Moscou adoucit le ton sur le Conseil de l’Europe

La Russie s’est livrée jeudi à un éloge appuyé du Conseil de l’Europe, un changement de ton suggérant qu’elle comptait rester dans cette instance qui donne accès à la Cour européenne des droits de l’homme et dont elle est menacée d’exclusion. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, doit assister jeudi et vendredi à la réunion annuelle du Comité des ministres du Conseil de l’Europe à Helsinki, organisée à un moment clé de la crise opposant Moscou à cette organisation.

“La Russie s’intéresse à la sauvegarde et au renforcement du Conseil de l’Europe comme l’une des organisations internationales les plus respectées sur le continent européen”, a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, estimant que la réunion d’Helsinki jouera “un rôle décisif dans l’avenir du Conseil de l’Europe”.

Dans son communiqué, le ministère russe souligne que la participation de Moscou à la Cour européenne des droits de l’Homme, le bras juridique du Conseil de l’Europe, a contribué dans “une large mesure” à l’amélioration du système judiciaire et pénitentiaire en Russie, ainsi que dans le domaine du sport.

Membre du Conseil de l’Europe depuis 1996, la Russie est la principale pourvoyeuse d’affaires devant la CEDH. Mais depuis l’annexion de la Crimée par Moscou, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a privé les parlementaires russes de leurs droits, en particulier de leur droit de vote. Résultat: plus de la moitié des juges de la CEDH et le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil ont été élus sans la Russie.

En contre-partie, Moscou a suspendu en 2017 sa participation de 33 millions d’euros au Conseil (7% de son budget). Et les députés russes refusent désormais de se rendre aux sessions de l’APCE.

Selon les règles du Conseil, un Etat membre ne payant pas sa contribution risque l’exclusion au bout de deux ans, soit à partir de juin prochain pour la Russie. Si rien ne change, Moscou ne participera pas non plus en juin à l’élection du nouveau secrétaire général de l’organisation, une possibilité, qui selon la Russie, pourrait signifier son départ du CE.

Mercredi, Sergueï Lavrov a indiqué que la question du paiement de la contribution russe ne serait pas à l’ordre du jour à Helsinki. Il a toutefois glissé qu’un texte était à l’étude sur ce sujet, sans donner plus de détails.