Procès de l’attentat du Musée juif : la grand-mère de Mehdi Nemmouche “ne pardonne pas” ses actes

La phase de l’instruction d’audience du procès de l’attentat du Musée juif s’est terminée ce vendredi devant la cour d’assises de Bruxelles, avec l’audition des derniers témoins.

La cour a entendu ce vendredi le docteur Jean-Paul Beine, expert psychiatre. Ce dernier a fait rapport de l’entretien qu’il a eu avec Nacer Bendrer, début 2016. L’expert psychiatre qui avait été désigné pour examiner Mehdi Nemmouche, lui, n’était pas présent. Et pour cause, le rapport de cet expert ne contient pratiquement aucune information, Mehdi Nemmouche ayant refusé de s’entretenir avec lui.

Concernant Nacer Bendrer, ce dernier ne présente aucun trouble psychique, explique le Dr Beine. Il a une personnalité “normale” et est plutôt dans l’action que dans la réflexion. Son adhésion à l’examen était limitée, il était peu enclin à se livrer et n’a pas fait de grandes révélations sur lui, a témoigné le psychiatre. Nacer Bendrer présente une personnalité “adaptée à la réalité”, mais un “état limite” qui se caractérise par un manque de maturité, selon l’expert, qui décrit son intelligence comme “ordinaire”. Il est capable de mots d’esprit et de plaisanteries, a constaté le témoin. Quant aux faits, le co-accusé a simplement nié ce qu’on lui reproche, à savoir d’avoir fourni des armes à Mehdi Nemmouche. Il a reconnu être un délinquant, “seul trait de personnalité un peu original”, a commenté l’expert, mais nié être lié à des milieux terroristes ou être radicalisé. Le Marseillais ne tient pas compte d’autrui pour satisfaire ses désirs, mais “ce n’est ni un malade mental ni un fou furieux”, a conclu l’expert.

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“La prison l’a changé”

La cour devait également entendre vendredi plusieurs membres de la famille de Mehdi Nemmouche et de Nacer Bendrer. Néanmoins, plusieurs d’entre eux ont déjà envoyé à la cour des certificats médicaux les déclarant inaptes à témoigner devant une cour d’assises. Les différentes parties ont notamment renoncé à entendre les auditions de la tante et de la grand-mère de Mehdi Nemmouche, et la présidente de la cour d’assises a donc lu leurs précédentes auditions, incluses dans le dossier.

À sa sortie de prison en décembre 2012, l’accusé avait changé au niveau religieux, selon sa tante, qui s’est occupée de lui dès son plus jeune âge avec sa mère, soit la grand-mère qu’il dit protéger par son silence devant les enquêteurs et la cour. Il portait la barbe, souvent une djellaba et priait cinq fois par jour, mais il ne tenait jamais de discours haineux, avait-elle précisé.

Au printemps 2013, Mehdi Nemmouche a appelé sa tante pour lui dire qu’il était en Turquie. Elle a alors compris qu’il se rendait en Syrie, d’où il l’a encore contactée régulièrement. Elle ne savait pas ce qu’il allait y faire mais s’en est doutée en voyant des reportages. “Je pense qu’il a eu un lavage de cerveau parce qu’il a eu un manque d’amour”, estime sa tante, qui affirme qu’il a été maltraité dans la famille d’accueil où il a passé une dizaine d’années et qu’il en voulait pour cela à sa mère.

“Ce qu’il a fait est un déshonneur et une honte”

La grand-mère de Mehdi Nemmouche, chez laquelle l’accusé a vécu de 16 à 21 ans, a “fondu en larmes” lorsqu’elle a appris que son petit-fils était suspecté d’avoir commis l’attentat au Musée juif de Belgique. “J’ai failli m’évanouir. Pas pour lui mais pour les victimes”, a-t-elle dit aux enquêteurs. “Ce qu’il a fait est un déshonneur, une honte pour moi et ma famille. Je le renie”, s’était-elle exclamée en juin 2014.

Mehdi Nemmouche a été placé à l’âge de six mois, sa mère ne pouvant s’occuper de lui. Enfant, il était “gentil et respectueux”, souligne la grand-mère. Mais “il gardait tout pour lui”. Elle pense que Mehdi Nemmouche “faisait un complexe d’infériorité parce qu’il n’avait pas de parents”.

Lors de la période où l’accusé vivait chez elle, Mehdi Nemmouche a été incarcéré deux fois, explique la grand-mère. Au terme de la seconde fois, il est parti vivre ailleurs. À sa libération de prison en 2012, il a résidé chez elle trois semaines. “Il portait la barbe, il avait changé de vêtements et de comportement. Il faisait sa prière”, détaille-t-elle. “Je lui ai demandé comment il pouvait faire la prière alors qu’il avait commis des bêtises. Il m’a répondu que ce n’était pas grave.”

La grand-mère explique qu’elle était proche de son petit-fils, qu’elle considérait être un “bon garçon”. Lorsqu’elle a appris les faits dont il est accusé, elle a été “surprise. Je me suis sentie trahie. Toute la famille a encore du mal à y croire. Pour nous, il a sali notre nom de famille”. Elle conclut son témoignage en disant qu’elle reprochait à son petit-fils “ce qu’il avait fait. Je ne peux pas lui pardonner et je ne peux pas pardonner à ceux qui lui ont pollué la tête”.

