Oxfam demande au FMI d’abandonner ses exigences d’austérité à l’égard des pays pauvres

Quatre-vingt-sept pourcents des prêts Covid-19 du Fonds monétaire international (FMI) obligent les pays en développement à adopter de nouvelles mesures d’austérité sévères qui ne feront qu’exacerber la pauvreté et les inégalités, relève une nouvelle analyse d’Oxfam publiée mardi. Au total, le FMI a négocié des prêts Covid-19 avec 23 pays entre mars 2021 et mars 2022. Quinze de ces prêts sont assortis d’une série complète de conditionnalités ou d’exigences politiques, telles que la mise en œuvre de taxes sur les denrées alimentaires et le carburant ou des réductions des dépenses publiques, note Oxfam.

Parmi les États concernés par ces clauses, on retrouve notamment le Kenya. En échange d’un prêt de 2,3 milliards de dollars signé en 2021, le pays est tenu de geler les salaires du secteur public pendant trois ans et d’augmenter les taxes sur le gaz de cuisson et les denrées alimentaires. Une situation inquiétante, pointe Oxfam, alors que plus de trois millions de Kényans sont confrontés à une faim aiguë et que le pays fait face à la plus forte sécheresse observée depuis des décennies.

Par ailleurs, neuf pays, dont le Cameroun et le Suriname, sont tenus d’introduire ou d’augmenter la TVA, qui s’applique souvent à des produits d’usage courant comme la nourriture et les vêtements, et qui frappe de manière disproportionnée les personnes vivant dans la pauvreté.

“Les pays pauvres sont les plus touchés par la hausse des factures d’énergie et des prix des denrées alimentaires”, pointe Nabil Abdo, chargé de plaidoyer politique chez Oxfam International.

Oxfam demande au Fonds monétaire international de “suspendre les conditions d’austérité sur les prêts existants et d’augmenter l’accès au financement d’urgence”. L’institution monétaire “devrait encourager les pays à augmenter les impôts sur les plus riches et les entreprises pour renflouer leurs caisses et réduire les inégalités croissantes”, plaide Nabil Abdo.