Nicaragua : peines de plus de 200 ans de prison pour deux opposants

Un tribunal de Managua a condamné lundi deux opposants au régime du président Daniel Ortega à des peines records de 216 et 210 années de prison pour leur participation l’année dernière aux manifestations qui réclamaient le départ du chef de l’Etat et de sa vice-présidente et épouse Rosario Murillo, a annoncé leur avocat à l’AFP. L’avocat, qualifiant ces peines d'”exagérées”, a assuré qu’elles étaient d’une gravité “jamais vue auparavant au Nicaragua”. Les deux hommes avaient été déclarés coupables dès décembre dernier mais la peine devait être prononcée ultérieurement.
Les deux opposants devront purger la peine maximale au Nicaragua de 30 ans de prison.
Medardo Mairena, l’un des leaders de l’organisation d’opposition Alliance civique pour la justice et la démocratie, a été condamné à 216 années de prison pour “terrorisme” et six autres délits en relation avec sa participation aux manifestations. L’accusation lui a notamment imputé une part de responsabilité dans la mort de quatre policiers et d’un civil, a dit Julio Montenegro, leur avocat et juriste de l’ONG Commission permanente des droits de l’homme (CPDH).
Le juge Edgard Altamirano a de plus condamné à 210 années de prison le dirigeant paysan Pedro Mena pour les mêmes faits.
Les violences politiques au Nicaragua ont fait l’année dernière plus de 325 morts, pour la plupart dans les rangs de l’opposition, selon les organisations de défense des droits de l’homme. Plus de 700 opposants ont été jetés en prison et encourent de lourdes peines, notamment sous l’accusation de terrorisme.
Les deux leaders ont réagi à leur condamnation “avec beaucoup de courage”, a dit Julio Montenegro qui a pu s’entretenir quelques minutes avec ses clients. L’avocat a annoncé qu’il ferait appel de la sentence.
Medardo Mairena était membre de la délégation des organisations d’opposition qui a participé à une ébauche de dialogue avec le gouvernement sous les auspices de l’Eglise catholique en mai 2018. Le président Daniel Ortega avait rapidement mis fin à cette tentative de trouver une issue pacifique à la crise.
En 2013, Medardo Mairena avait pris la tête du mouvement paysan d’opposition au projet de canal inter-océanique défendu par Daniel Ortega et qui menaçait d’expropriation plusieurs milliers de personnes dans le sud du pays.
Lui et Pedro Mena ont été arrêtés en juillet dernier. Leur avocat a dénoncé leurs conditions de détention dans des “petites cellules, sans lumière, manquant d’aération et infestées d’insectes”.

Partager l'article

19 février 2019 - 02h06