Un ami : “Il voulait aller faire le djihad en Syrie”

Imed Hassani, un ami de Mehdi Nemmouche, dont la compagne avait été entendue par la cour jeudi de la semaine passée, ne s’est pas non plus présenté. Il ressort de ses auditions par les enquêteurs qu’il a été surpris par le fait que l’accusé s’était plongé dans la religion lors de son séjour en prison. Il avait été interpellé, lorsqu’il a été le chercher à sa sortie en 2012, de le voir crier “Allahu Akbar”. Mehdi Nemmouche a peu après expliqué à son ami qu’il voulait aller faire le djihad en Syrie, pour imposer un État islamique et la charia. Sur place, l’accusé a appelé le témoin pour lui raconter ce qu’il vivait, notamment qu’il se trouvait d’abord dans un groupe qui ne lui plaisait pas et que nombre de ses camarades avaient été tués. Son ami lui avait conseillé de rentrer.

Invité à consulter les images de vidéo-surveillance du Musée juif, le témoin dit qu’il pourrait reconnaître Mehdi Nemmouche, qu’il y a une ressemblance, notamment de profil, mais qu’il n’est “pas sûr à 100%”. Avant de partir en Syrie, l’accusé n’était “pas du tout dans le terrorisme”, selon son ami. “Je ne l’aurais jamais cru capable de faire ça, je ne comprends pas comment quelqu’un d’une telle intelligence a pu commettre un acte pareil. C’est un acte ignoble et lâche”, avait-il dit.

“Cela ressemble peu à Mehdi”

Les parents d’accueil de Mehdi Nemmouche ne se sont pas non plus présentés vendredi au procès. Leurs déclarations aux enquêteurs ont donc été lues devant la cour d’assises. L’accusé est arrivé chez eux à l’âge de trois mois, sa mère, âgée de 27 ans à l’époque, n’ayant pas la maturité suffisante pour s’en occuper. Au début, elle venait encore tous les deux ou trois mois, puis les visites se sont espacées, avait rapporté la mère d’accueil. La mère de Mehdi Nemmouche l’a cependant repris à un an, avant de le ramener neuf mois plus tard. Il était alors dans un état déplorable, effrayé, il hurlait tout le temps et refusait qu’on le touche.

Mehdi Nemmouche était “comme l’un de mes enfants”, avait témoigné de son côté le père d’accueil. “Il était considéré comme le chouchou de la famille.” À partir de ses dix ans, il est allé passer un week-end par mois chez ses grands-parents. “Il était réticent. Il est revenu un jour en pleurant après avoir été circoncis. Il était révolté contre sa famille et lui-même, il se sentait perdu et se cognait lui-même après que l’assistante sociale lui a interdit de nous appeler ‘papa et maman'”, avait expliqué la mère d’accueil. La famille biologique de Mehdi Nemmouche conteste cette version. “Selon sa tante, il était maltraité dans sa famille d’accueil. Et selon sa grand-mère, il était content de venir et pleurait en partant de chez elle”, a souligné Me Laquay, conseil de l’accusé.

À partir du lycée, Mehdi Nemmouche n’a “plus reconnu aucune autorité” et a été placé en orphelinat après plusieurs faits. “Il était rusé et commettait des vols en tous genres (…) Après son incarcération pour avoir braqué des personnes âgées avec un pistolet à bille, nous n’avons pas pu le récupérer et il est allé chez ses grands-parents”, avait indiqué le témoin, précisant qu’elle ne l’avait jamais entendu parler de religion. Le couple de parents adoptifs a pour la dernière fois vu l’accusé lorsqu’il leur a rendu visite alors qu’il avait 18 ans. Le père d’accueil a conclu que Mehdi Nemmouche était “un gentil garçon” mais qu’il ne le “reconnait plus”. “Il n’a plus rien à voir” avec l’enfant qu’il a connu.

Nacer Bendrer “n’a rien à voir avec cette histoire”

Nacer Bendrer “n’a rien à voir avec cette histoire”, a témoigné de son côté sa mère, venue pour sa part devant la cour d’assises de Bruxelles. “Je souhaite que mon fils sorte de cette histoire (…) et que ceux qui ont fait ça paient.” Elle le décrit comme quelqu’un de “dynamique, qui aime sortir, aller au cinéma ou au restaurant. Il aime la vie”, a témoigné sa mère, très émue, devant la cour d’assises. L’aîné de la famille a une attitude protectrice envers ses frères et sœurs. “Il leur faisait beaucoup la morale”, a-t-elle pointé.

La mère de l’accusé ignorait qu’il gardait des armes dans un appartement. Elle ne l’a jamais vu avec une arme et il n’en a jamais ramené au domicile familial, où il résidait. Lorsqu’il est sorti en 2011 de la prison de Salon-de-Provence, où il avait rencontré Mehdi Nemmouche, “il n’avait pas changé. Il était normal et faisait sa vie”.

La mère a encore décrit son fils, qui l’a écoutée un peu ému, comme quelqu’un de “dur mais très respectueux et serviable. Il est toujours là (pour aider, ndlr). Il est sociable, ce n’est pas un sauvage. Il est un peu renfermé mais rigolo”. Elle a ajouté que Nacer Bendrer lui “manquait beaucoup ainsi qu’à ses frères et sœurs”. “C’est très difficile de le voir ici”, a-t-elle dit, ajoutant que l’accusé refusait qu’elle vienne lui rendre visite en prison. Elle souhaite pour son fils qu’il se marie et ait des enfants.

Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer sont accusés devant la cour d’assises de Bruxelles d’être auteur et co-auteur de l’attentat commis au Musée juif de Belgique le 24 mai 2014. L’attentat avait fait quatre morts : un couple d’Israéliens en voyage à Bruxelles, Emmanuel et Miriam Riva, un employé du Musée juif, Alexandre Strens, et une bénévole du musée, Dominique Sabrier.

