Vaccination contre le Covid-19 : la question du consentement des personnes qui ne peuvent pas s’exprimer

La première phase de vaccination est dédiée aux résidents des maisons de repos. Les centres et institutions qui s’occupent de personnes porteuses d’un handicap appellent à une vaccination rapide de celles-ci. Dans les deux cas, certains n’ont pas, ou n’ont plus, les facultés nécessaires pour prendre cette décision. Qui décide ? Quelle est la marge de manœuvre des résidences ? Tour d’horizon.

Dans les maisons de repos, le personnel encadrant et le médecin coordinateur ont préalablement fait le tour des résidents pour savoir s’ils souhaitaient ou non se faire vacciner. “On applique la loi sur les droits des patients” explique Vincent Frédéricq, secrétaire général de la Fédération des maisons de repos de Belgique “et on applique une échelle spécifique pour voir si la personne a les facultés pour décider.” Si c’est le cas, il s’agit d’abord d’une approbation orale. “Ensuite, le fait d’accepter le vaccin, en présentant son bras et en se laissant piquer, fait office de consentement” ajoute Vincent Frédéricq.

A la maison de repos Le Cinquantenaire, à Etterbeek, la direction se montre plus prudente. “C’est d’abord le résident qui choisit” précise Sabine Collard, la directrice “nous leur faisons signer à tous un document pour signifier s’il accepte ou non la vaccination. Imaginez que l’un d’eux décède des suites d’un choc anaphylactique, la famille pourrait se retourner contre nous. Il faut un document officiel qui précise la volonté du résident.

Personnes sous tutelles : consentement obligatoire 

Si le résident d’une maison de repos ou de soins n’a plus les facultés pour décider seul, le personnel encadrant se tourne vers la famille ou un administrateur de biens. Le médecin traitant du patient peut aussi prendre position et, à défaut, le médecin coordinateur de la résidence. “Tout est prévu dans la circulaire d’Iriscare” explique Vincent Frédéricq, secrétaire général de la Fédération des maisons de repos de Belgique. “Il existe un document de base que les maisons de repos peuvent télécharger.

Concernant les résidents, la campagne de vaccination fonctionne très bien. “On est dans des scores extrêmement satisfaisants” ajoute Vincent Frédéricq “là, où c’est plus pénible, c’est du côté du personnel. Une nouvelle campagne de sensibilisation va être lancée, une campagne en interne aussi au niveau de la Fédération des maisons de repos de Belgique, pour pousser le personnel à se faire vacciner. Sinon, on risque de se retrouver avec un niveau de couverture insuffisant.” Même constat à la résidence Le Cinquantenaire : “Seuls 25 à 30% de notre personnel a accepté de se faire vacciner, contre 90% de nos résidents” ajoute la directrice, Sabine Collard.

“On attend très, très fort le vaccin”

Dans le secteur des personnes porteuses de handicap, les responsables de centres et d’institutions sont pressés de voir arriver le vaccin anti-Covid. “Les personnes porteuses d’un handicap ont tellement souffert du confinement. Elles veulent retrouver des activités, rentrer dans leur famille ou retourner en institution. La demande est gigantesque” explique Marie-Luce Verbist, responsable de la Fondation Portray qui soutient le secteur et les familles. “Pour les personnes qui peuvent décider elles-mêmes, la famille, les encadrants doivent s’assurer qu’elle a bien compris l’enjeu. Il faut informer et rassurer si nécessaire.” Inclusion asbl a mis à la disposition de ceux qui le souhaitent des documents explicatifs sur la vaccination, facile à lire et à comprendre : https://www.inclusion-asbl.be/wp-content/uploads/2021/01/covid_vaccination-be_OK.pdf
https://www.inclusion-asbl.be/outils/est-ce-que-je-me-fais-vacciner/

Des mises en scène, sous forme de petites saynètes, pour expliquer la façon dont cela va se dérouler sont aussi organisées dans certaines institutions pour permettre à ce public plus sensible d’anticiper et de mieux se préparer. A Anderlecht, au centre Facere, centre de jour et d’hébergement pour adultes en situation de handicap, une réunion est prévue dans une semaine avec les résidents et le personnel pour informer au mieux. “Nous allons donner les informations par petits groupes, via des brochures réalisées par Iriscare” précise le médecin coordinateur du centre Roland Reygaerts. “La majorité de nos patients peuvent s’exprimer, et ils sont presque tous d’accord de se faire vacciner. Pour les autres, les documents de consentement ont été envoyés aux familles ou aux administrateurs. Nous n’avons pas encore reçu toutes les réponses, celles qui nous sont déjà revenues sont toutes positives.

Le FARRA, qui accueille dans ces deux centres de jours et son centre d’hébergement, à Saint-Josse et à Auderghem, des personnes porteuses de handicap de grande dépendance, fait pour l’instant ce même travail d’information, notamment à l’égard des familles qui doivent souvent décider pour les résidents. “Nous tentons de faire un document compréhensible par tous, qui ne demande pas des heures de lecture ou d’écoute sur internet et qui puisse être compris quel que soit le niveau social de la famille, sa langue…” nous dit Annick Segers, directrice du FARRA.

Pas de changement dans l’immédiat

Mais que ce soit en maisons de repos ou en centres d’accueil pour personnes porteuses d’un handicap, le vaccin ne va pas tout changer du jour au lendemain. “Il n’ y aura pas de retour à la vie normale” conclut Sabine Collard de la maison de repos le Cinquantenaire. “Il faudra aussi tenir compte des nouveaux entrants.” Même constat pour le Dr. Roland Reygaerts du centre Facere : “A court terme, rien ne va changer, distances sociales, visites, quarantaine après un retour en famille… Un peu décevant, vous vous faites vacciner mais ça ne changera rien pour vous.” Et Annick Segers du FARRA d’ajouter “ ça ne va pas changer grand-chose au niveau de la circulaire mais on espère quand même retrouver certaines activités, à l’arrêt depuis le 13 mars dernier.

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21 janvier 2021 - 18h01
Modifié le 21 janvier 2021 - 18h01