche et Bendrer attaquées de toutes parts

Les débats touchent à leur fin dans le procès de l’attentat au Musée juif de Belgique. La présidente de la cour d’assises de Bruxelles a accordé aux parties toute le journée de lundi pour les répliques. Avant le dernier mot des accusés au jury, prévu ce mardi matin, avant que le jury parte en délibération.

Partie civile, ministère public et défense ont échangé une dernière fois leurs points de vue sur le dossier ce lundi à la cour d’assises de Bruxelles. Chaque partie avait droit à répliquer aux thèses exposées par les autres. Mardi matin, la présidente de la cour, Laurence Massart, donnera alors la parole aux accusés en dernier lieu, comme le veut la procédure, avant d’expliquer aux jurés les règles de la délibération. Ceux-ci partiront ensuite vers un hôtel de la capitale pour délibérer concernant la culpabilité de Mehdi Nemmouche et de Nacer Bendrer.

Selon le parquet fédéral, la date prévue pour le prononcé du verdict est jeudi, pour autant que le jury parvienne à une décision au bout de deux jours. Si les accusés sont reconnus coupables, ou l’un des deux seulement, un débat sur la peine se tiendra alors vendredi.

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“Scénario rocambolesque”

Me Dalne, conseil de la mère d’Alexandre Strens, a entamé les répliques en s’insurgeant du “scénario rocambolesque” élaboré jeudi dernier par Me Courtoy, conseil de Mehdi Nemmouche, et du “manque de dignité” de sa plaidoirie. “Me Courtoy, vous ne nous avez pas manqué vendredi !”, s’est exclamé Me Dalne. “J’ai du respect pour votre capacité de travail et votre sens de l’imagination”, a-t-il poursuivi, tout en dénonçant les invectives lancées par l’avocat à l’encontre de ses confrères des parties civiles et des procureurs. “Ce n’est ni normal ni habituel, je n’ai jamais vu de déchainement aussi violent en 30 ans de carrière. Ce n’est pas anodin, c’est même interdit.”

“Ne vous laissez pas séduire par ce terrorisme intellectuel, par ces affabulations qu’on sort sans le moindre élément de preuve. Ne laissez pas le terrorisme entrer dans le prétoire”, a adressé le conseil de la famille Strens aux jurés. Son collègue de la partie civile Me Danloy a lui répété qu’il n’y avait “aucun doute” quant à l’identité d’Alexandre Strens, comme a tenté de le faire croire Me Courtoy. L’activisme du père de la victime se limitait à quelques réunions religieuses, a-t-il souligné. “Même après avoir changé de nom et s’être fait ficher S en 1992, il ne s’évanouit pas dans la nature. Il est encore en Belgique.” Le pseudonyme utilisé par Alexandre Strens sur les réseaux sociaux, et qu’il présentait à une certaine époque comme son vrai nom, s’explique quant à lui par le fait qu’il n’assumait pas son homosexualité. “Respectons la dignité des morts”, a encore réclamé Me Danloy.

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“Ce scénario est pourri”

L’avocat de la famille d’Emanuel et Miriam Riva, deux victimes de l’attentat au Musée juif de Belgique en 2014, est pour sa part revenu une nouvelle fois sur le parcours du couple israélien. Me Libert s’est attelé à lever une dernière fois les “prétendues zones d’ombre” qui planent, selon la défense du principal accusé Mehdi Nemmouche, sur l’occupation professionnelle des Riva.

L’avocat a rappelé que Miriam Riva était attachée entre 1990 et 2014 au service non opérationnel, a-t-il insisté, de la comptabilité du Mossad. Elle et son mari n’étaient donc pas des agents sous couverture des services secrets israéliens comme le prétend Me Courtoy, a balayé le pénaliste. “En 2012, Mme Riva arrête de travailler pour se consacrer à sa passion: créer des bijoux. Elle avait également passé le concours pour devenir agent immobilier mais n’en aura pas le temps.” Quant à son époux, “il a été fonctionnaire et comptable entre 1987 et 2011”, employé au Nativ, “une agence qui permettait aux juifs de pratiquer leur culte librement en ex-URSS, et qui est ensuite devenu une agence d’immigration pour ces citoyens”, a poursuivi Me Marc Libert. “Rien à voir avec le Mossad.”

“L’Iran exécute des espions israéliens à Bruxelles avec la complicité des polices française et belge, voilà donc la théorie de Me Courtoy”, selon lequel le couple était la cible de la tuerie, a ironisé le pénaliste. “N’est pas scénariste qui veut (…) et ce scénario est pourri. Vous condamnerez donc le terroriste Mehdi Nemmouche”, a conclu la défense de la famille Riva à l’attention des jurés.

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S’il existe une preuve incontestable de la culpabilité de Mehdi Nemmouche, elle réside dans le message audio laissé par Najim Laachraoui, selon Me François Koning. Le kamikaze de l’aéroport de Zaventem avait émis l’idée de kidnapper des personnalités pour demander la libération de “frères qui ont travaillé comme Nemmouche”.

“Le témoignage posthume de Laachraoui est décisif”, a déclaré Me François Koning. “Il veut dire qu’il y a là toute une filière qui est prête à kidnapper l’une ou l’autre personnalité pour demander la libération de Mehdi Nemmouche”, a affirmé Me Koning, estimant que cet enregistrement de Najim Laachraoui retrouvé sur un ordinateur au cours de l’enquête sur les attentats de Bruxelles est la preuve que l’accusé a commis un attentat terroriste, celui du Musée juif de Belgique le 24 mai 2014. Il est évident que Najim Laachraoui “connaissait les plans, les missions qu’on avait données à Mehdi Nemmouche, lui a qui a été son frère d’armes en Syrie”, a ajouté Me Koning.

Le résumé des répliques de la matinée par Camille Tang Quynh et Nicolas Scheenaerts :

“Je n’ai jamais vu une défense aussi accablante”

Du reste, l’avocat de la famille de Dominique Sabrier, victime de l’attaque au Musée juif, a déclaré que la thèse d’un complot n’était absolument pas crédible mais que, par là, l’accusé s’auto-incriminait. “Des Libano-chiites-iraniens liés au Hezbollah auraient demandé à Mehdi Nemmouche de passer sous les radars pendant un an, puis en Syrie lui auraient donné l’ordre de retourner en Europe, selon ses avocats”, a rappelé Me Koning. C’est ainsi que “plusieurs individus se sont retrouvés dans le ‘flat’ loué par Nemmouche à Molenbeek et lui auraient laissé un ou deux sacs dans lesquels se trouvaient les armes”, a-t-il poursuivi. “Dans cette version, on zappe complètement la montée de Bendrer à Bruxelles et la descente de Nemmouche à Marseille en avril. Mais en réalité, je suis enchanté ! Pourquoi ? Parce que Mehdi Nemmouche signe là un aveu de culpabilité en tant que co-auteur d’un attentat. Il va leur louer un ‘flat’ et organiser leur fuite en partant avec l’attirail du tueur pour détourner les pistes ! Je n’ai jamais vu une défense aussi accablante pour son propre client”, s’est exclamé Me Koning.

Pour ce dernier, Nacer Bendrer s’est tout autant auto-incriminé que son co-accusé. “Lorsqu’il est interrogé sur la raison, selon lui, pour laquelle Mehdi Nemmouche lui demande une kalachnikov, Nacer Bendrer répond: ‘je me suis dit qu’il allait braquer, faire un truc comme ça'”, a relaté l’avocat, estimant que Nacer Bendrer a donc marqué son accord pour qu’un grave délit soit commis. “Quand il y a des morts, le braquage c’est puni aussi sévèrement qu’un attentat”, a-t-il alerté.

“Grossier et vulgaire”

Me Adrien Masset, qui représente le Musée juif de Belgique au procès de la tuerie commise le 24 mai 2014, a dénoncé de son côté la “grossièreté et la vulgarité” de l’avocat du principal accusé Mehdi Nemmouche, Me Courtoy.

Une réplique doit répondre à la partie adverse, sur ce qu’elle dit de neuf et sur la manière dont elle le dit, a rappelé d’emblée Me Masset. Quant à la plaidoirie, elle est censée contenir une introduction, une conclusion, un plan et des liens, a-t-il poursuivi. Dans le cas de Me Courtoy, “rien, un embrouillamini, un manque de rigueur qu’un professeur d’université ne tolérerait pas d’un étudiant de première année”, a estimé le conseil du Musée juif. Pour l’avocat, il y a aussi “des codes et des limites imposées par la toge”. “La grossièreté et la vulgarité n’ont jamais convaincu personne, c’est l’arme des faibles.” Désigner ses confrères en parlant de leurs “clients qui paient bien (comme l’a fait Me Courtoy) est stupide, injurieux et teinté d’antisémitisme primaire”. “Où est l’argument? C’est indigne d’un avocat”, a dénoncé Me Masset.

Me Courtoy aurait dû prendre les 23 preuves avancées par l’accusation – voire les 31 recensées par l’avocat d’Unia Me Marchand -, et y répondre une par une, selon le conseil du Musée juif. Il n’y a eu “aucune réponse”, seulement un “salmigondis d’approximations”, a-t-il fustigé. “Des phrases qui débutent et ne finissent pas”, “des points de suspension”, une technique de défense qui s’est “lamentablement écrasée”, un “scénario à dormir debout”, a encore insisté Me Masset.

Tout ce qui a été dit par Me Courtoy est à “mettre à la poubelle”

“Je n’espère même pas… Je suis certain que vous allez tout mettre à la poubelle”, a conclu le procureur Yves Moreau parlant de la plaidoirie de la défense de Mehdi Nemmouche. Le magistrat a repris quelques-uns des arguments de Me Courtoy pour expliquer aux jurés en quoi ils n’étaient pas fondés.

La plaidoirie de la défense de Mehdi Nemmouche n’a été “que du vent”, a dit le procureur Yves Moreau. C’est le “mistral”, a-t-il précisé pour souligner à quel point cette plaidoirie était sans valeur selon lui et évoquer la ville de Marseille, incontournable dans ce dossier. Le magistrat a raillé le “mépris” de Me Sébastien Courtoy, absent lors de son réquisitoire et des plaidoiries des parties civiles. Il a ensuite repris quelques éléments avancés par le conseil de Mehdi Nemmouche pour expliquer en quoi ils n’étaient pas fondés.

