L’approche flamande sur la déradicalisation est contre-productive

La politique flamande de déradicalisation a des effets contre-productifs sur les jeunes vulnérables pris en charge par les services sociaux de la jeunesse, ressort-il d’une étude de la haute école Aartevelde de Gand, présentée jeudi. Les opinions radicales chez les jeunes sont trop souvent considérées comme problématiques, alors qu’elles constituent une étape normale du développement d’un individu au moment de la puberté. L’islam est également trop souvent encore pointé du doigt comme étant une croyance “dangereuse”, renforçant le sentiment chez ces jeunes d’être des citoyens de seconde zone. La politique flamande de déradicalisation mise trop sur la détection précoce des jeunes en phase de radicalisation et trop peu sur l’accompagnement de ceux-ci. Se concentrer sur la détection précoce a des conséquences imprévues, pointe l’étude, qui compile divers expériences au sein de trois organismes d’aide à la jeunesse.

Les opinions radicales chez les jeunes sont ainsi trop vite considérées comme un indice de radicalisation dangereuse, “alors qu’elles ne sont pas nouvelles pour les travailleurs socio-éducatifs”, précise la chercheuse Reyhan Görgöz. Cette dernière y voit plutôt un signe d’implication dans la société ou une étape normale du développement d’un individu à la puberté. “Certains jeunes sont alors poussés à poursuivre dans cette voie, au lieu d’en être extirpés”, pointe un travailleur social.

En outre, mettre l’accent sur la détection précoce est problématique car il n’existe pas de définition claire de ce qu’est “un jeune en phase de radicalisation”. La demande croissante adressée aux travailleurs socio-éducatifs de collaborer aux enquêtes qui visent ces jeunes les met par ailleurs dans une position inconfortable et dégrade la relation de confiance nécessaire entre le jeune et le travailleur.

Les chercheurs plaident dès lors pour une politique de déradicalisation qui s’intéresse d’abord au rôle de la discrimination au logement, à l’emploi et dans l’éducation, ainsi qu’au “profilage racial” de la police.