Le naturisme urbain gagne des adeptes, mais les femmes hésitent

Piscine, bowling, restaurant, cours de chant, sorties au musée: le naturisme urbain séduit de plus en plus grâce à une offre diversifiée à Paris mais les femmes restent réticentes à ces nouvelles pratiques, craignant amalgames et préjugés.

Avec l’ouverture d’un restaurant en novembre 2017, la réouverture de l’espace naturiste au bois de Vincennes en avril, et la visite le mois dernier en tenue d’Adam du Centre d’art contemporain Palais de Tokyo qui a suscité 30.000 demandes pour 161 places, le naturisme n’en finit plus de se réinventer et fait florès dans la capitale.

Le spectre des activités naturistes en ville s’est encore élargi samedi dernier lors du salon de “l’Art de vivre nu” à Paris, qui a notamment proposé des cours de yoga nu en plein air ou du clubbing naturiste.

Selon l’Association des naturistes de Paris, on compte aujourd’hui 88.000 pratiquants en Ile-de-France.

Professeur de chant pratiqué nu, Vincent Simonet se réjouit du “foisonnement de ces trois dernières années à Paris”. Mais il regrette ne compter qu’un quart de femmes parmi ses élèves participant à ses stages: “quand elles viennent, tout le monde se réjouit et dit: ‘Ah des filles!'”

Julie Leclerc, “tombée” dans le naturisme quand elle était petite, reconnaît une difficulté à assumer ces nouvelles pratiques, craignant “le regard des ‘textiles’ sur les femmes naturistes: on croit que vous êtes une femme facile”. Elle admet avoir “tu [sa] pratique devant ses collègues à l’ouverture de l’espace naturiste au parc de Vincennes”.

Pour cette femme de 38 ans, Instagram et Facebook n’aident pas à la normalisation en menant une “chasse aux sorcières aux tétons féminins”. “En supprimant la vision du corps de la femme des réseaux sociaux, on contribue à la rendre taboue”, juge-t-elle.

Mais depuis peu, elle chante nue dans un studio de la capitale, “une révélation”. “Jamais je ne me serais dit ‘tu vas faire du naturisme en plein Paris'”, s’extasie cette femme qui travaille dans le secteur de la communication.

Elle retrouve “cette sensation de liberté” qu’elle ressent l’été, dans les villages et campings, où le naturisme familial séduit pareillement hommes et femmes, et affirme se sentir “bien mieux nue avec pleins d’hommes naturistes qu’habillée, entourée d’hommes textiles”.

Adepte des “randonnées” en Essonne, “dans des forêts peu fréquentées”, Cécile, 33 ans, estime qu’ “affirmer son naturisme en tant que femme en dehors des milieux naturistes est difficile: il y a trop d’emprise chez les femmes par rapport à la nudité”.

“L’amalgame est vite fait avec libertinage, échangisme, et toutes les pratiques sexuelles qui n’ont rien à voir”, poursuit-elle.

Partager l'article

14 juin 2018 - 18h25