Le fait que des recherches ont été faites sur l’ordinateur de Mehdi Nemmouche sur base de la connexion Wifi de l’appartement de Molenbeek-Saint-Jean le 23 mai 2014, alors que l’accusé a seulement demandé le code de ce réseau Wifi le 24 mai, ne veut absolument rien dire, a soutenu le procureur. Me Courtoy avait affirmé que cette constatation prouvait que quelqu’un d’autre que son client avait donc accédé à son appartement et utilisé son ordinateur. Le fait que Mehdi Nemmouche ait été vu par la propriétaire de cet appartement avec un sac de couchage le 24 mai 2014 ne veut pas dire qu’il n’y avait pas dormi la nuit précédente, a aussi voulu rectifier le procureur, précisant que le témoin avait parlé de ‘sac ressemblant à un sac de couchage’.

“Une revendication n’est pas nécessaire”

“Et l’alarme du musée qui a été bidouillée, d’où vient cette idée ? Rien ne permet de dire cela. Tout ce que les images de vidéo-surveillance révèlent, c’est que Dominique Sabrier a cherché à tâtons le bouton d’alarme, rien d’autre”, a également relevé Yves Moreau. “Puis dire que ce n’était pas le modus operandi d’un attentant parce qu’il n’y a pas un pignouf qui a crié ‘Allah Akbar’, qu’il n’y a pas eu de bombe et que ça n’a pas été revendiqué, ce n’est pas un argument non plus”, s’est exclamé le procureur. “Je rappelle premièrement qu’une revendication n’est pas nécessaire pour qu’un acte soit qualifié terroriste et deuxièmement que, pour moi, les vidéos qui ont été retrouvées sur l’ordinateur de Mehdi Nemmouche sont bien une revendication”, a-t-il souligné, se livrant, comme son collègue avant lui et d’autres intervenants, à une énième imitation de la voix rauque, volontairement déformée, de l’auteur de cet enregistrement.

Yves Moreau a encore épinglé le fait que la défense de Mehdi Nemmouche n’avait dit mot sur les images de repérage et sur la trace de semelle identique à celle d’une paire de chaussures de Mehdi Nemmouche imprimée sur la porte d’entrée du bureau d’accueil du Musée juif. “Je n’espère même pas, je suis certain que vous allez tout mettre à la poubelle. Vous ne pourrez pas faire autrement si l’on veut que la justice reste un exercice digne”, a-t-il conclu.

“Ils ont tronqué la vérité”

L’avocat général Yves Moreau a ensuite terminé sa réplique sur la plaidoirie des avocats de Nacer Bendrer. Il estime que Mes Blot et Vanderbeck ont “sciemment dissimulé” des éléments et “tronqué la vérité” au sujet de leur client. “Ce qui était bien avec leur plaidoirie, c’est qu’il y avait une partie pour les gens plutôt du matin et une pour ceux qui sont plutôt de l’après-midi”, a moqué Yves Moreau, soulignant ainsi que les deux avocats avaient dit la même chose.

Un “raccourci”, pour le procureur, est lié à l’interprétation de l’expertise psychiatrique de Nacer Bendrer. La conclusion disait : “du registre des états limites, avec des aménagements narcissiques”, des “traits sociopathiques”, une “personnalité qui présente des risques de passage à l’acte”. “Il n’est pas ‘normal’ comme on vous l’a dit”, a adressé l’avocat général aux jurés. “Il n’a pas de maladie mentale qui le rendrait dangereux, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne peut pas être dangereux”, a-t-il insisté.

Yves Moreau s’est aussi interrogé sur les liens entre les accusés, décrits comme faibles par la défense de Mehdi Nemmouche. “S’ils se connaissent si peu, pourquoi Mehdi Nemmouche s’est tourné vers lui ? Pourquoi Nacer Bendrer a-t-il si vite répondu à son appel ? Ils ne se sont pas vus depuis trois ans et demi, dix petites minutes au téléphone et, le lendemain, Bendrer est à Bruxelles !” Les trois mois qu’ils ont passés ensemble en prison sont par ailleurs suffisants pour se rendre compte que Mehdi Nemmouche est radicalisé, selon le procureur, qui a fustigé les “arguments démagogiques” des avocats de Nacer Bendrer. “Méfiez-vous de ce que vous entendez, vérifiez tout ce qu’on vous dit”, a-t-il répété à l’attention des jurés.

“Mehdi Nemmouche a été piégé”

Me Sébastien Courtoy s’est lancé dans une réplique qui a laissé perplexes les autres parties et le public de la cour d’assises de Bruxelles. Le pénaliste, haletant, a exposé à nouveau ses arguments l’amenant à la conclusion que son client a été piégé. “Je vous prouve qu’un homme a été piégé. Cela me semble impossible qu’on ne voie pas que ce type a été piégé. Tout a été fait pour qu’on croie que c’est lui”, a affirmé confiant Me Courtoy, réitérant la plupart des propos qu’il a tenus dans le cadre de sa plaidoirie. L’avocat en a laissé certains perplexes, et en a probablement inquiétés d’autres en déclarant : “j’ai plaidé dans le brouillard, je ne sais plus ce que j’ai dit”.

Pour Me Courtoy, la preuve la plus évidente de l’innocence de son client est la trace “D13”, autrement dit un prélèvement effectué sur la clenche intérieure de la porte d’entrée du bureau d’accueil du Musée juif. L’expert en génétique avait constaté qu’il s’agissait d’une empreinte mixte et qu’il manquait deux allèles pour avoir une concordance avec l’ADN de Mehdi Nemmouche. Il avait ajouté que la probabilité de retrouver une personne dans cette empreinte ADN mixte était de 1 sur 109. “Il y a donc une chance sur 109 que ces caractéristiques soient celles de Mehdi Nemmouche et c’est justement Mehdi Nemmouche! Soit vous vous dites que c’est le hasard, soit vous vous dites qu’il a été piégé et que quelqu’un est venu mettre cette trace. L’affaire peut se résumer à ça. J’aimerais que ce soit la question qui vous obsède”, a déclaré Me Courtoy à l’attention des jurés.

“Et qui a les compétences pour mettre une trace ADN, désactiver des alarmes et craquer un code Wifi ? Seuls des services spécialisés peuvent le faire”, a poursuivi Me Courtoy, concluant, en parlant des procureurs : “je trouve que mon histoire est vachement meilleure que la leur”.

Revivez le direct de l’audience du jour

20h12 – Répliques terminées

Me Vanderbeck, avocat de Nacer Bendrer, demande une nouvelle fois au jury de déclarer son client non-coupable.

La présidente de la cour d’assises, Laurence Massart, explique au jury, qui va entrer en délibérés, quelques consignes. L’audience, avec notamment les derniers mots des accusés, commencera à 10h00 ce mardi.

20h10 – “Nemmouche n’avait pas le numéro de Bendrer”

Me Vanderbeck affirme que Mounir Attalah a été “bardé d’appels de Mehdi Nemmouche” avant le 9 avril 2014. “Ils se connaissent beaucoup mieux”, explique-t-il. “Mais Mounir Attalah a certainement refusé de faire des affaires car il venait de sortir de prison en mars 2014. Et Attalah a dû lui donner le numéro de Bendrer. (…) Cela confirme que Nemmouche ne connaît pas Bendrer : il n’a même pas son numéro !”

20h05 – Téléphonie

Me Vanderbeck affirme que la téléphonie ne peut être considérée comme une preuve de la culpabilité de Nacer Bendrer.

Il dénonce le fait que les procureurs continuent de poursuivre Bendrer alors que Mounir Attalah a bénéficié d’un non-lieu “car ils n’ont pu rapporté la preuve de sa culpabilité. Par contre, pour M. Bendrer…”

19h59 – Jurisprudences

Me Vanderbeck revient sur des points techniques autour des jurisprudences citées par les procureurs. Il répète également les arguments autour de Kamel Friga et du trafic d’armes supposé de Nacer Bendrer. “On s’en fout de cette histoire Friga, ça n’a rien à voir avec ce dossier”, lance-t-il.

19h54 – “Attaques”

Me Vanderbeck regrette les “insultes” et “les attaques qui visent l’homme”, de certaines parties dans ce procès. Et il rappelle que selon la défense, “aucune preuve n’a été rapportée” de la culpabilité de Nacer Bendrer. “Il n’est pas possible de démontrer ce qui ne s’est pas fait”, résume-t-il.

19h50 – “Un autre réquisitoire”

Me Vanderbeck, l’autre avocat de Nacer Bendrer, prend désormais la parole, jugeant le fait que les procureurs ont encore “lancé un autre réquisitoire” cet après-midi. Il estime que le parquet a parlé quasiment aussi longtemps de Nacer Bendrer entre son réquisitoire et sa réplique. “Cela voudrait-il dire que nous avons fait mouche ?”, sourit-il.

“J’ai eu l’impression qu’on s’est attaqué aux personnes et pas à leurs arguments. Tous les dérapages sont permis“, lance encore Me Vanderbeck. Il parle de “réquisitions d’une agressivité inouïe”.

19h47 – Doute

La défense de Nacer Bendrer réaffirme que les procureurs doivent rapporter la preuve que Nacer Bendrer était en possession des armes du crime “entre le 8 et le 30 avril 2014”. “Les procureurs n’en ont même pas parlé cet après-midi”, lâche-t-il. “On ne sait même pas quand cette remise a eu lieu. Mais on vous dit que ce n’est pas important…”, ironise-t-il.

Il demande donc au jury de ne pas le condamner s’il a un doute sur les faits reprochés à Nacer Bendrer. “La loi vous donne l’obligation de l’acquitter”, clame-t-il.

19h44 – “Vous n’avez aucune preuve”

Me Blot affirme qu’il manque une preuve de la remise d’armes entre Nacer Bendrer et Mehdi Nemmouche. Il dénonce également les jurisprudences citées par les procureurs. “On peut tordre les choses comme on veut, la jurisprudence qui compte, c’est la vôtre”, lance-t-il au jury.

“C’est son avenir qui est en jeu car c’est une peine à deux chiffres qui s’annonce. Voilà ce qu’on vous propose. Tout ça pour quoi ? Il n’y a aucun élément de preuve dans ce dossier, c’est quand même grave”, clame Me Blot. “Est-ce que vous avez des aveux ? Non. Des preuves scientifiques ? Non. Des témoins oculaires ? Non. Des proches qui confirment un trafic d’armes ? Non. Friga qui dit que Bendrer a remis les armes à Nemmouche ? Non, même pas. Des écoutes téléphoniques ? Non. Vous n’avez rien”

19h40 – “Un innocent”

“Condamner un innocent, cela ne rendra pas la justice forte”, lance-t-il. “Il n’a pas connu les faits qui lui sont reprochés. Et ce n’est pas un beau bandit ou un caïd, comme on l’a affirmé”. Il hausse encore le ton : “C’est n’importe quoi, bientôt on va nous dire qu’il est le parrain de Marseille”.

