Le manque d’eau potable tue 3 fois plus d’enfants que la violence dans les pays en conflit

Dans les pays en proie à un conflit prolongé, les enfants de moins de 15 ans risquent en moyenne trois fois plus de mourir de maladies diarrhéiques, liées au manque d’eau potable et d’hygiène, que par la violence directe, constate vendredi l’Unicef dans un nouveau rapport publié à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau. “La réalité, c’est qu’il y a plus d’enfants qui meurent par manque d’accès à une eau salubre que par balles”, assène Henrietta Fore, directrice générale du Fonds des Nations unies pour l’enfance.
Dans les 16 pays frappés par de longs conflits et mis sous la loupe dans le rapport “Water under fire”, Unicef dénombre 85.700 cas mortels de diarrhée parmi les moins de 15 ans, contre 30.900 décès dus à la violence directe entre 2014 et 2016.
Les enfants de moins de 5 ans sont même 20 fois plus susceptibles de succomber des suites de diarrhées que de violences. Ainsi, 72.000 enfants de cette tranche d’âge sont décédés de ce trouble, contre 3.400 à cause de violences collectives, pointe le rapport.
Outre la diarrhée, l’absence de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) efficaces entraîne des problèmes de malnutrition et des maladies comme la typhoïde, le choléra et la poliomyélite. Au Yémen, avec l’intensification du conflit en 2015, la plus gande épidémie récente de choléra a infecté plus de 1,3 million de personnes entre avril 2017 et décembre 2018. Environ un tiers des cas (29%) concernaient des enfants de moins de 5 ans.
Les filles sont particulièrement touchées par la problématique de l’accès à l’eau, souligne par ailleurs le rapport. “Elles sont vulnérables aux violences sexuelles lorsqu’elles vont chercher de l’eau ou s’aventurent à utiliser des latrines”, pointe l’Unicef. “Elles manquent aussi des cours pendant leurs règles si leurs écoles ne disposent pas d’eau et d’installations sanitaires adéquates.”
Les infrastructures liées à l’eau sont devenues la cible d’attaques délibérées, durant lesquelles le personnel de ces structures est blessé ou l’électricité qui assure leur fonctionnement est coupée.
L’Unicef appelle dès lors gouvernements et partenaires à mettre fin à ces assauts ciblés, à lier les réponses humanitaires vitales au développement de systèmes durables d’approvisionnement en eau et d’assainissement pour tous et à renforcer la capacité des gouvernements et des organismes d’aide à fournir en permanence ces services en situation d’urgence.
Le droit à une eau potable saine est inscrit dans la Convention des droits de l’Enfants des Nations unies.