Londres presse l’UE de proposer rapidement des solutions pour l’Irlande du Nord

Le gouvernement britannique a tenté lundi d’augmenter la pression sur l’UE, en menaçant une nouvelle fois de suspendre unilatéralement les dispositions douanières post-Brexit spécifiques à l’Irlande du Nord. Dans un discours prononcé lors du congrès du parti conservateur du Premier ministre Boris Johnson, le secrétaire d’État chargé du Brexit, David Frost, a loué la “Renaissance britannique” amorcée grâce au Brexit, après “le long cauchemar de l’appartenance à l’UE”, au moment où le Royaume-Uni fait face à de multiples crises et problèmes d’approvisionnement, notamment de carburant. À la tribune, David Frost a exhorté l’UE à être “ambitieuse”, “ça ne sert à rien de faire du bricolage”, a-t-il dit, “nous avons besoin d’un changement important”.

“Nous ne pouvons pas attendre pour toujours. Sans accord sur une solution rapide, nous devons agir en utilisant le mécanisme de sauvegarde de l’article 16”, “cela pourrait être finalement la seule manière de protéger notre pays, notre peuple, notre commerce, notre intégrité territoriale, le processus de paix”, a-t-il affirmé. L’article 16 permet de passer outre certaines dispositions de l’accord de retrait en cas de “graves difficultés économiques, sociétales ou environnementales”. 

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement de Boris Johnson brandit la menace de l’article 16, poussé par les unionistes nord-irlandais qui, depuis le départ, ne veulent pas entendre parler du protocole nord-irlandais. 

Engagé dans un bras de fer avec l’UE, le gouvernement de Boris Johnson demande donc la renégociation de ce protocole, qui fait partie de l’accord de retrait et avait été validé par les deux parties. Bruxelles se dit ouverte à trouver des “solutions pratiques”, mais refuse de repenser intégralement ce pan essentiel de l’accord, imaginé pour préserver la paix en île d’Irlande en évitant la création d’une frontière entre Irlande (membre de l’UE) et Irlande du Nord (territoire du Royaume-Uni). Dans la pratique, les contrôles et démarches administratives sur toute une série de produits sont déplacés vers la frontière que forme la mer d’Irlande. Même si les Britanniques ont plusieurs fois prolongé des “périodes de grâce” qui retardent la mise en oeuvre des contrôles douaniers prévus, les supermarchés d’Irlande du Nord se plaignent de problèmes d’approvisionnement et d’un risque de pénurie de certains produits. 

L’UE devrait bientôt avancer des propositions. “Nous travaillons intensément pour trouver des solutions pratiques aux problèmes que les personnes d’Irlande du Nord rencontrent”, a simplement commenté lundi midi un porte-parole de la Commission, Dan Ferrie. 

Dans son discours, David Frost a accusé l’UE d’avoir “la main lourde” et d’être à l’origine de “l’effondrement du soutien transpartisan au protocole”.