“Ce n’est pas un caïd, car les caïds, ils ne gardent pas les armes eux-mêmes, ils les font garder par d’autres personnes. Bendrer, c’est quelqu’un qui va aider un copain qui est en prison, qui rend un service”, affirme-t-il.

19h38 – Nice

Me Blot hausse le ton et dit aux procureurs que “c’était à eux de trouver la preuve que Nacer Bendrer avait été cherché des armes avec Mehdi Nemmouche à Ceyreste. Mais non, aucune preuve, rien”. Il affirme qu’il n’y a aucune téléphonie entre Nemmouche et Perrin, ou avec quelqu’un à La Ciotat, ou même entre Bendrer et Perrin à la même période. “Il n’y a rien”, répète-t-il.

L’avocat affirme que ce n’est pas la défense de Nacer Bendrer qui “avait parlé de Nice mais bien vous, les jurés, qui avez posé ces questions aux enquêteurs”.

19h34 – Friga et Perrin

L’avocat de Nacer Bendrer affirme que l’ami décédé est mort le 28 mai 2014, et non en avril 2014, comme l’affirmait ce matin les parties civiles.

“Et ce ne sont ni Friga, ni Perrin qui vont nous aider à déterminer la culpabilité de Nacer Bendrer”, affirme-t-il. “Friga ne nous sert à rien. (…) Peut-être que l’avocat général veut rejoindre le procureur aixois pour requérir dans le dossier entre Friga et Bendrer, en mars prochain, mais pour l’instant, Friga ne nous sert à rien”.

“Perrin pouvait être interrogé jusqu’en août 2017. On avait largement de l’interroger pour savoir si les armes retrouvées à Ceyreste étaient les siennes”, estime Me Blot.

19h31 – “Il faut arrêter”

“Tout le monde pourrait encore argumenter et contre-argumenter. C’est normal, c’est notre métier. Mais il faut que ça s’arrête. Et cela s’arrête quand la défense a fini de parler. N’en déplaise à l’avocat général”, lance Me Blot. “Mais le dernier mot, c’est vous, chers jurés, qui le donnez“.

L’avocat de Nacer Bendrer affirme “qu’on n’a toujours pas de réponse raisonnable sur la question : pourquoi a-t-il fallu que Mehdi Nemmouche attende quinze jours pour qu’il vienne à Marseille si Nacer Bendrer avait des armes ?”

“Me Koning, le troisième procureur (sic), nous a dit que c’était pour chercher le revolver. Mais pourquoi autant de délais ? On nous a dit que c’était pour tester les armes. Mais là, c’est un concours d’imagination, c’est n’importe quoi”, clame-t-il.

19h27 – L’audience reprend

On arrive donc à la dernière réplique, des conseils de Nacer Bendrer. C’est Me Blot qui prend la parole pour clôturer la soirée.

19h10 – Fin de la réplique

Me Courtoy part dans de grandes envolées lyriques, affirmant être menacés, insultés,… pour défendre Mehdi Nemmouche, et propose à une personne dans le public de venir lui parler “dans dix minutes”. Il termine en demandant au jury “de crier à la face du monde son innocence” s’il estime que Mehdi Nemmouche est innocent.

Nouvelle pause pour le jury, afin de prendre une respiration avant la réplique de Me Vanderbeck et de Me Blot, les avocats de Nacer Bendrer, qui devrait durer “une demi-heure”.

19h03 – “Nemmouche a été piégé”

Me Courtoy répond à ses confrères et consœurs sur le fait qu’il n’était pas présent aux plaidoiries des parties civiles : “Pour faire une plaidoirie où on explique les choses, il faut du temps”, affirmant qu’il a “travaillé pendant au moins six mois” pour connaître à fond le dossier.

“Je suis content de ne pas être du côté d’Unia, mais du côté de celui dont on réclame la tête”, clame-t-il encore. “Et vous voyez bien qu’il a été piégé. Cela me semble impossible qu’on ne voit pas qu’il a été piégé”.

“On va vous demander de terminer la vie de cet homme, en le déclarant coupable d’un acte terroriste que l’Etat Islamique refuse de revendiquer”, affirme-t-il. Il énonce ensuite tous ses arguments et ses théories.

18h55 – L’inconnu d’Eurolines

Me Courtoy s’étonne à nouveau du fait que Mehdi Nemmouche est reparti avec un inconnu après avoir acheté un ticket de bus Eurolines à la gare de Bruxelles-Nord, fin mai 2014. “Cela vous arrive souvent de repartir avec un inconnu que vous venez de rencontrer dans un tel magasin”, clame-t-il.

18h52 – La photo “truquée”

Me Courtoy revient ensuite sur l’histoire de la photo truquée. Il se demande à nouveau “pourquoi il a fallu sept mois pour déposer le DVD des images de vidéosurveillance au greffe”. “Je pense qu’il y a plus de chance que deux images aient été modifiées dans ce laps de temps plutôt qu’il y ait eu un problème de lumière”, lance-t-il. “Il y a un gigantesque problème”.

“Ils ont toujours refusé de faire expertiser la photo auprès des services du FBI”, affirme l’avocat de Mehdi Nemmouche.

18h47 – Théories

Me Courtoy évoque encore ses théories selon lesquelles il aurait été piégé par d’autres personnes, dès sa sortie de prison. Il dénonce également les propos des ex-otages français en Syrie, affirmant qu’ils n’ont été prononcés que pour affirmer que Mehdi Nemmouche est coupable. Il affirme pourtant que “même les otages affirment que Mehdi Nemmouche a disparu de la circulation” durant les dernières semaines de leur captivité.

18h37 – “Revendication bidon”

Me Courtoy réaffirme que les vidéos de revendication “sont bidons” mais qu’il n’avait pas bien expliqué lors de sa plaidoirie : “Vous avez un pseudo-attentat, commis dans un musée juif. Et je me prends une revendication qui concernerait Bruxelles. Mais on a aucune explication sur cette non-revendication depuis cinq ans et deux mois”, lance-t-il.

Il revient encore sur les traces de semelle sur les sacs-poubelles dans l’appartement à Molenbeek, affirmant que ces traces viendraient d’une autre personne.

18h30 – Caméras de surveillance

Me Courtoy répond au fait que les caméras de surveillance n’ont pas été désactivées au Musée juif : “Parce qu’il faut qu’on voit les vêtements du tireur et qu’ils correspondent à ceux retrouvés sur Mehdi Nemmouche, pour le piéger”.

L’avocat de Mehdi Nemmouche part dans tous les sens, et parle une fois du sac de couchage, de l’appartement molenbeekois, puis de la scène du Musée juif puis de son arrestation à Marseille. C’est aussi décousu qu’à l’occasion de sa plaidoirie.

18h27 – “Une histoire bien meilleure”

“Je sais que j’ai des gens qui ne veulent pas du bien à mon Mehdi et qui vont sur son ordinateur le 23, et j’ai une trace ADN à l’intérieur de la porte que Nemmouche n’a pas pu toucher”, lance Me Courtoy. “Je trouve que mon histoire est quand même bien meilleure que la leur”.

“Bref, j’ai un alibi, j’ai la preuve qu’il a été piégé…”, réplique-t-il aux parties civiles.

18h23 – Sac de couchage

Me Courtoy revient sur l’histoire du wi-fi du logement de la rue Saint-Joseph à Molenbeek et sur “le sac de couchage” ramené par Mehdi Nemmouche le 24 mai 2014. Il ne veut toutefois pas dire où Mehdi Nemmouche a dormi : “Il dormait dans un appartement non-meublé dans une autre commune, mais ce n’est pas à moi de dire tous les noms, je dois juste montrer qu’il y a un doute. Je n’ai pas envie que quelqu’un fasse quelque chose en 80 secondes chez moi”, lance-t-il, en référence aux 80 secondes qu’a duré la fusillade du Musée juif…

L’avocat de Mehdi Nemmouche relance les déclarations du propriétaire du logement de Molenbeek, selon qui l’accusé a demandé le code wi-fi le 24 mai 2014, et non le 23 mai. “Et pourtant, l’ordinateur est connecté à Internet le 23”, répète-t-il.

18h19 – “Coïncidences”

Me Courtoy revient à nouveau sur les “coïncidences” évoquées lors de sa plaidoirie, notamment sur l’alarme du Musée juif ou sur les deux Iraniens arrêtés en Belgique, non loin du Musée juif. Il revient également, en passant du coq à l’âne, sur l’histoire des Riva dans des hôtels bruxellois ou dans un magasin Lidl “pour acheter du chocolat”. “Jamais une seule enquête n’a été faite sur les Riva”, affirme-t-il.

18h14 – “Couverture”

Me Courtoy affirme encore qu’Emanuel Riva était vice-consul à Berlin, malgré les remarques de Me Libert, avocat de la famille Riva, qui infirment cela. L’avocat de Mehdi Nemmouche dénonce également la note de la Sûreté de l’État belge, affirmant qu’il s’agit d’une “couverture” pour les services israéliens.

Il dénonce encore le manque de réponses des parties civiles sur d’autres questions, selon lui, notamment concernant l’absence d’enregistrements de vidéosurveillance dans un hôtel où les Riva sont passés, ou la “désactivation” de l’alarme du Musée juif. Il affirme également qu’aucune enquête n’a été menée sur la “double vie” d’Alexandre Strens, ou sur les activités de la famille Riva à Berlin.

18h09 – “J’en sais rien mais je crois”

Me Courtoy se demande ensuite qui a les compétences techniques pour “désactiver une alarme” ou “aller mettre une trace ADN sur une porte”. “Je pense que personne ici ne sait le faire. Mais je me dis que des services spécialisés peuvent le faire. Surtout quand on a fait preuve de son expertise en désactivant une alarme, en empêchant des enregistrements de caméras de surveillance, en craquant un code wi-fi”, clame-t-il. “J’en sais rien mais je crois”, précise-t-il. “Et je ne fais que me baser sur ce que disent les accusateurs”.

Il reparle encore de l’information selon lequel Emanuel et Miriam Riva auraient été victimes d’assassinats ciblés, selon une théorie dévoilée par le quotidien israélien Haaretz.