■ Duplex de Camille Tang Quynh et Charles Carpreau.

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13h10 – Programme

Comme attendu, les plaidoiries dureront deux semaines (avec congé les vendredi 22 et mercredi 27). Les parties civiles seront entendues en plaidoiries durant quatre jour du lundi 18 au jeudi 21 février. Place au réquisitoire du ministère public les lundi 25 et mardi 26 février. Puis les défenses de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer les jeudi 28 février et vendredi 1er mars.

Les répliques auront lieu le lundi 4 mars, avant les délibérés dès le mardi 5 mars. L’audience de ce vendredi se termine sur ces débats. La reprise est prévue ce lundi à 9h00.

13h02 – Mohamed Bendrer

Le frère de Nacer Bendrer n’est pas présent mais aucune audition n’a été réalisée. Les parties renoncent à son audition. On va donc passer au programme des plaidoiries.

12h59 – Commentaires

Me Laquay, avocat de Mehdi Nemmouche, fait un commentaire suite à ces auditions des témoins de moralité. Il pointe le fait que la tante et la grand-mère de Mehdi Nemmouche affirment que l’accusé “en a bavé” lors de son enfance en famille d’accueil.

Me Courtoy, l’autre conseil de l’accusé, réaffirme l’innocence de son client et revient sur la personnalité de Mehdi Nemmouche. Il affirme que hors des anciens otages en Syrie, tout le monde décrit une personnalité “totalement à l’opposé” de celle d’un “pervers narcissique qui voulait devenir une personnalité”. Et il revient encore sur le fait que “130 témoins ont été demandés” par la défense de Mehdi Nemmouche mais que bon nombre ont été refusés. “Peut-être que ça se serait passé différemment. Le parquet est totalement passé à côté de son enquête”, affirme-t-il encore.

12h55 – Soupçons

Mohamed Nemmouche explique qu’il avait des soupçons que Mehdi Nemmouche était parti en Syrie ou du moins à l’étranger, mais il n’a jamais eu de confirmation.

12h54 – “Grand frère”

Mohamed Nemmouche explique qu’il ne voyait pas souvent Mehdi Nemmouche. Ils parlaient surtout de basket dans leur adolescence et ont un peu joué ensemble. Il ne connaît pas beaucoup ce qu’il s’est passé les années précédentes. Son oncle affirme qu’il a “visiblement rencontré des gens qu’il ne fallait pas” après ses 16 ans. “J’ai surtout joué le rôle de grand frère, j’essayais de le canaliser. Mais je suis tombé gravement malade et j’avais du mal à le surveiller”, dit-il. “J’ai alors appris qu’il avait fait des plus grosses bêtises et qu’il avait fini en prison. Je n’ai jamais été le voir en prison car j’étais toujours gravement malade”.

12h50 – Mohamed Nemmouche

Mohamed Nemmouche, oncle de Mehdi Nemmouche, n’est pas non plus venu et dispose d’un certificat médical. On passe donc à la lecture de son audition du 4 juin 2014. Il a appris l’arrestation de Mehdi Nemmouche via l’appel d’un journaliste. “Pour moi, c’était impossible. J’ai remarqué des journalistes devant chez moi qui filmaient les alentours”, explique-t-il. “Une de mes sœurs m’a ensuite appelé à ce sujet et m’a confirmé les faits”.

12h47 – “Il avait changé”

Aicha Nemmouche confirme qu’il n’a jamais voulu leur dire pourquoi il avait été incarcéré, et qu’il avait apparu changé à son retour de prison en 2012 : “Il portait une barbe et faisait ses prières”, dit-elle.

Elle explique encore avoir appris que Mehdi Nemmouche était en Syrie via sa sœur Danièle. Il est réapparu en mars 2014, rapporte-t-elle, mais “il n’a pas voulu parler de la Syrie”. Elle explique finalement ne plus avoir eu de nouvelles jusqu’aux faits. Elle confie enfin ne pas avoir conservé sa puce avec laquelle elle avait des contacts téléphoniques avec Mehdi Nemmouche, en raison d’appels incessants de journalistes.

12h43 – Aicha Nemmouche

Aicha Nemmouche, une autre tante de Mehdi Nemmouche, a également déposé un certificat médical à cause d’un stress et d’une dépression liés aux faits. Elle a été entendue une fois en juin 2014, après avoir appris l’arrestation de son neveu, et le lien avec l’attentat du Musée juif. C’est elle qui a ensuite annoncé les faits à la grand-mère de Mehdi Nemmouche.

Elle revient une nouvelle fois sur l’enfance de Mehdi Nemmouche : “Nous n’avions que peu de souvenirs de lui. Nous avions des nouvelles grâce à sa mère”. Elle dit que Mehdi Nemmouche devait être “perturbé” en raison de ses liens familiaux et de son placement dans une autre famille. Elle affirme que c’est Mehdi qui voulait venir chez sa grand-mère tous les week-end.

12h37 – Famille et amis

Le père d’accueil explique qu’il n’acceptait pas les comportements des autres membres de sa famille, comme son oncle. “Il revenait à chaque fois perturbé”, dit-il. Il dit également qu’il a perdu de vue ses amis d’enfance. Mais il confirme ne plus avoir eu de contacts avec Mehdi Nemmouche depuis ses 17 ans, et n’a vu l’accusé depuis.

Il rapporte encore qu’il n’a jamais été violent avec sa famille. Il déclare toutefois qu’il avait l’air plus nerveux après ses premières fréquentations avec son oncle.

