Roumanie: accusé de corruption, l’homme fort de la gauche Liviu Dragnea face aux juges

Le chef des sociaux-démocrates au pouvoir en Roumanie, Liviu Dragnea, a démenti lundi les accusations de malversations pour lesquelles il est jugé en appel à Bucarest dans un procès dont l’issue sera déterminante pour l’avenir de cette figure politique controversée. “Je suis complètement innocent et je considère qu’il s’agit d’un procès politique”, a lancé M. Dragnea, 56 ans, aux juges de la Haute Cour de Cassation et de Justice qui l’ont entendu pour la première fois depuis le début du procès en appel de cette affaire d’emplois présumés fictifs.
Le chef du parti social-démocrate (PSD), véritable homme fort du pouvoir roumain, avait été condamné en première instance, en juin dernier, à trois ans et demi de prison ferme dans ce dossier qui plombe ses ambitions politiques.
L’audition de cet élu aussi chevronné que décrié s’est déroulée dans une ambiance électrique: des dizaines de ses sympathisants et de ses opposants, encadrés par un important dispositif policier, étaient massés devant la Haute Cour où les vociférations des deux camps ont accompagné chacune de ses apparitions.
Liviu Dragnea avait été reconnu coupable en juin d’avoir fait pression pour que deux employées locales du PSD soient fictivement embauchées par la protection de l’enfance dans son fief de Teleorman (sud).
Devant les juges, il a assuré “n’avoir jamais demandé à personne d’embaucher ces deux personnes” contredisant plusieurs témoins, dont les intéressées, qui ont affirmé le contraire durant l’enquête.
Alors que le procès touche à sa fin, une prochaine audience a été fixée au 20 mai et M. Dragnea devrait être fixé sur son sort dans les prochains mois, avant l’élection présidentielle de l’automne dont il est un des candidats pressentis.
Ses opposants l’accusent de tout mettre en oeuvre pour entraver le cours de la justice dans ce procès et dans d’autres dossiers qui le menacent lui, ou son entourage.
Le PSD, au pouvoir depuis fin 2016, a lancé une vaste refonte de la justice, vigoureusement critiquée par Bruxelles qui estime qu’elle menace l’indépendance des magistrats et affaiblit la lutte anticorruption.
Dans ce procès devant la Haute Cour, M. Dragnea conteste la composition du jury de magistrats et a introduit plusieurs recours qui pourraient aboutir à invalider la procédure.
Egalement président de la chambre basse du parlement, il a par ailleurs écopé en 2016 d’une peine de deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale, qui l’a empêché d’accéder au poste de Premier ministre.