18h04 – Audition

Me Courtoy affirme que la seule inconnue qu’il a, c’est de savoir “qui était au courant de toute cette affaire”. Il parle alors d’un certain Milan Pavic, interrogé le 26 mai 2014, deux jours après les faits du Musée juif. “Il dit que l’auteur est un Franco-Algérien, que l’homme fréquente des mosquées du nord de la France, qu’il vient de Syrie. Et tout ça en voyant juste les images de vidéosurveillance ! Il est fort le type”, affirme l’avocat. C’est la première fois que ce témoignage sort lors de ce procès. On n’en sait pas beaucoup plus mais la pièce est au dossier, confirme-t-il.

17h57 – Traces ADN

Me Courtoy veut évoquer la fameuse trace D13 sur la porte du Musée juif. Il rappelle que la trace est à l’intérieur de la porte, alors que le tireur pousse la porte de l’extérieur avec la main. Il explique qu’il voulait “contraindre les procureurs” à “admettre que la trace n’avait pas été touchée par le tireur ou par Mehdi Nemmouche”.

Il explique que cette trace D13 ne montre qu’une probabilité sur 109 qu’il y a l’ADN de Mehdi Nemmouche dans cette trace d’ADN mixte. “Pour moi, cette affaire se résume à une seule question : vous avez une trace qui n’est pas touchée par le tireur, ni par Mehdi Nemmouche, vous avez une chance sur 109 que ce soit Mehdi Nemmouche, et paf c’est Mehdi Nemmouche”, raccourcit-il, balayant toutes les explications de l’expert en ADN sur ces calculs de probabilité. “Soit vous vous dites que c’est le fruit du hasard, ou que ce n’est pas possible. Et là, vous êtes sur la ligne de la défense et confirmez que Mehdi Nemmouche a été piégé, et que quelqu’un a mis cette trace ADN sur la porte”, lance-t-il.

17h49 – Réplique de la défense

La séance reprend, on passe à la réplique de Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche. “Je ne vais pas replaider cette affaire comme l’a fait l’avocat général”, lance-t-il. “Cette affaire est extrêmement simple : deux thèses s’affrontent. L’une est la thèse qui a priori va être acceptée par le jury, celle des deux procureurs. Cette thèse consiste en une série d’éléments qu’ils jugent accablants et on fait confiance aux apparences. Puis la deuxième thèse, qui vous vaut les éloges unanimes de vos confrères, de la presse,…, c’est la thèse complotiste, celle des antisémites, dont le gros tort est celui de ne jamais avoir accepté cette thèse de l’attentat de l’État Islamique”.

17h25 – Répliques

Les procureurs terminent enfin leurs répliques au bout de près de 2h30 d’explications. “Mais nous avons respecté les règles : nous n’avons apporté aucun élément nouveau”, annoncent-ils.

On annonce encore au moins une heure pour la défense de Mehdi Nemmouche, et “pas trop long” pour la défense de Nacer Bendrer.

Place à une pause de quinze minutes.

17h19 – “Hypothèses”

L’avocat général dénonce “un raisonnement basé sur des hypothèses” de la part des avocats de Nacer Bendrer. “On vous soumet une série d’hypothèses mais on ne vous soumet pas les réponses à ces hypothèses alors que celles-ci sont dans le dossier”, lance-t-il.

Il évoque également une “escroquerie intellectuelle” concernant la théorie selon laquelle Mehdi Nemmouche a été à Nice, fin avril, et ce suite à un témoignage de Mounir Attalah. “Selon les avocats de Nacer Bendrer, s’il y a doute, alors Nacer Bendrer ne peut pas être coupable”. Il réplique : “Les GSM de Mehdi Nemmouche et de Nacer Bendrer n’ont pas été bornés à Nice, d’abord. Ensuite, les avocats oublient de dire que Mounir Attalah a précisé que Mehdi Nemmouche devait aller à Nice le lendemain de son arrivée, et non le jour de son arrivée”.

L’avocat général lit le témoignage de Mounir Attalah, qui montre selon lui que ses propos sur Nice semblent concerner une autre période : fin mai 2014, et non fin avril 2014, comme l’affirme la défense de Nacer Bendrer.

17h07 – Night-shop

L’avocat général évoque plusieurs arguments “démagogiques” lancés par la défense de Nacer Bendrer autour des procédures, estimant que ces arguments “sont faux”.

Il démonte également une information selon laquelle Mehdi Nemmouche avait été vu par le gérant d’un night-shop, avec un groupe de Marocains, pour acheter des cartes SIM. Mais l’avocat général révèle que le P.-V. sur ce gérant date d’octobre 2014 et que le gérant évoque en fait un homme qui fréquentait ce night-shop “il y a un peu plus de 15 jours”. Soit en septembre 2014 ou début octobre 2014, soit une date durant laquelle Mehdi Nemmouche avait déjà été arrêté et se trouvait donc en prison.

16h58 – Mounir Attalah

“Nous ne le voyons pas comme un innocent, mais bien comme une personne ayant bénéficié d’un non-lieu. Et ce n’est pas parce que Mounir Attalah a bénéficié d’un non-lieu que Nacer Bendrer pourrait ne pas être condamné”, lance encore l’avocat général, pour contrer l’argument de la défense de Nacer Bendrer selon lequel Mounir Attalah a été “innocenté” par les procureurs.

Le procureur s’indigne également du fait que les avocats de Nacer Bendrer ont indiqué que les juges d’instruction n’avaient certainement pas de soupçon de culpabilité de Nacer Bendrer pour le libérer au bout de deux ans d’enquêtes. “Cela n’a rien à voir”, lance l’avocat général, expliquant toute une liste de raisons pour lesquels Nacer Bendrer a été libéré, tout en restant inculpé dans ce dossier.

16h51 – Algérie

L’avocat général pointe que le voyage de Nacer Bendrer en Algérie, fin mai, soit au moment des faits, ne correspond pas aux éléments du dossier. “Les témoignages, dont celui de la mère de l’ami de Nacer Bendrer décédé, montrent que ce voyage en Algérie a lieu début mai”, explique-t-il. La mère de l’ami de Nacer Bendrer confirme en effet que Nacer Bendrer est venu trois jours en Algérie, début mai 2014. Un témoignage de Nacer Bendrer, lors d’une audition au début de l’enquête, explique également qu’il est parti en Algérie… fin avril, début mai.

16h48 – Téléphonie

L’avocat général pointe le fait que la “téléphonie de guerre” serait en fait “une téléphonie familiale” selon la défense de Nacer Bendrer. “Vous connaissez beaucoup de gens dans votre famille qui ont plusieurs numéros de téléphone utilisés en quelques jours ?”, pointe l’avocat général. Il pointe également l’attention du jury sur le fait que des contacts téléphoniques de Mehdi Nemmouche, lorsqu’il était à Marseille, bornent le téléphone de l’accusé près du domicile de Nacer Bendrer. “Cela explique le fait qu’il y a eu peu de contacts téléphoniques entre Bendrer et Nemmouche à ce moment-là”.

16h44 – Carrossier

L’avocat général estime encore qu’il y a des différences entre les défenses de Mehdi Nemmouche et de Nacer Bendrer, notamment sur cette histoire des voyages à Bruxelles et Marseille. Il estime notamment qu’il y a des incohérences concernant l’histoire de Bruxelles, selon laquelle Nacer Bendrer serait venu à Bruxelles pour aller chercher une voiture chez un carrossier “alors que Nacer Bendrer n’a pas de permis”.

16h40 – Bendrer et Nemmouche

L’avocat général revient sur l’argument selon lequel Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer ne se seraient côtoyés que trois mois en prison, insuffisant pour “se confier l’un et l’autre”. “S’ils ne se connaissaient pas tant que ça, peut-on m’expliquer pourquoi Nemmouche a contacté Bendrer le 9 avril 2014 ? Et si Bendrer ne connaissait pas tant que ça Nemmouche, pourquoi a-t-il répondu à cet appel le 9 avril, trois ans et demi après leur séjour en prison ? Il a suffi de quelques contacts téléphoniques pour voir Bendrer filer vers Bruxelles”, se demande Yves Moreau.

“Je ne vois que deux explications à ce sujet : soit Nacer Bendrer connaît mieux Mehdi Nemmouche que ce que ces conseils veulent bien nous faire croire ; soit Nacer Bendrer est prêt à réagir au quart de tour quand un type qu’il connaît à peine lui propose une embrouille”, prolonge l’avocat général. “Et la défense nous dit que c’est la deuxième solution qui semble correcte. (…) Vous apprécierez, cher jury. Mais je trouve que notre explication est moins accablante au sujet de Nacer Bendrer que celle de sa défense”.

16h35 – “Méfiez-vous”

“Vous devez vous méfier de tout ce que vous entendez. Vous devez relire, regarder toutes les pièces avant de prendre votre décision”, réplique l’avocat général. Il revient ensuite à ce que “n’a pas dit la défense de Mehdi Nemmouche”. “La défense a fait silence radio sur tous les éléments confondants sur Mehdi Nemmouche, mais aussi sur tout ce qui implique Nacer Bendrer. On ne nous a pas expliqué pourquoi on a téléphoné neuf fois Nacer Bendrer le 9 avril, pourquoi on a fait venir Nacer Bendrer à Bruxelles le 10 avril, pourquoi on a été voir Nacer Bendrer le 24 avril,… On ne nous a pas non plus expliqué ce qu’étaient les 90 contacts entre Nemmouche et Bendrer en deux semaines, en avril 2014. Cela démontre qu’il y a quelque chose dont on n’a pas envie de nous parler, du côté de Nemmouche”, clame Yves Moreau.

16h31 – L’état psychiatrique de Bendrer

L’avocat général revient sur le fait que selon la défense de Nacer Bendrer, l’accusé ne présente pas de risque social. “Ils nous feraient presque croire qu’il peut garder des enfants. Il garde déjà des armes, donc pourquoi pas les enfants”, ironise-t-il. Il précise que l’expert qui a mené l’expertise psychiatrique de Nacer Bendrer confirme que ce dernier a un “état limite”, qui se situe “entre la névrose et la folie”, capable de “passages à l’acte”.

“Il n’a pas de maladie mentale qui le rend dangereux, nous a confirmé l’expert. Et il a ajouté une phrase importante, qui a disparu dans la bouche de la défense : ‘Ce n’est pas parce que Nacer Bendrer n’a pas de maladie pouvant le rendre dangereux qu’il ne peut pas être dangereux'”, explique encore l’avocat général.