12h32 – Père d’accueil

Gilbert Vasseur, le mari de Nicole Routier, n’est pas non plus présente à la cour d’assises. On passe à la lecture de sa seule audition par la police. Il rapporte les mêmes faits que sa compagne. “La dernière fois que je l’ai vu, ce devait être à 17 ans, avant qu’il parte en prison pour un braquage avec un pistolet à billes”, dit-il.

“Il continuait à nous appeler papa et maman”, dit-il. “Il était parfois un peu brutal, mais il était le plus souvent gentil et souriant. (…) Il en voulait à sa mère de ne pas s’être occupée de lui”.

12h29 – Mehdi Nemmouche

Comme lors des lectures des témoignages de sa tante et de sa grand-mère, Mehdi Nemmouche ne réagit quasiment pas dans le box des accusés. Il reste la tête basse, le regard porté vers le sol.

Lors de l’audition, la mère d’accueil de Mehdi Nemmouche confirme pour sa part qu’elle n’a jamais parlé de religion avec Mehdi Nemmouche. “Il m’a juste dit qu’un de ses oncles était parti en Arabie Saoudite pour devenir imam”, explique-t-elle. Les lectures de ses auditions sont terminées.

12h25 – “Je ne suis personne”

Nicole Routier explique qu’elle n’a jamais connu des violences de Mehdi Nemmouche envers d’autres personnes, mais confie qu’il a connu des crises et déchirait parfois ses vêtements.

“Je ne suis personne”, disait-il quand il était chagriné après ses 10 ans, ajoute encore sa mère d’accueil. “Il avait un très bon niveau à l’accueil puis il a saboté ses études”, continue-t-elle.

12h22 – “Je n’arrive pas à croire”

“Je n’arrive pas à croire que c’est lui. Cela lui ressemble peu, surtout de tels agissements de sang-froid”, conclut-elle lors de cette première audition.

Nicole Routier est encore entendue en mars 2016. Elle raconte à nouveau l’enfance de Mehdi Nemmouche avec d’autres détails.

12h20 – Prison

Nicole Routier explique qu’il ne souhaitait suivre aucune autorité et a été interpellé à l’âge de 12 ans pour un vol de voiture. Il a également été inquiété pour des vols de scooters dans son adolescence. “Il a braqué deux personnes âgées avec un pistolet à billes à l’âge de 16 ans”, explique sa mère d’accueil. “Il semblait avoir trouvé une certaine autorité en prison ensuite”, dit-elle.

Nicole Routier explique qu’elle a encore eu contact avec Mehdi Nemmouche en 2003, quand il avait 18 ans. Elle n’a ensuite plus eu de contact avant 2009 : il lui avait dit qu’il s’était engagé dans la légion étrangère depuis trois ans. “Il semblait content de son sort et d’avoir trouvé sa place”, explique sa mère d’accueil.

12h17 – “Sans identité”

Nicole Routier décrit l’enfance de Mehdi Nemmouche. Elle explique que l’accusé est resté avec sa mère biologique lors de sa deuxième année, avant d’être rendu à Nicole Routier. “Il n’avait pas de traces de coups mais il était effrayé. Il ne voulait pas qu’on le touche pendant une semaine”, dit-elle.

Elle décrit une bonne scolarité de Mehdi Nemmouche, entre ses 4 et 10 ans. “Il faisait du sport, lisait et jouait aux Lego”, dit-elle. “Seul sa mère prenait des nouvelles”.

Mehdi Nemmouche a revu ses grand-parents un week-end par mois à partir de ses 10 ans. “Il était réticent à y aller”, dit Nicole Routier. “Il était toujours en révolte contre sa famille et contre lui-même”. Elle évoque également le fait qu’il a été circoncis durant un de ces week-end. Nicole Routier affirme également qu’il a changé quand une assistante sociale lui a dit de ne plus appeler Nicole Routier et son mari, “papa et maman”. “Il se sentait sans identité”, dit-elle.

12h12 – La mère d’accueil de Mehdi Nemmouche

Nicole Routier, mère d’accueil de Mehdi Nemmouche, affirme qu’elle ne peut se rendre à Bruxelles. La présidente de la cour d’assises lit donc son audition, qui date de juin 2014. Elle s’est présentée à la police d’elle-même suite à l’arrestation de Mehdi Nemmouche.

Elle a recueilli Mehdi Nemmouche à l’âge de 3 mois, en tant qu’assistante maternelle. “Elle n’était pas mûre pour s’occuper de son enfant”, explique Nicole Routier par rapport à la mère biologique de Mehdi Nemmouche. “Elle me disait qu’elle se sentait rejeté par sa mère. Je la percevais comme une gamine. Elle était plus un enfant qu’une mère”.

12h09 – Commentaires

Comme à l’accoutumée, Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, fait un commentaire. Il redit que Nacer Bendrer est innocent et qu’il “(le prouvera) lors de (sa) plaidoirie”.

Il revient aussi sur le fait que la mère de Mehdi Nemmouche n’est pas présente parce qu’elle “ne (s’est) pas occupée de lui”. Il appuie le côté “renfermé” de son client. “On aurait pu vous prendre par les émotions avec la grand-mère de Mehdi Nemmouche. Mais on ne l’a pas fait”, dit-il. “Il veut protéger sa grand-mère. Et je le redis : M. Nemmouche n’a jamais eu de relation affectueuse ou amoureuse. Car il a peur d’être abandonné”.

12h05 – “Pas changé”

La mère de Nacer Bendrer explique que son fils ne semblait pas “changé” après sa sortie de prison de Salon-de-Provence. Elle dit qu’elle n’a pas été le voir en prison car Nacer Bendrer ne voulait pas. Mais l’un de ses frères y allait souvent.

