Logement : le loyer moyen a augmenté de 20% en 14 ans

Le logement en Région bruxelloise reste une question problématique. Si le nombre d’habitations suffisant par rapport au nombre de ménages, l’accessibilité n’est garantie que pour les plus hauts revenus. Certaines catégories de population se retrouvent donc captives d’un appartement dont le cadre de vie n’est pas optimal.

A Bruxelles, il existe 577.200 logements pour 547.679 ménages selon le dernier baromètre social bruxellois publié par l’Observatoire de la santé et du social. La demande est donc rencontrée même si ces dernières années, la croissance fut plus rapide du côté de la population que de la construction de logements. En plus, malgré les cellules communales et régionale de lutte contre les logements inoccupés, il est toujours très complexe de connaître exactement le nombre d’habitations non occupées. Selon les derniers recensements du Rassemblement pour le droit à l’habitat, on tournerait autour des 15.000 logements vides.

Autre particularité régionale: le nombre de locataires est plus important à Bruxelles que dans le reste du pays. On atteint les 60% contre 34% pour la Belgique. Et cette donnée varie aussi selon les communes. Ainsi, les locataires sont plus nombreux dans les communes de la première couronne.

Et ces locataires vivent souvent dans des conditions plus précaires avec un cadre de vie moins favorables ce qui entraîne également des problèmes de santé. Parmi les Bruxellois qui disent avoir du mal à joindre les deux bouts, 34% évoquent au moins un problème dans leur logement (chauffage, isolation, humidité, surpopulation) contre 11% pour les ménages déclarant facilement joindre les deux bouts.

Un loyer moyen de 738 euros

Entre 2004 et 2018, le montant du loyer a connu une augmentation de 20% si on ne tient pas compte de l’indexation alors qu’en parallèle, la superficie des appartements a diminué. Aujourd’hui, le loyer moyen est de 738 euros alors que le loyer médian est de 700 euros. Cela signifie que la moitié des locataires paient moins de 700 euros et l’autre moitié plus. Près de 90% des logements loués à Bruxelles sont des appartements, 80% ont moins de trois chambres. La moitié a une superficie de moins de 70m² et 25% une superficie de moins de 50m². Pour un studio, le loyer moyen s’élève à 461 euros.

Sans surprise, les loyers les moins élevés se trouvent dans la première couronne. Par contre, la différence entre les quartiers qui connaissent une importante rénovation comme à Saint-Gilles et certaines communes de la seconde couronne, s’estompent.  Les loyers des logements plus grands augmentent moins vites et ont même tendance à diminuer.

Des locataires captifs

Près de 50% des Bruxellois n’ont accès qu’à 4% du parc de logement si on considère que le loyer ne peut dépasser le quart du budget d’un ménage. Du coup, pour les locataires, changer de logement est souvent impossible. Le rapport de force n’est pas équitable et les listes d’attente pour obtenir un logement social ne font que croître.

En même temps, le pourcentage de logements sociaux n’augmente pas. Il est toujours de 7% en Région bruxelloise avec des disparités entre les communes. Celle ayant le plus de logements sociaux est Watermael-Boitsfort alors qu’Ixelles est au plus bas. Malgré les plans de construction, le nombre augmente très doucement voire même diminue puisque le nombre de logement social à rénover dépasse les constructions.

Au 31 décembre 2017, la société régionale du logement comptait 39.586 logements sociaux dont 36.014 loués et 3.572 vides. En même temps, au 31 décembre 2018, 45.987 ménages étaient sur liste d’attente soit 2.817 ménages en plus par rapport à l’année précédente.

Alors pour tenter de fournir un logement avec un loyer abordable, le gouvernement bruxellois en appelle au privé comme l’expliquait sur l’antenne de BX1+ la secrétaire d’Etat au Logement, Nawal Ben Hamou. La SLRB pourrait acheter clé sur porte des projets de logements sociaux construits par des promoteurs privés. Des mesures nouvelles comme des exonérations supplémentaires pourraient également les petits propriétaires de mettre leurs biens en location via une Agence immobilière sociale (AIS). Ce mécanisme qui garantit un loyer au propriétaire pendant 9 ans s’il accepte qu’il soit inférieur au barème du privé est le moins onéreux à mettre en place par les pouvoirs publics. Au 31 décembre 2018, les 23 AIS géraient 5.380 logements.

Vanessa Lhuillier – Photo: BX1