16h27 – Discussions

Pendant les répliques de l’avocat général, Me Courtoy discute longuement avec Mehdi Nemmouche. Il a également fait mine de déposer de nouvelles pièces au dossier. Il est aujourd’hui seul pour participer à ces répliques, sans Me Laquay ni Me Taelman.

16h20 – Avocats de Bendrer

L’avocat général Yves Moreau estime que les deux avocats de Nacer Bendrer se sont répétés. Il relève que Me Vanderbeck a fait le reproche aux avocats des parties civiles “de jouer l’homme plutôt que le ballon” : “C’est pourtant exactement ce qu’il a fait, avec certains de ses confrères et avec moi-même, en essayant de me décrédibiliser. Je trouve cela profondément pathétique”, lance-t-il.

Il revient encore sur des points techniques sur des textes déposés ou non par la défense.

16h18 – Reprise

L’audience reprend. Le ministère public poursuit ses répliques et évoque désormais la plaidoirie des avocats de Nacer Bendrer.

15h53 – “Aucune réponse”

L’avocat général estime qu’aucune réponse n’a été apportée par la défense de Mehdi Nemmouche, et que des “théories fumeuses” ont été lancées sans “élément pour corroborer” les propos des conseils de l’accusé.

La séance est suspendue pour un quart d’heure.

15h51 – Périmètre de sécurité

L’avocat général propose même au jury de regarder l’ensemble des images de vidéosurveillance du Musée juif pour voir si quelqu’un a en effet été mettre cet ADN de Mehdi Nemmouche. sur la porte du musée. “Cela pourra prendre du temps lors du délibéré. Mais on a le temps”, dit-il.

Il pointe encore la théorie “du complot” de la défense de Mehdi Nemmouche sur le listing des personnes entrées et sorties du périmètre de sécurité du Musée juif. “Voyez les dizaines voire même centaines d’entrées et de sorties. M. Moitroux est pointé comme n’étant jamais sorti du périmètre de sécurité. Cela arrive”, explique-t-il.

15h45 – La trace D13

L’avocat général en vient à cette fameuse trace d’ADN mixte D13 sur laquelle on aurait retrouvé une trace de Mehdi Nemmouche, et ce qui prouverait que l’accusé aurait été piégé. L’avocat général se demande pourquoi la défense n’a pas indiqué cela dans son acte de défense. Puis il ajoute : “Qui a dit que le profil de Mehdi Nemmouche se retrouvait automatiquement dans cette trace D13 ? Relisez l’acte d’accusation : un enquêteur confirme qu’il y a une chance sur 109 qu’il s’agisse de Mehdi Nemmouche. On nous a dit que c’était beaucoup et très peu à la fois. Mais, personnellement, je n’ai jamais affirmé que l’un des profils mixtes de la trace D13 est bien celui de Mehdi Nemmouche”.

L’acte de défense affirme pourtant qu’il n’y a “pas la moindre bribe de trace de Mehdi Nemmouche” sur la trace D13. “Et aujourd’hui, on vient vous dire l’inverse”, lance l’avocat général.

Il demande également à la défense “de montrer quand on aurait mis la trace de Mehdi Nemmouche sur cette porte. Car ces images, on les a. On a les images de vidéosurveillance depuis le 24 avril 2014. La défense aurait pu nous dire quand et à quelle heure une personne a pu venir avec de la salive, du sang ou du sperme de Mehdi Nemmouche pour mettre son ADN sur la porte”.

15h39 – Bombe dans le bus

L’avocat général revient sur l’épisode selon lequel Mehdi Nemmouche ne rigolait pas quand il disait qu’il y avait peut-être une bombe dans le bus. Selon les douaniers français, ceux-ci confirment que Mehdi Nemmouche a dit cette phrase “en souriant” et “avec un air hautain”.

15h35 – Acte terroriste

Le ministère public s’offusque du fait que la défense de Mehdi Nemmouche affirme que cette fusillade n’est pas un attentat car ce n’est “pas le même modus operandi” que d’autres attentats. “Pour qu’on dise qu’il s’agit d’un attentat, il faut qu’un pignouf fasse péter une bombe et crie Allah Akbar”, ironise l’avocat général.

Il dénonce également la théorie de la défense selon laquelle l’absence de revendication fait qu’il ne peut s’agir d’un acte terroriste. “La revendication n’est pas nécessaire pour qu’on puisse parler d’acte terroriste”, signale-t-il en rappelant les articles concernant les infractions terroristes dans le code pénal. “Vous trouvez vraiment que cette fusillade n’a pas été revendiquée ?”, demande-t-il aussi au jury. “Les vidéos retrouvées méritent bien le label de vidéos de revendications. (…) Ce sont des vidéos qui ont pour but de faire peur !”

15h30 – Le bouton d’alarme

L’avocat général signale que Dominique Sabrier a tenté de pousser sur le bouton d’alarme qui se trouvait non loin de son ordinateur, lorsque le tireur l’a visée. Il affirme que ce bouton mobile était certainement par terre depuis longtemps, et qu’il n’était donc certainement pas “bidouillé” comme l’aurait affirmé la défense. “Par terre ou non, parler de bidouillage sur ce bouton est ridicule, quand on sait que Dominique Sabrier n’a appuyé sur aucun bouton”, affirme l’avocat général.

15h26 – ADN

Le procureur fait la leçon à Me Courtoy, sur l’argument selon lequel Mehdi Nemmouche n’a pas laissé son empreinte sur la détente du revolver utilisé lors de la fusillade alors que le tireur a tiré à six reprises avec cet arme. Cela innocenterait son client selon l’avocat. Yves Moreau réplique : “Si vous aviez été présent, vous sauriez qu’aucune empreinte n’a été retrouvée sur le revolver, tout simplement. Cela ne veut pourtant pas dire qu’il n’a pas servi”.

15h21 – Chaussures

L’avocat général revient ensuite sur les fameuses chaussures retrouvées sur Mehdi Nemmouche, et notamment le fait qu’il avait deux paires de deux pointures différentes, une de 43 et une de 45. L’avocat général signale pourtant que la paire de marque Asics, de pointure 45, était aux pieds de Mehdi Nemmouche sur plusieurs photos de ses vacances en Asie. Et que deux autres paires de pointure 45 ont été retrouvées dans l’appartement. Ce qui confirme que Mehdi Nemmouche portait bien ces chaussures, selon Yves Moreau.

15h17 – Sac de couchage

L’avocat général revient sur l’histoire du sac de couchage, que portait Mehdi Nemmouche le jour des faits, selon la défense de l’accusé. “Mais pourquoi Mehdi Nemmouche n’a-t-il pas ramené ce sac de couchage plus tôt ? Et s’il avait été cherché un sac de couchage le 24 mai vers 16h00, alors il avait un alibi. Il n’aurait pas crié DAS durant toutes ses auditions. C’est de la pure fantaisie ce sac de couchage. Ce terme de “sac de couchage” n’a été évoqué qu’une fois par la femme du propriétaire du logement de Molenbeek, lors de l’audition menée devant la cour d’assises. Et si elle avait parlé d’ours en peluche, la défense aurait écrit un roman sur cet ours en peluche”, ironise-t-il.

15h13 – “Aucune réponse”

L’avocat général affirme que la défense de Mehdi Nemmouche n’a donné aucune réponse aux questions posées tout au long de ce procès. “Mehdi Nemmouche a été piégé ? Force est de constater qu’on ne sait toujours pas par qui. Les conseils de l’accusé vous laissent choisir entre les chiites, les sunnites, les Libanais, les Syriens…”, ironise Yves Moreau.

Il revient ensuite sur le wi-fi de l’appartement loué par Mehdi Nemmouche à Molenbeek. Me Courtoy affirme que c’est une autre personne qui a utilisé l’ordinateur de Mehdi Nemmouche le 23 mai, et cela serait prouvé par le fait que Mehdi Nemmouche demande le code wi-fi de l’appartement à son propriétaire, le 24 mai 2014. “Tous les sites visités par cet inconnu sont des sites en français. Et comme je suis un fin limier, je peux déduire que la personne parlait français, comme Mehdi Nemmouche. Ceci est juste pour vous prouver que ce qu’on vous a dit est du grand n’importe quoi”, dit l’avocat général. “Un P.-V. signale également que les connexions suivant la première connexion le 23 mai 2014 l’ont été automatiquement vu que le code du wi-fi était retenu par l’ordinateur”. L’avocat général estime donc que Mehdi Nemmouche n’avait donc pas besoin de demander le code wi-fi.

15h04 – “Tout ça pour ça”

L’avocat général signale que “c’est la première fois de sa carrière” qu’il voit un avocat plaider sans avoir assisté aux plaidoiries des parties civiles et de l’accusation. “Comment plaider quand on n’a pas entendu les arguments de l’accusation ? (…) Vous, chers jurés, on vous demande d’être là à 100%, et non à 99%, au risque de rater un mot, un silence… Les détails sont importants. Et le conseil de Mehdi Nemmouche, lui, était absent durant des jours avant de venir nous dire qu’il connaît le dossier mieux que tout le monde”, lance-t-il. Il évoque “l’indécence” et “le mépris” de Me Courtoy.

“Tout ça pour ça”, clame-t-il à l’encontre de la défense de Mehdi Nemmouche.

15h00 – Avocat général

La parole est désormais à l’avocat général Yves Moreau. “Je vais essayer d’être le plus rapide possible, mais je vais également prendre mon temps pour vous expliquer certaines choses”, démarre-t-il.

L’avocat général dit se sentir responsable “de milliers de vies”, en parallèle avec les déclarations de Me Courtoy qui affirmait être responsable de la vie de Mehdi Nemmouche.

14h55 – Technique

Le procureur fédéral revient encore sur le fait que Nacer Bendrer doit être, selon lui, reconnu coupable de complicité dans cette affaire, et rappelle les points techniques qui confirment cette complicité.Te

14h44 – Bendrer

Le procureur affirme que “rien ne vient ébranler nos 23 briques de preuves solides”.

Il pointe ensuite la défense de Nacer Bendrer. “Elle a fait preuve d’une grande mauvaise foi sur deux points”, affirme le procureur fédéral. “On essaye de vous faire croire que Kamel Friga est notre pièce maîtresse pour la culpabilité de Nacer Bendrer. Non, ce n’est qu’un élément parmi d’autres”, réplique-t-il. “Cet élément concerne notamment ses déclarations concernant des armes et une Kalachnikov”.