“Je souhaite que son fils sorte de cette histoire. Parce qu’il n’a rien à voir dans cette histoire. Je souhaite de tout mon coeur que celui qui a fait ça le paye. C’est malheureux que des gens sont morts”, explique Djamila Zoubidi.

Son témoignage se termine ici, les parties ne posent pas de questions.

12h03 – “Il nous manque”

La mère de Nacer Bendrer confie qu’à l’époque, il vivait chez elle et la rassurait s’il sortait longtemps. Elle dit toutefois ignorer le fait qu’il aurait gardé des armes. “Il n’a jamais ramené d’arme, je ne l’ai jamais vu avec une arme”, dit-elle.

Elle confie qu’elle ne savait pas dès le début que Nacer Bendrer sortait avec sa compagne actuelle, mais elle l’a su au fil des semaines. “Je suis content pour lui”, explique-t-elle. Elle décrit encore un garçon “serviable, respectueux, sociable”. “Il n’est pas sauvage. Il est un peu renfermé mais il est rigolo”, dit-elle. “Il nous manque beaucoup”.

12h00 – “Une famille”

La mère de Nacer Bendrer décrit un enfant “dynamique, qui est très bien”. “Il aime sortir, il aime la vie”, dit-elle. “À la maison, cela se passe très bien avec ses frères. Il leur fait beaucoup la morale”, explique-t-elle. “Il a eu un passé en prison, il leur disait qu’il avait payé sa dette et voulait désormais se marier, faire des enfants, comme ses deux frères”.

“Je veux ça pour mon fils : une famille. C’est très difficile de le voir ici“, dit Djamila Zoubidi.

11h57 – Djamila Zoubidi

La mère de Nacer Bendrer, Djamila Zoubidi, est pour sa part présente et est désormais entendue. Elle confirme qu’il est né d’un autre père que son frère, deux ans plus jeune. Mais Mohamed Bendrer l’a adopté et porte donc le nom de Bendrer.

11h52 – Commentaires (bis)

Me Hirsch revient encore sur les chaussures Asics retrouvées sur Mehdi Nemmouche, et les traces de semelle retrouvées sur les sacs poubelles de la vidéo de revendication. L’avocate explique qu’Imed Hassani a bien été cherché ces chaussures chez Decathlon, à la demande de Mehdi Nemmouche.

Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, affirme encore qu’il dévoilera “une preuve capitale” plus tard à ce sujet. Il réplique encore sur des détails évoqués par l’accusation. Enfin, il revient sur une photo qu’il juge “truquée” par la police, et qui a été présentée à Imed Hassani.

Enfin, il affirme que les proches de Mehdi Nemmouche ont dû faire face à “des enquêteurs qui jugent Mehdi Nemmouche coupable”.

11h42 – Commentaires

On passe aux commentaires de l’audition d’Imed Hassani. Me Jacques, avocate du CCOJB, revient sur la chronologie des rencontres entre Mehdi Nemmouche et Imed Hassani et affirme que l’histoire du logement rapportée par l’ami de l’accusé date de 2012, soit avant le voyage de l’accusé en Syrie, et non après “comme l’ont affirmé les avocats de Mehdi Nemmouche”, dit le conseil du CCOJB.

Me Hirsch, l’autre avocate du CCOJB, revient encore sur le témoignage d’Imed Hassani concernant le voyage de Mehdi Nemmouche en Syrie. Elle pointe les combats rapportés par le témoin, et son appartenance à un groupe de combattants “français et belges à Alep”. Ce que les otages français, entendus la semaine dernière, ont rapporté devant la cour d’assises.

11h35 – L’audience reprend

Il reste encore six témoins à entendre ce vendredi. Mais comme indiqué, la plupart ont envoyé des certificats médicaux signifiant leur absence.

11h13 – Comportement

Imed Hassani explique que Mehdi Nemmouche ne buvait pas et ne fumait pas, et il sortait peu. “Quand il est sorti de prison, il portait la barbe et s’habillait de manière religieuse”, dit-il encore.

L’audience est suspendue le temps d’une pause demandée par le jury. Elle reprend dans une quinzaine de minutes.

11h08 – Attentat

Imed Hassani explique encore qu’il reconnaît, mais pas à 100%, Mehdi Nemmouche sur les images de vidéosurveillance qui lui ont été présentées. Il ne sait pas si Mehdi Nemmouche est capable de l’attentat du Musée juif. “À l’heure actuelle, la communauté musulmane n’avait pas besoin de ça. Peut-être Mehdi a-t-il été missionné pour cela. Avant la Syrie, il n’avait pas de pensée terroriste. Je ne vois pas comment une personne de son intelligence a pu commettre un tel acte”, dit son ami. “Pour moi, je ne l’aurais jamais cru capable de ça”. Il fait encore part de la lâcheté de Mehdi Nemmouche s’il a bien commis cet attentat.

11h05 – Syrie

Imed Hassani explique que Mehdi Nemmouche avait le projet de créer une librairie islamique ou de partir en Syrie. “Finalement, trois semaines après, il est parti en Syrie. De ce que j’en sais, il est parti depuis la Belgique”, dit-il. Il confie avoir eu des contacts téléphoniques par épisodes, et que Mehdi Nemmouche lui a confié se battre avec plusieurs groupes. Il a confié qu’il combattait avec un groupe “radical”. Imed Hassani lui a alors demandé de se ranger et de fonder une famille. Par la suite, il a été incarcéré et n’a plus eu de contact avec l’accusé.

