Les Pixies font “Poe neuve”

“J’avais en tête un album assez gothique, au sens littéraire”: Black Francis, plume surréaliste et voix rageuse des Pixies depuis plus de trente ans, en profite aussi pour renouer avec le son rock originel du groupe américain sur l’exaltant “Beneath the Eyrie”. Avec ses contes “Edgar Allan Poétiques”, ce septième opus, qui sort vendredi, confirme le renouveau de la bande de Charles Michael Kittridge Thompson IV, de son vrai nom, depuis l’éviction de la bassiste Kim Deal fin 2013.

Paz Lenchantin, dont le timbre de voix similaire sert désormais de contrechant aux “hauts de hurlements” de Black Francis, lui a succédé sur “Head Carrier” (2016). Et si les fans des chefs d’oeuvre “Surfer Rosa” et “Doolittle” ont pu être frustrés par ce retour légèrement brouillon, ce ne devrait pas être le cas cette fois.

“Nous avions envie de mêler guitares acoustiques et guitares rythmiques, comme on le faisait lors de nos premiers concerts”, affirme Black Francis.

C’est dans une ancienne église de la bourgade de Hurley dans l’Etat de New York, bâtie en 1896 et transformée en studio en 1986 (une maligne inversion de chiffre a ainsi suffi à ce que la maison de Dieu se fasse l’écho de la musique du diable), que le quatuor a oeuvré.

“Il y avait des vibrations particulières provenant des grands vitraux, où la lumière extérieure passait. Ca conférait une drôle d’atmosphère. On ressentait les éléments naturels”, raconte le guitariste Joey Santiago.

S’il concède que ce cadre sylvestre, en plein hiver, a certainement accentué la thématique gothique, Black Francis reste peu enclin à évoquer le sens de ses textes. “Une chanson repose toujours sur la même inconnue: peut-être que ce sera une histoire, peut-être pas. Mais elle commence avec un mot. Puis un deuxième vient, puis dix, vingt. On entre alors dans la phase du ‘montage’, comme au cinéma”, dit-il.