Un premier concert retransmis en direct depuis chapelle Sixtine

La chapelle Sixtine, chef-d’oeuvre de la Renaissance, s’est ouverte dimanche un peu plus à la modernité avec son premier concert retransmis en direct sur internet, le “Stabat Mater” du compositeur écossais contemporain James MacMillan. Ce poème du XIIIe siècle sur la douleur de Marie au pied de la croix et la volonté des fidèles de participer à cette douleur a été mis en musique par les plus grands musiciens au cours des siècles: Pergolèse, Vivaldi, Rossini, Dvorák, Poulenc…

“On touche ici au coeur d’une mère dans l’angoisse, comme toutes les mères le sont, à travers les âges et à travers les pays, quand leurs enfants souffrent”, a expliqué le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster, à l’AFP. Sous les fresques de Michel-Ange, “on peut penser à sa Pietà (une sculpture représentant la Vierge avec le corps du Christ sur ses genoux, NDLR) en bas dans la basilique (Saint-Pierre) et écouter cette Pietà musicale”.

Et pour toucher un public plus large que les quelque 300 philanthropes, religieux et amis invités, le concert a été retransmis en direct en vidéo sur le site internet de la radio Classic FM.

Les musiciens et choristes britanniques sont arrivés au Vatican en bermuda et glace à la main pour les répétitions mais n’ont pas caché leur émotion en se retrouvant face à face avec les anges, démons, prophètes et apôtres peints par les maîtres de la Renaissance: Michel-Ange pour l’essentiel, Le Pérugin ou Botticelli pour les murs latéraux.

Ils étaient cependant un peu inquiets que la vaste voute résonne trop, “comme une salle de bain”, a reconnu la soprano Julie Cooper. Mais quand ils ont commencé à chanter, les murs sont venus leurs rappeler que leur acoustique est tout aussi légendaire que leurs fresques.

La chapelle Sixtine est aussi “un haut lieu musical où les compositeurs ont écrit pour la liturgie pendant des siècles, certaines des plus grands compositeurs de la civilisation occidentale: Palestrina, Allegri, Josquin…”, a rappelé M. MacMillan. “Cela donne beaucoup d’intensité et de puissance à la représentation”. Seul le ronronnement de l’imposant système de climatisation, indispensable pour préserver les fresques, est parfois venu perturber les silences.