Imed Hassani affirme que Mehdi Nemmouche pouvait “se contenter de peu de choses”, et ne s’inquiète donc pas du financement de son voyage en Syrie.

11h00 – Imed Hassani

Imed Hassani, compagnon de Laurie Stehle, a également déclaré son absence : il ne peut pas quitter la France sans autorisation. Ce proche de Mehdi Nemmouche confirme dans une précédente audition, présente dans le dossier, qu’il considérait “Mehdi Nemmouche comme un ami”.

Il explique que Mehdi Nemmouche lui a demandé des publications concernant la religion musulmane, et sur les persécutions que les musulmans ont subi dans l’histoire, alors que l’accusé était en prison dans le sud. “Dès sa sortie de prison, son comportement m’a surpris. Il a couru en criant ‘Allah Akbar’. Chez nous, il a également refusé d’entrer à la maison parce qu’on avait deux chiens. C’était une question de religion pour lui”, dit-il. “Il ne manquait aucune prière à la mosquée près de chez nous. Moi je n’étais pas très assidu.”

10h52 – “Honte”

« Il a dit qu’il ne voulait plus nous voir pour, soi-disant ne pas nous faire plus de mal », explique la grand-mère. « J’ai le sentiment qu’il a honte de ce qu’il a fait. J’ai pitié de lui et je lui envoie de l’argent. Je n’ai rien à lui dire : sa tête est polluée. (…) Une fois je l’ai appelé, je l’ai engueulé, et il a pleuré parce que j’ai pleuré. (…) Je ne pardonne pas ceux qui ont pollué la tête de Mehdi et je ne le pardonne pas ».

La lecture des auditions de la grand-mère de Mehdi Nemmouche se termine ici.

10h46 – Sport

« Je pense qu’il faisait un complexe d’infériorité parce qu’il n’avait pas de parents. Je pense qu’il faisait de la musculation pour compenser », dit la grand-mère de Mehdi Nemmouche à propos de son petit-fils. « Il était asthmatique mais il ne l’était plus quand il est parti dans le sud », dit-elle encore.

10h43 – Prières

« Moi, je faisais une prière normale, calmement. Lui faisait ses cinq prières par jour avec une tenue spéciale alors qu’il ne le faisait jamais avant. J’ai jeté sa tenue et je lui ai demandé comment il pouvait prier après toutes les bêtises qu’il avait faites. Il m’a dit que ce n’était pas grave », dit Reski Tassadit. Elle explique toutefois que Mehdi Nemmouche, rasé, avait bien changé fin 2013 mais qu’il ne faisait plus sa prière à l’époque.

10h40 – “Il a sali notre nom”

« Pour nous, il a sali notre nom de famille », dit la grand-mère de Mehdi Nemmouche. « Je ne suis pas allé le voir en prison. Pour moi, c’est la honte ».

10h35 – “Il me mentait”

Elle a été réentendue en mars 2016. Elle y raconte plus précisément la jeunesse de Mehdi Nemmouche. Elle voyait son petit-fils durant les week-end. Quant à son arrivée chez elle à 16 ans, elle explique qu’il était « très poli et gentil ». « Mais à 18 ans, il a fait un home-jacking et les policiers sont arrivés chez nous pour une perquisition. (…) Il gardait tout pour lui, il ne disait rien. Mais il me mentait après », dit la grand-mère.

Durant toutes ces lectures, Mehdi Nemmouche reste dans le box des accusés la tête basse, sans regarder le jury ou devant lui. Il ne laisse rien transparaître.

10h28 – La grand-mère de Mehdi Nemmouche

La grand-mère de Mehdi Nemmouche, Reski Tassadit, ne s’est pas non plus présentée à la cour d’assises. On va pas passer à la lecture de ses auditions. Habitant Tourcoing, elle a été interrogée en juin 2014. Elle explique avoir appris l’arrestation de son petit-fils à la télévision, après avoir été prévenu par l’une de ses filles : « J’ai pleuré, j’ai failli m’évanouir. Je n’ai pas pleuré pour lui mais pour les victimes. C’était le déshonneur, une honte. Je le renie ».

Elle explique que Mehdi Nemmouche faisait des bêtises en maison d’accueil, changeait tout le temps de famille et d’école. Il est arrivé chez sa grand-mère à 16 ans, et a passé son bac là-bas. « Il m’avait dit qu’il allait à l’université mais il me mentait et allait faire des choses avec des gens… Je ne sais pas qui il fréquentait mais j’ai découvert qu’il avait un sursis, des problèmes avec les policiers », dit-elle.

La grand-mère de l’accusé affirme qu’il a disparu en décembre 2012 avant de réapparaître fin 2013. « Il avait changé, il faisait ses prières alors qu’il ne les faisait jamais avant », explique-t-elle. « Il est resté une semaine chez moi, cinq nuits. Mais il me mentait, je le savais. Je lui avais demandé son passeport pour vérifier ses voyages, mais je n’ai rien trouvé dans ses affaires. »

10h21 – Pas de téléphone

Une autre audition de Danièle Nemmouche a eu lieu quelques jours plus tard. Les enquêteurs demandent notamment des précisions sur cet ami marocain qui vivait à Mouscron. « Il l’a connu en prison dans le sud, nous a-t-il dit », explique la tante de l’accusé. « Mais je ne l’ai jamais vu ».

Elle affirme encore qu’elle n’a jamais vu Mehdi Nemmouche avec un téléphone ou un ordinateur en décembre 2012. Elle dit encore que l’accusé, quand il était en Syrie, appelait à chaque fois avec un numéro différent et qu’il ne répondait plus à ces numéros par la suite.

