Jack White remet le bleu de chauffe

Chez Jack White, dynamiteur du rock, à chaque période sa couleur: après le rouge et blanc du temps de son groupe White Stripes, voici le bleu acier, arboré jusqu’à la coiffure, pour l’album qui sort vendredi. L’Américain revient en solo avec deux disques, “Fear of the dawn”, ce vendredi, très électrique, et “Entering heaven alive”, plus acoustique, prévu le 22 juillet.

“Il faut voir ces disques comme un ensemble, le premier signe un retour aux sources, le ‘Jack White canal historique’, avec une tournée mondiale qui commence le jour de la sortie à Detroit, sa ville natale”, commente pour l’AFP Florian Leroy-Alcantara, relais en France de l’artiste.

Detroit, c’est de là que déboulent à la charnière des années 1990-2000 les White Stripes, duo composé de Jack White, guitariste virtuose et chanteur et Meg White, batterie. Ils seront les grands artisans du retour du rock sur la scène internationale.

La paire se fait d’abord un nom dans un cénacle branché avant la consécration “Seven nation army” (Jack écorchait, gamin, le nom de la “Salvation army”, l’armée du salut), tube mondial de 2003. 

Un jour où le titre passe à la radio, les supporters du club belge de foot de Bruges s’en emparent et en chantent la mélodie à base de “Po-po-po…”. L’équipe d’Italie, championne du monde en 2006, en fera ensuite son hymne officieux.

Le succès grandissant aura raison du binôme qui a longtemps entretenu le flou sur la nature de ses relations frère/soeur, mari/femme. Le couple qu’ils formaient, dans tous les sens du terme, explose. Meg White disparaît du circuit.

Avant même la fin des White Stripes au début des années 2010, l’homme met sa six cordes au service de super-groupes, attelages de musiciens réputés, tels de The Raconteurs et The Dead Weather. Et White, en tant que producteur/musicien, devient rapidement une denrée très demandée. En 2008, il signe aux côtés d’Alicia Keys “Another way to die”, la B.O du James Bond “Quantum of solace”.

Il collabore aussi avec une autre diva du r’n’b, Beyoncé, pour le titre de cette dernière “Don’t hurt yourself” (2016). “J’aimerais produire un album entier avec Beyoncé. Elle est comme une Bessie Smith (surnommée +l’Impératrice du blues+) moderne dans son rendu et son attitude”, décrit-il dans le dernier numéro de Mojo, lors d’une de ses rares interviews.

“Quand vous jouez pour elle, vous vous dites +comment j’ose me dire chanteur?+, poursuit-il. Heureusement, je me considère comme un vocaliste et non comme un chanteur”.

White est en tout cas un faiseur de disques: il a fondé son label Third Man Records (code couleurs jaune et noir), pour sortir ses productions et rééditer des pépites. Il assure s’être mis d’accord avec les légataires de Prince pour exhumer “Camille”, album de 1986 mis au rebut avant sa sortie par le “Kid de Minneapolis”.

Dans l’immédiat, ce sont ses propres livraisons rapprochées qui font l’évènement. “Dans ce temps aussi court, c’est presque un rythme de production hip-hop”, commente Florian Leroy-Alcantara.

Ca tombe bien car du hip-hop, il y en a sur “Fear of the dawn” avec la participation sur “Hi de ho” de Q-Tip, leader du collectif rap A Tribe Called Quest. 

Les deux hommes sont des fondus de musique. Le rappeur s’était présenté en loge au début des White Stripes, racontant à Mojo: “Tous les deux on s’attarde sur des choses qui n’intéressent personne, qui a joué sur ce disque, quelle console a été utilisée pour enregistrer +Houses Of The Holy+”. En citant ce disque de Led Zeppelin, le courant, électrique, ne pouvait que passer.

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06 avril 2022 - 17h18