Soirée pyjama chez les stars d’Hollywood pour des Emmy Awards sous le signe de la pandémie

Les stars des séries télé se préparaient dimanche à enfiler leur pyjama préféré en vue de la soirée des Emmy Awards, équivalent des Oscars pour le petit écran aux Etats-Unis, où les vainqueurs recevront cette année leur récompense à domicile, pandémie oblige. La 72e édition des Emmy Awards doit relever le pari d’un show 100% virtuel, avec l’humoriste Jimmy Kimmel seul aux commandes dans une salle de Los Angeles déserte, sans tapis rouge ni tenues de soirée clinquantes.
Pour cette édition sans précédent, des caméras ont été dépêchées à domicile auprès des quelque 130 candidats en lice, qui ont été invités à rivaliser d’inventivité dans leurs discours.
“Depuis des années, les scores d’audience sont en berne pour les cérémonies de remise de prix. C’est l’occasion ou jamais de changer la donne, de faire une cérémonie qui ne ressemble à aucune autre”, estime Libby Hill, spécialiste des prix télévisuels à la rédaction du site IndieWire.
“Même si dimanche soir s’avère être un désastre, au moins ce sera un désastre intéressant. Et c’est vraiment tout ce qu’on peut demander à 2020”, ajoute-t-elle.
La mini-série “Watchmen” part favorite avec 26 nominations dans sa catégorie, et son univers sombre et chaotique reflète à merveille l’ère du temps.
Axée autour du massacre de plusieurs centaines d’habitants noirs de la ville de Tulsa (Oklahoma) en 1921 par des émeutiers blancs, “Watchmen” plonge en effet au coeur des violences racistes et brutalités policières, des thèmes qui sont cruellement d’actualité aux Etats-Unis depuis la fin mai.
Avec l’arrêt de la série à succès “Game of Thrones”, elle aussi produite par HBO, la compétition s’annonce enfin plus ouverte cette année dans la catégorie des séries dramatiques.
“C’est une chance pour HBO d’avoir +Succession+ qui déboule au bon moment”, selon Pete Hammond, du site spécialisé Deadline.
Cette comédie noire mettant en scène les déchirements d’une puissante famille pour prendre le contrôle d’un empire médiatique avait remporté un Emmy Award pour sa première saison l’an dernier. Elle a été sélectionnée à 18 reprises cette fois-ci, à égalité avec la série “Ozark” produite par Netflix.
Le géant de la vidéo à la demande, qui a été sélectionné 160 fois cette année, attend toujours de décrocher un Emmy Award dans une catégorie majeure.
En embuscade, on trouvera dimanche “The Crown”, consacrée à la famille royale britannique, et “The Mandalorian”, première série tirée de l’univers de “Star Wars”, qui a déjà valu à la nouvelle plateforme Disney+ cinq Emmy Awards dans des catégories techniques décernées plus tôt dans la semaine.
Dans la catégorie des comédies, la série produite par Amazon “La Fabuleuse Mme Maisel”, mettant en scène une épouse juive bafouée qui se lance dans le stand-up à New York dans les années 1950, fait figure de favorite.
Parmi la centaine de nominations pour les acteurs et actrices, les artistes noirs représentent plus d’un tiers du contingent en 2020, un nouveau record.
La lutte contre le racisme devrait figurer en bonne place dimanche dans la cérémonie des Emmys, et on peut compter sur les stars d’Hollywood, souvent très militantes, pour ne pas épargner le président Donald Trump, en pleine campagne pour sa réélection. Elles devraient aussi rendre hommage à la défunte juge de la Cour suprême, Ruth Bader Ginsburg, icône de la gauche américaine décédée vendredi à l’âge de 87 ans.