Accident de trottinettes à Bruxelles : « Portez un casque et une combinaison adaptée »

Le Dr Ivan Berkenbaum, du service d’orthopédie aux hôpitaux Iris Sud, appelle à la prudence en hiver comme en été… surtout que les casques pliables existent.

Dans la salle d’attente de cet hôpital bruxellois, Jan, 15 ans, vient de faire une chute en trottinette. Le poignet est douloureux. Il ne portait pas de casque. Une scène très fréquente dans les hôpitaux et encore plus chez le docteur Ivan Berkenbaum, spécialiste en orthopédie, responsable du service d’orthopédie à Molière-Longchamps : « On fait partie d’un team médical commun sur les trois hôpitaux Iris Sud (avec Ixelles et Bracops). On travaille ensemble avec une garde 7 jours sur 7 qui se trouve sur notre site. »

A Bruxelles, suivant les saisons, on compte chaque mois entre cinq et trente admissions à l’hôpital selon les chiffres recueillis par Bruxelles Mobilité auprès de plusieurs hôpitaux de la Capitale. Selon cette enquête 13% des utilisateurs de trottinettes ont déjà connu un accident. Parmi ces derniers, 18% ont dû se rendre blessé à l’hôpital ou chez le médecin.

Sur le site de Molière, l’équipe médicale reçoit ces blessés des nouveaux moyens de mobilité : « On est le seul endroit à Bruxelles à avoir un tel service d’orthopédie tous les jours, week-end compris. Dans les autres hôpitaux de Bruxelles, le patient sera vu par un médecin mais pas nécessairement par un orthopédiste. Cela permet de réduire le temps de revalidation », ajoute le docteur Ivan Berkenbaum

Un an de recul

Voilà un an que ce nouveau service est en place :  “On a eu des blessés tous les week-ends… sauf évidemment quand nous avons dû le fermer au plus fort de la crise.”

Les accidents de trottinettes, il connaît : “Même en hiver, j’ai en une fois par jour. De l’égratignure à la fracture. En été, évidemment, c’est la période forte. Les petites chutes s’enchaînent : poignet, cheville, épaule… Ce n’est pas des blessures de ligaments croisés comme chez les sportifs. La tête n’est pas épargnée non plus… mais heureusement pas des fractures.”

Ces accidents concernent les trottinettes, les trottinettes électriques et les vélos électriques. “Les utilisateurs n’ont pas conscience qu’ils prennent de la vitesse avec les engins électriques. Les automobilistes oublient aussi qu’il s’agit d’usagers faibles. Enfin, les trottoirs ne sont pas toujours adaptés.”

Des Bruxellois de 15 à 70 ans

Il n’hésite pas à interpeller les utilisateurs : “Je crois que c’est une question de mœurs comme c’était le cas avant aux sports d’hiver où les gens ne portaient pas de casque en faisant du ski. Maintenant, la plupart en porte. Je le dis aux utilisateurs de trottinettes : soyez un peu plus malin et portez un casque. On voit des jeunes comme des vieux aux urgences de 15 à 70 ans. ”

Il donne des conseils clairs : “Les blessés, que l’on reçoit, ne sont pas équipés. Je ne comprends pas que le port du casque ne soit pas obligatoire en vélo ou en trottinette. Il existe même des vestes airbags bien faites. Les utilisateurs qui en portent ne ressemblent plus à des bonhommes Michelin. Je le dis : équipez-vous et utilisez-les dans ce type de transport.”

Attention aux utilisateurs occasionnels

Pour lui, les personnes les plus à risque sont les utilisateurs occasionnels. “Le 21 septembre, lors de la journée sans voiture, on a toujours un grand nombre de blessés qui montent une fois dans l’année sur leur vélo ou sur une trottinette ”conclut  le docteur Ivan Berkenbaum.

Le casque pliable existe

Son appel ne va pas être entendu pour l’instant comme le rappelle Benoit Godart, porte-parole institut Vias : « Le casque n’est toujours pas obligatoire. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas utile.  Pour ma part, je mets mon casque. »

Pourquoi alors ne pas le rendre obligatoire ? « Cela dissuaderait les utilisateurs de prendre des trottinettes pour des courts trajets… s’ils devaient transporter un casque en plus. Je tiens toutefois à préciser qu’il existe aujourd’hui des casques pliables pour les navetteurs qui voudraient s’en procurer. » À court terme, cette obligation ne risque pas d’arriver : « Cela doit se décider au niveau fédéral pour adapter le code de la route. Ce n’est pas une Région seule qui peut l’imposer. »

Selon l’étude récente de Vias, aucun des utilisateurs de trottinette électrique admis aux urgences d’un hôpital ne portait de casque au moment de l’accident. Vias préconise également le port du gilet fluo la nuit. L’institut souligne dans cette étude que sur 12 pays analysés, seuls deux ont rendu le port obligatoire pour les engins de déplacement motorisés.

En attendant que le code de la route change, portez le casque. Et quand vous l’enlevez, n’oubliez pas de remettre le masque… encore pour quelques mois.

V.Li. – Photo : Belga – Eric Lalmand