Déconfinement : les recommandations des experts ne rassurent pas tous les secteurs

Comment le déconfinement va-t-il s’organiser ? Ce mercredi, les 10 experts du groupe sur la stratégie de sortie de crise du Covid-19 (Gees) remettent un premier rapport au kern, le conseil des ministres restreint. Ce rapport reprend leurs recommandations pour une sortie de confinement. Le journal Le Soir a pu consulter ce document et en a dévoilé les grandes lignes. Les réactions ne se sont pas fait attendre.

Du côté de la Ligue des familles, on se questionne, et on insiste : la situation des parents doit être prise en compte dans la stratégie de sortie de confinement.

En effet, dans la dernière version du rapport que Le Soir a pu consulter, les experts proposent qu’à partir du 4 mai, certains secteurs non-essentiels reprennent leurs activités, en maintenant cependant le télétravail partout où c’est possible. Or, toujours selon les recommandations des experts, les écoles elles, ne rouvriraient que le 18 mai. “Que devraient alors faire les parents ?”, s’interroge le directeur général de la Ligue des familles, Christophe Cocu, dans un communiqué. “Mettre leurs enfants massivement en garderie, alors même qu’on leur explique que ces mêmes enfants ne peuvent pas encore retourner à l’école dans des conditions satisfaisantes ? Prendre un congé parental rémunéré seulement 765 euros par mois ? Financièrement, c’est impossible pour de nombreux ménages“, poursuit Christophe Cocu. Pour la Ligue des Familles, le Conseil national de sécurité (qui se positionnera vendredi sur ces recommandations) devra pouvoir apporter une solution aux familles.

La régionale bruxelloise de la FAPEO, la Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel, salue plutôt le fait que les écoles rouvrent leurs portes seulement dans un second temps. “Il faudra évidemment trouver des solutions de garde pour les élèves dont les parents reprendront le travail‘, pointe, elle aussi, la responsable de la section bruxelloise de la FAPEO, Véronique de Thier. “De nombreux parents d’élèves sont très inquiets. Il faut pouvoir les rassurer en apportant des éléments clairs”. Une communication et une marche à suivre précise, mise sur pied en concertation avec le secteur, c’est ce que Véronique de Thier attend du Conseil national de sécurité.

L’Horeca demande une date précise

En ce qui concerne les bars, restaurants et cafés, les experts préconisent qu’ils restent fermés durant les deux premières phases de sortie de confinement.

L’Horeca reprendrait du service dans une troisième phase de déconfinement qui reste encore à écrire. Pour l’instant, les experts ne prévoient donc pas de date précise pour la reprise du secteur, ce que déplore Fabian Hermans, administrateur de la Fédération Horeca Bruxelles. “Nous demandons une date claire, pour pouvoir nous organiser. La réouverture d’un établissement, ça ne s’improvise pas“, dit-il. Une réouverture la plus rapide possible, c’est évidemment ce que souhaite la fédération. “Ce qu’on attend surtout, c’est une certitude d’ouverture”, précise Fabian Hermans, “si c’est pour ouvrir maintenant et puis fermer à nouveau dans un mois, ce serait très problématique”.

Pour l’UCM, il faut des aménagements

L’Union des Classes Moyennes estime que les stratégies envisagées par les experts “discriminent” certaines entreprises.

Pour l’UCM, les balises placées pour déterminer la reprise graduelle de l’activité économique devront répondre à une nécessité sanitaire et ne pas discriminer certaines entreprises. “Les propositions mises sur la table par le groupe d’experts ne répondent pas à ces deux conditions”, indique l’organisation dans un communiqué.

Dans leur rapport, les experts proposent également la réouverture de certains commerces à partir du 4 mai, à condition de respecter les mesures de distanciation physique. Sont mentionnés : les magasins qui vendent du matériel nécessaire à la confection de masques, les vélocistes ou garagistes entre-autres.

“La réouverture des commerces, moyennant précautions, est une priorité dans les plans de déconfinement d’autres pays“, indique l’UCM. L’organisation assure que cela devrait être envisageable en Belgique étant donné que les commerces de détail indépendants ont déjà montré qu’ils étaient capables de respecter les règles de distanciation, comme les boulangeries ou boucheries qui sont restées ouvertes durant le confinement. L’UCM dénonce une “concurrence déloyale” des grandes surfaces, qui vendent majoritairement d’autres produits que ceux de première nécessité.

La construction, prête pour la reprise

De son côté, la Confédération de la construction se dit parée pour la reprise des activités. Une reprise qui, selon les experts, pourrait s’envisager dès le 4 mai. “La reprise sera en tout cas progressive, en gardant sans arrêt à l’esprit la santé de toutes les personnes actives sur les chantiers et dans les moyens de transport“, affirme Robert de Mûelenaere, administrateur délégué de la Confédération Construction, dans un communiqué. Selon une enquête de la Confédération, 79% des entreprises de construction qui ont dû suspendre leurs activités envisagent une reprise. Mais pour 2 entreprises sur 3, les règles de distanciations sociales (qui imposent notamment la distance d’un mètre et demi entre travailleurs) représentent le frein le plus important à une reprise des activités, indique encore le communiqué.

Rappelons cependant que toutes les pistes proposées par les 10 experts pour la sortie du confinement ne sont à ce stade que des recommandations. C’est au Conseil national de sécurité que revient la décision finale. Une décision attendue pour ce vendredi 24 avril.

Émilie Eickhoff – Photo : Belga

■ Reportage de Stéphanie Meyer, Émilie Eickhoff et Laurence Paciarelli.