10h15 – Mauvais traitements

Danièle Nemmouche affirme dans son audition que Mehdi Nemmouche lui avait dit qu’il « allait certainement ne plus donner de nouvelles durant deux à trois mois ». C’était juste avant son départ vers la Syrie.

Danièle Nemmouche ajoute qu’elle a toujours été proche de Mehdi. « Il a été placé à deux ans jusqu’à ses dix-sept ans. Mais il a été victime de mauvais traitements dans sa famille d’accueil. Il en a voulu à sa mère de l’avoir placé », confie sa tante.

Elle dit encore ignorer que Mehdi Nemmouche était parti au combat en Syrie, et qu’il ne donnait que peu de nouvelles.

10h12 – Retour

Danièle Nemmouche explique que Mehdi Nemmouche a passé trois semaines, un mois près de chez elle en décembre 2012. Il est ensuite parti sans rien dire, et a donné un contact téléphonique en Turquie en janvier. « Il m’a dit qu’il ne voulait plus rentrer en France, et que c’était désormais entre lui et Dieu », explique la tante. « Quand je l’ai vu, il faisait ses cinq prières quotidiennes, il portait une tenue traditionnelle et une barbe. La prison l’a changé ». Elle explique encore qu’un homme, de type marocain, l’a emmené dans une mosquée de la région juste après son retour de prison.

10h10 – Danièle, la tante de Mehdi Nemmouche

Danièle Nemmouche, la tante de Mehdi Nemmouche, a déposé un certificat médical et ne se présentera pour une audition devant la cour d’assises. Les parties acceptent de ne pas l’entendre, et la cour lit donc les auditions de cette femme proche de Mehdi Nemmouche, comme le veut la procédure.

10h08 – Plaidoirie

Me Courtoy précise par rapport à cette audition qu’un élément sera « exposé lors de la plaidoirie ». Encore une fois.

10h06 – Eurolines

On passe aux autres auditions de la journée. Les parties renoncent à l’audition de Rajae Ayadel Alâm, employée d’Eurolines à Schaerbeek. La cour lit donc son audition réalisée dans le cadre de ce dossier, en 2014. Elle se souvient que deux hommes se sont présentés ensemble le 28 mai 2014 et l’un d’eux a demandé un billet pour Marseille le 28 mai 2014. Le bus était complet, et l’employée lui a donc proposé un billet le 29 mai 2014. Elle ne se souvient pas dans quelle langue ils ont conversé.

Elle décrit un homme aux cheveux frisés foncés, à l’allure normale, avec une peau basanée.

L’avocat général fait un commentaire sur cette audition. Il explique que les faits décrits par cette employée ne sont en fait pas ceux dévoilés par une caméra de surveillance, qui montre Mehdi Nemmouche achetant son billet. En effet, c’est bien Mehdi Nemmouche qui est vu s’adresser à l’employée. Or, selon l’employée, la personne qui s’est adressée à elle a acheté un billet pour une autre personne juste à côté d’elle. L’avocat général explique également que la vente se passe très rapidement et que la description ne correspond à celle de Nemmouche à l’époque. “Elle a visiblement expliqué les détails d’une autre vente”, estime l’avocat général, qui explique que c’est la défense de Mehdi Nemmouche qui a demandé cette audition.

9h59 – Pas d’expertise de Mehdi Nemmouche

Noury Mrabet, neuropsychiatre, a été mandaté pour réaliser une expertise psychiatrique de Mehdi Nemmouche en janvier 2016. Mais ce dernier a refusé toute discussion. Le neuropsychiatre confirme donc qu’il n’a pu réaliser cette expertise.

Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, fait un commentaire sur ce volet psychiatrique. “Chacun est libre de décider si ce type de rapport est pertinent ou non”, explique-t-il. “On doute qu’un homme puisse sonder la personnalité d’une personne en quarante minutes. (…) Les experts pensent d’ailleurs souvent que les personnes qu’ils sondent sont coupables. Cela nous semble un peu biaisés”. L’avocat relance encore le fait que la prison de Leuze “est un zoo”, et que Nacer Bendrer est bien innocent.

9h54 – Danger

Le procureur fédéral demande de préciser le fait que Nacer Bendrer n’est pas considéré “comme un danger social”, sur le plan mental. “Cela ne veut pas dire qu’il ne constitue pas un danger pour la société de par ses comportements ?”, demande le procureur. Le psychiatre confirme : “Nous ne faisons une analyse que sur le plan psychiatrique”, précise-t-il.

Les questions sont terminées, l’audition du psychiatre se termine. On va passer à la lecture de l’audition du psychiatre Noury Mrabet.

9h51 – Regrets ?

On passe aux questions du jury. Une jurée demande si Nacer Bendrer a exprimé des regrets par rapport à cette rencontre avec Mehdi Nemmouche. “Il a des regrets d’être entraîné dans ce genre d’affaire”, explique le psychiatre. “On n’a pas eu de regrets. Il n’a pas remis en question cette relation”.

9h49 – “Remise en question”

“Un suivi psycho-thérapeutique ne risque pas d’apporter beaucoup de changements à son état”, estiment encore les psychiatres, qui estiment que ce dernier a besoin d’une “remise en question”.

9h47 – Danger ?

Le psychiatre explique ainsi que cette personnalité semble proche d’une personnalité sociopathique, confirmant que Nacer Bendrer “ne semble parfois pas s’interroger sur les conséquences de ses actes sur les autres”.

