Meurtre d’une journaliste en Irlande du Nord: deux inculpés remis en liberté

Deux hommes ont été libérés sous caution vendredi par un juge nord-irlandais après avoir été inculpés du meurtre de la journaliste Lyra McKee, tuée par balle par des dissidents républicains lors d’affrontements avec la police en Irlande du Nord en 2019. Lors de l’audience devant un tribunal de Londonderry où ils ont comparu par visioconférence, Gearoid Cavanagh, 33 ans, et Jordan Devine, 21 ans, ont été accusés de s’être trouvés avec le tireur quand la journaliste de 29 ans a été abattue le 18 avril, dans le quartier catholique de Creggan, dans cette ville proche de la frontière irlandaise.

Selon le représentant du parquet, Gearoid Cavanagh a escorté le tireur quand celui-ci a pris position vers 23H00 ce jour-là, et Jordan Devine l’a encouragé lorsqu’il faisait feu, l’aidant ensuite à ranger son matériel. 

Les avocats des inculpés ont souligné la faiblesse des preuves retenues, le défenseur de Gearoid Cavanagh estimant que les images utilisées par la police ne permettaient pas d’identifier son client. 

Arrêtés mercredi par la police, les deux hommes ont également été inculpés pour possession d’une arme à feu et de munitions avec intention de mettre en danger la vie d’autrui, participation à une émeute, possession de cocktails Molotov et incendie volontaire. 

Un troisième homme, âgé de 20 ans, a été inculpé pour possession de cocktails Molotov et participation à une émeute, tandis qu’un autre, âgé de 19 ans, a été remis en liberté. 

Une nouvelle audience est prévue le 7 octobre. 

Les quatre hommes avaient été arrêtés mercredi à Londonderry (Derry pour les nationalistes irlandais).  

L’enquête avait déjà abouti à l’inculpation pour meurtre mi-février 2020 d’un suspect d’une cinquantaine d’années, Paul McIntyre. Selon son avocat, il était mis en cause après avoir ramassé les douilles de la balle liée au meurtre, mais n’est pas le tireur. L’arme du crime avait été retrouvée et identifiée mi-juin.

Puis en juillet 2020, un homme de 27 ans avait été inculpé pour des infractions à la législation sur les armes.

Un groupe dissident républicain, la Nouvelle IRA, avait reconnu sa responsabilité dans la mort de la journaliste, dans une déclaration au quotidien The Irish News, arguant qu’elle se “tenait à côté des forces ennemies” en référence aux forces de police. Le groupe avait adressé “ses sincères et entières excuses” à ses proches.

Le décès de Lyra McKee avait provoqué une vive émotion, ravivant le souvenir des “Troubles” qui ont déchiré la province britannique d’Irlande du Nord pendant trois décennies.

Ces violences entre républicains nationalistes (surtout catholiques), partisans de la réunification de l’Irlande, et loyalistes unionistes (en majorité protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique, impliquant l’armée britannique, ont fait quelque 3.500 morts avant de prendre fin grâce à l’accord de paix du Vendredi saint de 1998.

“Le meurtre tragique de Lyra McKee était venu rappeler qu’une petite minorité d’individus continue de vouloir faire du tort aux communautés”, a réagi le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, Brandon Lewis, en se réjouissant des nouveaux développements de l’enquête.