Il explique via le jugement de l’affaire entre Kamel Friga et Nacer Bendrer que Kamel Friga a donné de nombreux détails sur les affaires de Nacer Bendrer avec les armes, et que ce dernier a reconnu l’accusé de manière très claire lors d’une séance durant laquelle il devait reconnaître Bendrer avec une cagoule parmi quatre autres personnes de son gabarit. Kamel Friga confirme que Nacer Bendrer portait une Kalachnikov et une cagoule dans la nuit du 23 au 24 avril 2017. “Ce ne sont donc pas des affabulations”, dit le procureur fédéral.

14h37 – “Une souris difforme, immonde et non-viable”

Les parties civiles ont terminé leurs répliques. On passe désormais aux procureurs, qui reviennent pour commencer sur la défense de Mehdi Nemmouche.

“La montagne de preuves ? Elle a accouché d’une souris”, dit le procureur fédéral Bernard Michel. “Une souris difforme, d’abord. Une souris immonde, ensuite, abjecte pour les victimes et leurs proches. Et enfin une souris non-viable, une souris qui ne survit pas au filtre des preuves”.

14h34 – Élucubrations

Me Alama estime que la défense de Mehdi Nemmouche était “une suite d’élucubrations” et dénonce sa théorie de complot. Elle pointe également le racisme et l’antisémitisme de certains discours de la défense. Elle souligne encore l’antisémitisme de cette fusillade et le fait que le Musée juif était bien une cible pour son caractère juif.

14h28 – ADN

Me Alama signale encore le fait que plusieurs traces ADN mixtes ne peuvent infirmer ou confirmer la présence d’ADN de Mehdi Nemmouche, alors que la défense de l’accusé affirme que ces traces “innocentent” son client. Elle pointe l’opportunisme de la défense, qui a changé de version concernant cette trace ADN mixte D13, d’abord présentée comme n’ayant pas été touchée par Mehdi Nemmouche avant d’être présentée comme une trace de Nemmouche, soit une preuve du complot à son encontre…

“Cela a été un supplice d’écouter l’avalanche d’inepties de la défense de Mehdi Nemmouche”, explique encore l’avocate. “Le tout avec une agressivité rare”.

14h23 – Alarme et traces ADN

L’avocate d’Unia pointe également l’analyse des témoignages directs des personnes présentes au moment des faits près du Musée juif. “On vous dit que ces témoins ne reconnaissent pas Mehdi Nemmouche, et que c’est la preuve de l’innocence de Mehdi Nemmouche, et que la seule témoin qui reconnaît l’accusé a confondu Europe et Nouvelle Europe, et donc on la décrédibilise…”, signale Me Alama.

Elle se dit également “surprise” par les arguments de la défense de Mehdi Nemmouche concernant Nacer Bendrer ou l’alarme “désactivée” du Musée juif. “Les policiers sont arrivés trois minutes après les faits, alors qu’est-ce que l’alarme aurait changé ? Rien”, lance-t-elle. Me Alama signale encore que la défense de Mehdi Nemmouche n’a pas donné d’explications concernant les traces ADN de Mehdi Nemmouche retrouvées sur la Kalachnikov.

14h18 – Le sac de couchage

L’audience reprend après cette pause. Il apparaît que les répliques risquent de prendre encore du temps : le ministère public annonce 2h30 de répliques ! Et il restera encore la défense ensuite…

Me Alama, avocate d’Unia, débute sa réplique. Elle dénonce, comme les autres parties civiles, l’absence de preuves de la défense de Mehdi Nemmouche et “la poudre aux yeux” jetée en direction du jury. Elle pointe particulièrement l’argument du sac de couchage, lâché par Me Courtoy, qui expliquerait que Mehdi Nemmouche n’a pas dormi à l’appartement de Molenbeek. “Mehdi Nemmouche a un sac de couchage donc il ne peut pas être l’assassin. CQFD. Quelle démonstration”, ironise-t-elle.

13h05 – L’audience est suspendue

La présidente de la course d’assises demande donc une pause. La dernière réplique des parties civiles viendra d’Unia, vers 14h00. Viendront ensuite le ministère public et la défense.

13h04 – “Sans réponse”

Me Lys estime également que beaucoup de questions autour de Nacer Bendrer restent sans réponse, malgré la plaidoirie de la défense du co-accusé. Notamment concernant le retour de Mehdi Nemmouche à Marseille.

Il affirme que “les victimes d’autres actes terroristes nous écoutent et nous regardent. En rendant justice dans ce procès, en constatant les responsabilités de chacun, c’est aussi à ces victimes de Paris, de Bruxelles que vous rendrez justice”.

13h02 – “Ce silence n’est pas innocent”

Les répliques des parties civiles continuent avec celle de Me Lys, avocat de l’association française des victimes de terrorisme. Il pointe le “mic-mac rocambolesque” de la défense de Mehdi Nemmouche, “ce scénario que même le réalisateur de Mission Impossible aurait renié”.

Il se pose “quatre questions” : “Comment Mehdi Nemmouche a-t-il pu poser sa semelle sur la porte du Musée juif ? Pourquoi a-t-on retrouvé l’ADN de Mehdi Nemmouche et de la poudre sur les vêtements retrouvés sur lui à Marseille ? Pourquoi reconnait-on sa voix sur les vidéos de revendication et voit-on des selfies de Mehdi Nemmouche sur la GoPro ? Qu’a-t-il fait en Syrie avec Najim Laachraoui, son grand ami ? Mais nous n’avons aucune explication. Ce silence n’est pas innocent”.

12h55 – “Haine du système”

Me Hirsch parle de la “haine des juifs”, la “haine du système”, concernant Mehdi Nemmouche mais aussi concernant la défense menée par Me Courtoy. “Ce n’était pas un crime antisémite juste car le musée n’était pas assez fréquenté selon lui”, décrit l’avocate.

Elle demande au jury d’être “la réponse de la démocratie face au terrorisme”.

12h48 – Attentats

Me Hirsch revient encore sur sa théorie selon laquelle Mehdi Nemmouche a visité le site du Musée juif depuis la Syrie et Hong Kong. L’avocate affirme que l’accusé a pu utiliser un VPN pour changer le pays d’origine de sa connexion, et que ses explications viennent de la Sûreté de l’État belge.

Elle demande ensuite au jury de relire les déclarations rapportées de Najim Laachraoui, confirmant l’intention de l’État Islamique de mener des attentats en Europe ou d’enlever des personnalités pour faire libérer Mehdi Nemmouche.

12h43 – “Missionné”

Me Hirsch rappelle que Mehdi Nemmouche “a été entraîné militairement” et “sait faire usage d’une Kalachnikov”. Mehdi Nemmouche a “combattu en Syrie”, et a “tué des gens, peut-être même des enfants ou des bébés”. “Les compagnons de Mehdi Nemmouche sont connus : Laachraoui, Abaaoud…”, explique-t-elle encore. “Il est vrai qu’Abaaoud a également le nom d’Abou Omar comme Mehdi Nemmouche. Mais on rajoutait à Abaaoud le surnom ‘Le Belge'”.

“Mehdi Nemmouche est dangereux, sadique. Il a torturé des Syriens. Il est violent. Il est antisémite et il est ludique”, rapporte encore Me Hirsch.

“Mehdi Nemmouche a été choisi pour tuer et assassiner en Europe, avec d’autres djihadistes, jeunes et sportifs”, dit l’avocate. “C’est ainsi que l’État Islamique lui a remis un passeport, un appareil photo, une caméra, des billets d’avion, des vêtements et de l’argent. Il ne peut quitter la Syrie que parce qu’on l’a missionné, et non parce qu’il en avait marre”.

“La cible du Musée juif lui a été indiquée par des Belges”, lance Me Hirsch.

12h37 – “Dans la meute”

Me Masset termine à sa réplique en signalant qu’il y avait “une colonne bien remplie d’éléments à charge” de Mehdi Nemmouche, contrairement à la colonne “à décharge”.

On passe à la réplique de Me Hirsch, avocate du CCOJB. Elle affirme que Mehdi Nemmouche “est un loup parmi une meute”, une meute qu’il a rejoint “dès 2013 en Syrie”. L’avocate avait déjà fait le lien entre Mehdi Nemmouche et les terroristes des attentats de Bruxelles et de Paris lors de ce procès.

“La défense de Mehdi Nemmouche a avoué pour la première fois lors de ce procès que leur client faisait partie de la meute de l’État Islamique”, confie-t-elle.

12h33 – Charge et décharge

Me Masset refait le point sur les éléments à charge et à décharge de Mehdi Nemmouche. “Dans les éléments à décharge, que retrouve-t-on ? Des petites tranches de saucisson”, ironise-t-il. “Il ne suffit pas d’énoncer quelque chose pour que cela devienne une preuve à décharge. Rien n’est expliqué concernant le code du wi-fi, les vidéos de revendication, les sacs poubelles…”

“Les complotistes apprécient les points de suspension et les etceteri, etcetera”, lance Me Masset. “Quelle surprise : le tireur a la même carrure, la même paire de chaussures, la même veste,… que Mehdi Nemmouche”.

Me Masset revient sur “le joker de la défense”, soit l’arrestation d’un couple d’Iraniens en Belgique. “Voici comment il tente de crédibiliser ses actes de 2014 avec un élément d’actualité de 2018”, ironise l’avocat. “Cette tentative à coups de tranches de saucisson s’est littéralement écrasée. On ne pourrait même pas nommer la défense comme haut commandeur de Justin Bridou”.

12h27 – “Ça pique”

Me Masset, avocat du Musée juif, prend désormais la parole. “Pour moi, une réplique, ça pique, ça doit être court”, lance-t-il. “Dans cette plaidoirie de la défense de Mehdi Nemmouche, il n’y avait pas d’introduction, pas de conclusion, pas de plan… Une mise en page que même un professeur n’accepterait pas d’un élève de première secondaire”.

“La vulgarité, c’est l’âme des faibles”, continue-t-il encore. “Et sachez, cher jury, que quand vous condamnerez Mehdi Nemmouche, ses avocats iront dire dans la presse que les jurés ont mal fait leur boulot”.

Il reproche encore “les insultes” de Me Courtoy, et parle d’une défense “indigne”. “Ce genre de comportement fait un tort considérable à notre métier d’avocat, en affirmant qu’un plaideur peut dire tout et n’importe quoi”, clame-t-il.

12h20 – “Pas un complot”

Me Lurquin revient encore sur sa cliente, Mme Billeke Villalobos, et sur le fait que Me Courtoy a expliqué que cette dernière aurait eu rendez-vous avec Alexandre Strens. L’avocat réplique avec un témoignage de sa cliente, qui confirme qu’elle n’avait pas de rendez-vous avec Alexandre Strens, qu’elle a juste parlé avec l’employé du Musée juif via son amie. “Ce n’est pas un complot”, clame-t-il.

