Violences envers les Rohingyas – La Chambre américaine des représentants accuse l’armée birmane de “génocide”

La Chambre américaine des représentants a adopté jeudi à une majorité écrasante une résolution qualifiant les violences commises par “l’armée et les forces de sécurité” birmanes contre les musulmans rohingyas de “génocide” et appelant à la libération de deux journalistes de Reuters. La chambre basse estime que “les atrocités commises contre les Rohingyas par l’armée et les forces de sécurité birmanes depuis août 2017 constituent des crimes contre l’humanité et un génocide”, proclame cette résolution approuvée par 394 voix pour et une seule contre.
Les élus républicains et démocrates appellent également le gouvernement birman à libérer les journalistes de l’agence Reuters, Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans, arrêtés lorsqu’ils travaillaient sur la mort en 2017 de dix Rohingyas.
Les Nations unies ont qualifié de “génocide” la répression contre cette minorité musulmane.
La Chambre des représentants exhorte, dans sa résolution, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, “à déterminer, sur les bases des preuves disponibles, si les actions de l’armée birmane dans (…) l’Etat de Rakhine représentent des crimes contre l’humanité, un génocide ou d’autres crimes reconnus par les lois internationales”.
Tous les responsables “doivent être recherchés, sanctionnés, arrêtés, poursuivis et punis en accord avec les lois et conventions internationales”, poursuit le texte.
Les Etats-Unis, par la voix du secrétaire d’Etat de l’époque, Rex Tillerson, avaient qualifié en novembre 2017 les violences contre les Rohingyas de “nettoyage ethnique”, avant de sanctionner en août quatre commandants et deux unités militaires de Birmanie pour leur implication.
Depuis, la diplomatie américaine continue d’examiner la situation pour décider s’il s’agit, ou non, d’un génocide. Mais le vice-président américain Mike Pence a dit mi-novembre à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, en marge d’un sommet asiatique, que les “violences et persécutions” contre les Rohingyas étaient “inexcusables”.
“Le fait d’avoir conclu à l’existence d’un nettoyage ethnique ne préjuge aucunement d’une nouvelle analyse potentielle sur l’existence d’atrocités de masse, y compris d’un génocide ou de crimes contre l’humanité”, a dit cette semaine le porte-parole adjoint du département d’Etat, Robert Palladino, devant la presse.
Près de 700.000 Rohingyas ont fui les violences de l’Etat de Rakhine, en Birmanie, depuis le lancement en août 2017 d’une offensive de l’armée birmane contre des rebelles musulmans. La Birmanie dément avec véhémence toute accusation de nettoyage ethnique, expliquant n’avoir fait que réagir aux attaques de rebelles musulmans.