Travailler autant que faire se peut, pour éviter l’effondrement de l’économie

Le gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch, souhaite que les Belges continuent à travailler dans la mesure du possible, afin d’atténuer l’impact de la crise sanitaire liée au coronavirus, expose-t-il dans une interview au Morgen publiée samedi. “Je sais que c’est un peu en contradiction avec le message ‘Restez chez vous’. Nous devons pourtant trouver un équilibre entre cette crise de santé publique et notre économie.” M. Wunsch met aussi en garde contre une forte croissance des primes et indemnités, tant pour les gens restant chez eux que pour ceux qui travaillent. “Nous ne devons pas donner des incitants aux gens pour qu’ils restent chez eux. Quant aux gens qui perçoivent encore leur salaire, ils n’ont pas besoin d’indemnités.” “Nous devons veiller à ce que les Régions, le Fédéral et les entreprises ne commencent pas à distribuer tous ensemble des primes car nous constaterons en fin de compte un phénomène de chevauchement dans ces primes et des lacunes dans nos instruments financiers”, poursuit Pierre Wunsch, coprésident de l’Economic Risk Management Group (ERMG), chargé d’évaluer l’ampleur des conséquences de la crise du coronavirus sur l’économie et le secteur financier. “Les mesures de soutien prises par les différentes autorités du pays sont à juste titre conditionnelles. Si nous commençons à donner de l’argent à tout le monde, aussi à des gens disposant de ressources confortables ou qui ne sont pas impactés, on n’est pas dans le bon.”

Pour le gouverneur de la BNB, la priorité de ces prochains jours est de trouver le bon équilibre entre la crise sanitaire et le maintien, dans la mesure du possible, de l’activité économique. “On estime qu’aujourd’hui, 30 à 40% de l’économie belge sont paralysés. Si on ne fait pas attention, nous courons le risque que toute notre économie s’effondre car il n’y a plus de personnel.”

Le chômage technique est indiqué dans un premier temps, selon M. Wunsch. Mais il faut penser au-delà. “Nous devons peut-être maintenant trouver une solution intermédiaire pour certaines personnes entre le travail pendant quelques jours et l’arrêt pendant les autres jours. C’est une des priorités ces prochaines semaines. Aujourd’hui, il y a déjà plusieurs entreprises qui pourraient travailler mais qui sont confrontées à un manque de personnel.”