12h18 – “Preuve absolue”

Me Lurquin se demande “où sont les 40 preuves irréfutables de l’innocence de Mehdi Nemmouche”, promises par la défense de l’accusé. Il demande ensuite au jury de bien faire attention aux témoignages directs des personnes aux abords du Musée juif, au moment des faits. Il signale encore la “preuve absolue” de la trace de semelle retrouvée sur la porte d’entrée du Musée juif, semblable à celle des chaussures retrouvées sur Mehdi Nemmouche lors de son arrestation.

“Le grand témoin surprise de la défense lors de ce procès, c’était Me Courtoy”, ironise Me Lurquin.

12h07 – L’audience reprend

On passe désormais la réplique de Me Lurquin, avocat de Mme Billeke Villalobos, présente dans le Musée juif au moment de la fusillade.

L’avocat signale encore une fois “les provocations” de Me Courtoy, et pointe la différence des défenses entre celle de l’avocat de Mehdi Nemmouche et celle de Me Blot, conseil de Nacer Bendrer.

11h47 – Johan Perrin

Me Koning affirme encore que Nacer Bendrer n’a cité Johan Perrin, l’homme qui serait le propriétaire des armes retrouvées auprès de Nacer Bendrer, qu’à l’occasion de ce procès, et non lors des premières auditions de l’accusé. “Parce que Johan Perrin était encore vivant jusqu’en 2017. Et à l’époque, il aurait dit que ce n’était pas ses armes à Ceyreste, mais bien celle de Nacer Bendrer”, lance l’avocat.

Il demande au jury de déclarer Nacer Bendrer coupable, “car si vous l’acquittez, le contribuable belge devra lui payer de plantureuses indemnités pour son année et demie d’incarcération en Belgique”, lance-t-il aux jurés.

L’audience est suspendue pour une dizaine de minutes. Il reste plus ou moins une heure de répliques de la part des parties civiles. Il restera encore le ministère public et la défense, ensuite.

11h38 – “C’est grave !”

Me Koning signale enfin le témoignage de Nacer Bendrer concernant la raison pour laquelle Mehdi Nemmouche lui a demandé une Kalachnikov. “‘Je pensais que c’était pour un braquage’, dit-il. Mais c’est grave ! S’il y a des morts lors d’un braquage, le coupable risque autant que pour un assassinat à caractère terroriste. Nacer Bendrer est donc d’accord de fournir des armes qui peuvent tuer des gens. C’est grave !”, clame Me Koning.

11h35 – Armes

Me Koning termine en revenant sur la défense de Nacer Bendrer qui affirme que ce dernier n’a pas fourni les armes à Mehdi Nemmouche. “Mais pourquoi Mehdi Nemmouche est resté plusieurs jours à Marseille ? Si vous êtes terroriste, vous devez quand même tester les armes avant de mener votre méfait. Et vous ne pouvez pas tester cela en pleine rue. Il a donc passé ces quatre jours à aller dans des endroits isolés pour tester les armes et s’assurer qu’elles sont prêtes avant les faits”, affirme l’avocat. Il explique également qu’à ses yeux, que les délais pour trouver les armes, préparer un acte terroriste, sont logiques. “Cela demande plusieurs semaines, c’est normal, c’est un préparatif minutieux !”

11h29 – La piste de Nice

Me Koning revient sur la défense de Mehdi Nemmouche qui évoque la piste d’une affaire qui devait être menée à Nice. L’avocat explique que Mounir Attalah a confirmé, six mois après son arrestation et sa première audition, qu’il a dit tout cela “pour ne pas mettre en danger Nacer Bendrer”, et que ces déclarations sur Nice sont donc “du même acabit que les précédents mensonges”.

“Et si Mehdi Nemmouche demande à Mounir Attalah, deux jours après les faits, de venir le chercher à Nice, ce n’est pas pour aller à Nice, vu qu’il y est déjà, mais pour que Mounir Attalah l’amène à Marseille. Tout converge vers Marseille”, lance Me Koning. “Et quand Mehdi Nemmouche descend en bus, il ne va pas à Nice, Dijon ou Lyon. Non, il va à Marseille. Tout mène à Marseille”.

11h21 – Culpabilité et mensonges

“Mehdi Nemmouche a donc fait partie d’un groupe libano-iranien qui l’aurait manipulé. Donc, dans un cas comme dans l’autre, la défense nous montre que Mehdi Nemmouche est coupable, c’est formidable”, lance Me Koning.

L’avocat dénonce encore la défense de Mehdi Nemmouche et celle de Nacer Bendrer qui affirment que “tout le monde aurait menti, les enquêteurs, les ministres… On banalise les mensonges”. “On nous affirme également que Mounir Attalah a menti et qu’il a ensuite été mis hors cause. Mais pourquoi il n’a pas été renvoyé devant la cour d’assises ? Car Mounir Attalah a menti pour protéger Nacer Bendrer, ce sont les juges d’instruction qui l’indiquent”, clame-t-il.

Il affirme encore que l’histoire de la porte fermée de l’appartement de Ceyreste où Nacer Bendrer a été arrêté, est capitale. “Le fait qu’elle est fermée prouve que Nacer Bendrer savait pour ces armes. Il a menti en affirmant que cette porte était ouverte, et il a menti pour cacher d’où venait ces armes”, explique Me Koning.

11h14 – Terroriste

Me Koning revient enfin sur le témoignage d’un collègue de Mehdi Nemmouche en Syrie, dans lequel il explique prévoir “un enlèvement ou une attaque pour négocier la libération de (ses) frères qui ont travaillé pour l’organisation”, dont “Mehdi Nemmouche”. “Vous croyez qu’ils auraient fait tout ça si Mehdi Nemmouche n’était pas un élément important ?”, demande-t-il au jury.

L’avocat de la famille de Dominique Sabrier confie également que Mehdi Nemmouche savait qu’il allait revenir en France pour faire “ce que vous savez” lorsqu’il a discuté avec les journalistes français qu’il retenait en otage en Syrie. “Il leur a dit qu’il attendait son procès”, signale-t-il Me Koning.

11h05 – Caméras

Me Koning affirme qu’il n’y a pas de lien possible entre la Belgique, la France et l’Iran vu que les pays sont en froid suite notamment aux sanctions européennes à l’encontre de l’Iran suite à ses recherches sur le nucléaire.

Pour répondre à la théorie des services secrets de Me Courtoy, l’avocat de Mehdi Nemmouche, Me Koning estime que les seules caméras de surveillance qui devaient être désactivées par d’éventuels services secrets, “ce sont bien celles du Musée juif pour ne pas qu’on reconnaisse le tireur. Mais là, non, rien du tout !”

11h00 – “Personne d’autre à Molenbeek”

Me Koning signale encore le témoignage du voisin de palier de Mehdi Nemmouche à Molenbeek, qui affirme qu’il n’entendait juste que les allées et venues de Mehdi Nemmouche. “Il n’y avait donc personne d’autre dans cet appartement, contrairement à ce que la défense prétend”, dit-il. “Et sur les vidéos de revendication, on ne voit pas dans le fond un Libano-Iranien du Hezbollah. On ne voit que Mehdi Nemmouche avec sa kalachnikov. (…) Et le 23 mai 2014, lors du repérage, Mehdi Nemmouche est aussi tout seul”.

Il revient ensuite sur la déclaration de la grand-mère de Mehdi Nemmouche qui affirme que ce dernier a embarqué avec une autre personne, en décembre 2012, à sa sortie de prison. “La défense parle d’une personne mystérieuse. Mais le témoignage de la tante de l’accusé montre qu’il s’agit d’Imed Hassani !”

10h56 – “Un aveu”

Me Koning se demande notamment pourquoi “Mehdi Nemmouche a peur de rentrer et d’être arrêté en Europe”, selon la défense de l’accusé. “Il a payé sa dette envers la société, pourquoi devrait-il avoir peur ? Donc, dans cette version B, totalement fantaisiste, on a un aveu”.

Il ironise ensuite sur la théorie selon laquelle Mehdi Nemmouche aurait été piégé par d’autres personnes. Il signale que dans ce scénario, “on oublie la visite de Nacer Bendrer à Bruxelles et celle de Mehdi Nemmouche à Marseille”.

“J’étais enchanté après la plaidoirie de M. Nemmouche, car ils vous ont admis que leur client avait menti durant cinq ans en affirmant que Mehdi Nemmouche avait retrouvé les sacs qu’il avait sur lui à Marseille, dans une Skoda. Cette théorie a été évoquée jusqu’au 30 janvier dernier alors que le procès a commencé le 10 janvier. Comment croire une telle personne ?”, lance encore Me Koning.

10h50 – “Aucun alibi”

Me Koning, avocat de la famille de Dominique Sabrier, prend désormais la parole. “J’ai insisté sur l’absence d’aucun alibi concret de M. Nemmouche, ni pour l’après-midi du 23 mai 2014 (NDLR : pour le repérage), ni pour l’après-midi du 24 mai 2014 (NDLR : le jour des faits)”, réplique l’avocat. “Et relisez l’acte de défense : la défense nous a dit qu’on avait trafiqué les images. Où est cette démonstration ? Cela serait, selon la défense, la raison pour laquelle Mehdi Nemmouche ne voulait pas collaborer et parler depuis cinq ans. (…) Alors que le problème, c’est juste un contraste différent entre deux images. C’est tout”.

10h45 – “Débile”

Me Libert s’interroge, comme Me Dalne, sur le fait que Mehdi Nemmouche, “sunnite radicalisé”, aurait aidé les chiites durant près de six ans et demi. Il s’interroge également sur le fait que l’accusé voulait fuir ces services secrets qui l’avaient engagé. “Pourquoi Mehdi Nemmouche n’a-t-il pas dit plus tôt qu’il avait peur pour sa vie ?”, estime l’avocat. “On nous a dit ça jeudi dernier, à la fin du procès, comme ça il ne nous reste plus qu’une heure pour pouvoir dire à quel point ce scénario est débile, ou pourri, comme dirait mon neveu”.

Il dénonce également les théories de Me Courtoy selon lesquelles la police française et la police belge auraient été “des alliés de l’Iran pour tuer des Israéliens”. “Oui, cette défense est pourrie et vous pourrez condamner le terroriste Nemmouche”, conclut-il.