“Il n’était pas dans un état de démence, de déséquilibre mental, qui le rend irresponsable de ses actes”, précise encore le psychiatre. “Son état mental ne le rend pas comme un danger social, hormis les délits qui lui sont reprochés”, ajoute-t-il. “Cela veut juste dire que son état ne nécessite pas de soins et que l’accusé ne doit pas être enfermé dans un établissement spécial”.

9h43 – “Une adaptation à la réalité”

Le psychiatre rappelle le travail de son confrère M. Mrabet, et explique qu’ils ne constatent pas de signes pathologiques qui signalerait une maladie mentale. Il ajoute que Nacer Bendrer a “une adaptation à la réalité”, même si sa collaboration a été “limitée”. “Son imaginaire n’est pas très riche”, confie-t-il.

“C’est quelqu’un qui n’est pas névrosé, mais il n’est pas psychotique non plus. Il sait reconnaître la réalité commune et vivre en son sein, mais avec cette façon particulière de privilégier ce qui est action plutôt que réflexion”, confie encore le psychiatre.

9h40 – Banalisation

Le psychiatre passe aux séjours en prison de Nacer Bendrer. L’accusé “banalise ses relations avec Mehdi Nemmouche”, raconte M. Beine. Le psychiatre précise que l’accusé ne voulait pas bénéficier d’un aménagement de peine et voulait aller jusqu’au bout de sa peine pour “être plus libéré”.

Le psychiatre parle “des hésitations” de Nacer Bendrer concernant cette histoire de fourniture d’armes à Mehdi Nemmouche. “C’est ce qu’il nous dit”, précise M. Beine.

9h35 – Bendrer nie

Le psychiatre rappelle plusieurs fois que Nacer Bendrer nie les faits qui lui sont reprochés. Il rappelle toutefois qu’on ne cherche pas à obtenir des aveux durant cette expertise psychiatrique.

Le psychiatre explique encore que Nacer Bendrer réalise un résumé rapide de sa situation familiale : “C’est toujours fort résumé, que ce soit ses liens familiaux, son histoire personnelle…” L’accusé parle d’une “scolarité normale”, jusqu’à ses 18 ans. “Il a une intelligence ordinaire”, précise le psychiatre. Et après ses 18 ans, “il fait des bêtises”, mais il ne donne pas de détails sur ses délits. “J’ai fait des conneries, c’était la jeunesse”, dit l’accusé au psychiatre.

9h32 – “Délinquant”

Le psychiatre explique que deux rencontres ont eu lieu avec Nacer Bendrer début 2016, à Lantin et à Leuze. Il confie que l’accusé parle “de manière très succincte” de l’attentat. “Il va simplement reconnaître qu’il a rencontré Mehdi Nemmouche lors de l’une de ses incarcérations”, confie M. Beine, qui affirme que Nacer Bendrer parlait juste de “bêtises de jeunesse” quant à ses précédents faits qui l’ont mené en prison. “Il se lie de manière assez superficielle” avec Mehdi Nemmouche, dit le psychiatre.

Nacer Bendrer lance encore au psychiatre qu’il ne s’intéresse pas à tout ce qui tourne autour de l’islam radical. “Il rappelle plusieurs fois qu’il est un délinquant mais pour affirmer qu’il n’est pas lié à des activités terroristes”, estime-t-il. “Je suis un délinquant mais je n’ai pas fourni des armes pour des choses comme ça”, a dit l’accusé au psychiatre.

9h28 – “Normal”

Le psychiatre souligne qu’il a pu déterminer quelques traits de personnalité de Nacer Bendrer et estime qu’il est “normal”, même si l’accusé ne s’est pas “ouvert complètement” à l’expertise psychiatrique. “Cela peut être dû au contexte ou à sa personnalité”, explique le psychiatre, qui affirme que Nacer Bendrer est quelqu’un “plutôt enclin à agir plutôt qu’à réfléchir”. “Son adhésion à l’examen était limité, même s’il mettait un peu de bonne volonté et pouvait tenter de détendre l’atmosphère. Il faisait quelques mots d’esprit pendant l’examen”, explique encore M. Beine.

“Quand je lui ai demandé où il est né, Nacer Bendrer a expliqué qu’il venait de Marseille tout en ajoutant : ‘mais ça ne s’entend pas’, avec son accent du Midi”, dit le psychiatre.

9h25 – Pas de trouble psychique pour Bendrer

M. Beine explique qu’il a été mandaté avec le psychiatre Noury Mrabet dans le cadre de ce dossier de l’attentat du Musée juif. Il a été mandaté pour connaître l’état psychiatrique des accusés, afin de savoir s’ils connaissent des troubles mentaux qui pourraient mener à leur internement. Il est également demandé de juger leur personnalité.

M. Beine explique qu’il n’a fait qu’un état psychiatrique de Nacer Bendrer. Il confirme qu’il n’a aucun trouble psychique.

9h20 – Audience

La présidente de la cour d’assises annonce la reprise de l’audience. La journée peut enfin commencer. On débute par l’audition du psychiatre Jean-Paul Beine, qui a étudié le cas de Nacer Bendrer.

Pour rappel, Mehdi Nemmouche avait refusé l’expertise psychiatrique dans le cadre de ce dossier.

9h05 – Reprise

Le procès de l’attentat du Musée juif reprend ce vendredi avec les dernières auditions des psychiatres et des membres de la famille de Mehdi Nemmouche et de celle de Nacer Bendrer, les deux accusés. Toutefois, même si dix témoins sont programmés tout au long de la journée, il ne devrait y avoir que quelques personnes à la barre : les membres des familles des accusés ont déjà envoyé une pluie de certificats médicaux. On risque donc de n’entendre que leur audition incluse dans le dossier.

Grégory Ienco avec Belga – Photos : Belga