10h37 – Assassinat ciblé ?

L’avocat de la famille Riva affirme également qu’il n’y avait pas de rendez-vous entre le Grand Rabbin et le couple Riva, contrairement à ce qu’a dit Me Courtoy. “Et le Grand Rabbin de Bruxelles, ce n’est pas le pape, comme dit Me Courtoy. C’est comme le curé de Saints-Michel-et-Gudule”, signale-t-il encore.

L’avocat revient encore sur l’article du journal israélien Haaretz signalé par Me Courtoy, selon lequel il pourrait s’agir d’un assassinat ciblé. “Il s’agit d’une piste évoquée, mais peu probable, dit l’article”, poursuit Me Libert. Il affirme que la Sûreté de l’État belge a évoqué cette piste, pour finalement la qualifier de très peu probable, vu qu’aucune preuve ne le confirme.

L’avocat de la famille Riva affirme encore que Me Courtoy a construit “un scénario” autour de cette fusillade. “Mais il fallait faire coller ce scénario au dossier. Et ça, c’est plus compliqué”, ironise-t-il. “J’ai raconté ces théories, ce scénario, à mon neveu et il m’a dit : mais c’est pourri, ça ne tiendrait pas une saison ton truc”.

10h33 – Revendication

Me Libert revient ensuite sur le fait qu’il n’y a pas eu de revendication de cette fusillade au Musée juif. Il explique cela par le fait que l’État Islamique n’était pas encore organisée et ne souhaitait pas prendre ses responsabilités sur de nombreuses attaques de l’époque, notamment à Stockholm, en Suède, à Edmondton, au Canada, ou encore aux États-Unis. “La constante dans chaque cas est que la personne en charge de ces attaques a été appréhendée”, explique un article du New York Times cité par l’avocat.

10h30 – Erasme et Lidl

Me Libert revient ensuite sur le parcours d’Emanuel et Miriam Riva dans Bruxelles avant la fusillade, le 24 mai 2014. “On a retrouvé d’autres photos de leurs visites, car ils en envoyaient à leurs filles. On ne les a pas ajoutées au dossier mais on peut les fournir”, affirme l’avocat, pour répondre aux théories de Me Courtoy, qui s’étonnait notamment du fait que le couple est allé jusqu’au Lidl pour du chocolat ou jusqu’à Erasme. Ce qui serait en lien avec l’un des dossiers volés chez… Me Lurquin, avocat d’une personne présente dans le Musée juif dans ce procès. “En effet, ce n’est pas très fun d’aller se promener à Erasme. (…) On a retrouvé sur le couple Riva un ticket de caisse du magasin d’usine de Neuhaus, à 500 mètres de la station de métro. Voici pourquoi ils envisageaient d’aller à Erasme”, répond Me Libert.

10h24 – La famille Riva

Les avocats de la famille d’Emanuel et Miriam Riva prennent désormais la parole. Ils évoquent d’abord la carrière professionnelle de Miriam Riva, et expliquent que cette dernière avait décidé de quitter “le service comptabilité des unités non-opérationnelles du Mossad” car elle souhaitait “avoir plus de temps pour ses enfants”. Me Libert explique qu’Emanuel Riva a lui travaillé comme comptable à la Nativ, soit le service de migration d’Israël. Emanuel Riva a ensuite bien travaillé à Berlin comme “attaché d’ambassade”. Il signale qu’Emanuel et Miriam Riva ne sont pas “vice-consuls” comme Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, l’a affirmé dans sa plaidoirie. Le conseil de la famille Riva précise que les proches d’Emanuel et Miriam Riva ont transmis les passeports des victimes à l’époque de leur emploi à Berlin.

“Il n’y a rien, strictement rien là-bas”, affirme Me Libert. “À Berlin, le service comptabilité de l’ambassade israélienne s’occupe de vérifier la comptabilité de toutes les ambassades d’Israël au sein de l’Union européenne”, tout simplement”.

10h20 – Alexandre Strens

L’avocat de la famille Strens affirme qu’il n’a pas caché son nom à son compagnon, mais qu’il l’a révélé directement dès que son compagnon lui a posé des questions à ce sujet. “Il n’a pas cherché à cacher ce nom”, affirme-t-il. “En raison de son homosexualité et de sa vie nocturne, Alexandre Strens a décidé de prendre cet alias d’Alexandre Lieder. Pourquoi ? Car à l’envers, cela devient Redeil, soit Reydouane Latrach, son nom de naissance (NDLR : son père s’appelait Mohamed Latrach avant de changer de nom en Charles Strens en 1992)”.

10h15 – Les origines d’Alexandre Strens

La parole passe à l’autre avocat d’Annie Adam, qui évoque désormais Alexandre Strens, et les théories évoquées par Me Courtoy autour de la victime. “Cette manoeuvre n’a qu’un seul but : semer le doute sur les origines des victimes”, dit-il. “Aucun doute n’existe pourtant concernant la vie d’Alexandre”.

“Me Courtoy a confondu les diverses périodes de la vie d’Alexandre”, continue-t-il. “Charles Strens, le père d’Alexandre, était connu comme proche de l’Iran mais son activisme se bornait à quelques manifestations, dans les années 80 et 90. Il a ensuite changé de nom en 1992 mais il n’a pas disparu de la circulation. Il a continué à vivre avec sa femme et ses enfants jusqu’à leur divorce en 2003. (…) Si Charles Strens voulait changer de nom suite à son activisme, il l’aurait fait avant 1992…”

10h12 – “C’est le Nemmouche-gate !”

“Selon vous, Mehdi Nemmouche en a marre de son job d’espion. Il veut rejoindre Nacer Bendrer et ramène des armes, les vêtements de la fusillade, etc. pour passer incognito. C’est pratique”, ironise encore Me Dalne. “J’ai même cru que vous alliez nous dire que la chaise roulante retrouvée dans l’appartement avait servi aux services secrets libanais et iraniens pour séquestrer sa grand-mère. Mais heureusement, vous n’avez pas été jusque là”.

Il met encore en doute la théorie de Me Courtoy selon laquelle les services policiers et judiciaires belges et français seraient de mèche avec les services secrets israéliens… “Le gouvernement est aussi à la manoeuvre puisque c’est M. Reynders qui va appeler les secours. Ce n’est plus un dossier, c’est le Nemmouche-gate !”, ironise Me Dalne. “Ne vous laissez pas séduire à ces théories du complot, ce terrorisme intellectuel”, lance-t-il au jury. “Ne vous trompez pas et ne vous laissez pas séduire par ces prétendus doutes. Ne laissez pas le terrorisme entrer dans le prétoire. On veut intimider, faire peur. Mais nous avons la chance de vivre dans un état de droit. Faites appliquer ces règles et faites votre devoir de justice et de mémoire”.

10h07 – Théories

Me Dalne réplique à toutes les théories et coïncidences pointées par Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, durant sa plaidoirie de jeudi dernier. “Frapper la synagogue pour marquer les esprits ? Le samedi, elle est fermée… Les chaussures trop petites ? Pourtant, il a d’autres paires. Et on peut continuer comme cela longtemps”, estime-t-il.

L’avocat d’Annie Adam, la mère d’Alexandre Strens, s’interroge ensuite sur la théorie de Me Courtoy selon laquelle Mehdi Nemmouche a été embrigadé par les services secrets libanais et iraniens pour infiltrer l’État Islamique. “Il est resté un jour et demi à Londres et à Beyrouth. C’est court”, ironise-t-il, avant de pointer le fait que pour rejoindre ces fameux services secrets, il faut de nombreuses conditions que Mehdi Nemmouche ne répond pas. “Ce sont donc des chiites qui demandent à un salafiste radicalisé d’aller dans un premier temps tuer d’autres chiites pour ensuite revenir en Europe et participer, de près ou de loin, à un attentat terroriste”, résume Me Dalne. “Et près d’un an plus tard, on va lui payer un beau voyage en Asie. On ne sait pas trop ce qu’il va y faire. Et il va revenir par Francfort. Et puis, plus rien… On n’a pas eu la suite de votre scénario hollywoodien, Me Courtoy”, dit-il encore.

10h02 – “Déchaînement haineux”

Me Dalne salue “l’imagination” de Me Courtoy, l’avocat de Mehdi Nemmouche, et dénonce son manque de “respect dont nous devons faire preuve dans notre métier”. Il cite ensuite toutes les “marques d’irrespect” de Me Courtoy : “branquignole”, “clown”… “Je n’ai jamais vu en trente ans de carrière un tel déchaînement haineux”, lance-t-il. Il estime qu’aucune preuve n’a été dévoilée lors de la plaidoirie de Me Courtoy. “Tout ce que vous avez pointé comme coïncidence n’est corroboré par aucun élément du dossier“, explique Me Dalne.

9h57 – L’audience reprend

Après la lecture des questions, l’audience reprend désormais. La présidente précise au jury qu’elle expliquera en détails les questions ce mardi.

C’est parti pour les répliques : Me Dalne se lance. “Me Courtoy, vous ne nous avez pas manqué, ce vendredi, par rapport à la plaidoirie de Me Blot”, tacle-t-il directement.

9h35 – Explications

La présidente de la cour d’assises donne également quelques éléments d’explications au jury. Quatre questions sont posées pour chaque victime, notamment sur les circonstances aggravantes d’assassinat à caractère terroriste.

Elle suspend désormais la séance durant une quinzaine de minutes pour permettre à toutes les parties et au jury de lire toutes ces questions.

9h30 – L’audience reprend

Suite notamment au retard de certains avocats, dont ceux de la défense, l’audience a repris avec une demi-heure de retard. Les répliques vont pouvoir commencer, et c’est visiblement Me Dalne, avocat de la mère d’Alexandre Strens, va débuter ces répliques.

La présidente de la cour d’assises de Bruxelles Laurence Massart distribue auparavant le projet de questions qui seront posées au jury. Elle va ensuite laisser un quart d’heure de lecture aux différentes parties pour leur permettre d’examiner ces questions.

9h00 – Répliques

Cette journée, qui sera la dernière des débats dans ce procès d’assises, est donc consacrée aux répliques. Ces répliques ne sont pas obligatoires et se doivent d’être courtes. Aucun élément neuf ne peut être apporté durant ces réponses aux éléments des plaidoiries des différentes parties. On arrive donc à la fin de ces deux mois de procès : le verdict est attendu pour ce jeudi, et la peine éventuelle pour ce vendredi.

Grégory Ienco avec C.T.Q. et Belga – Photos : Belga