Grogne sociale en Tunisie – Le gouvernement tunisien annonce des mesures sociales après la contestation

Le gouvernement tunisien a annoncé samedi une batterie de mesures sociales après une semaine de contestation contre l’austérité émaillée de heurts, espérant ainsi calmer la colère d’une partie de la population sept ans après la révolution. Le plan d’action gouvernemental, qui doit toucher plus de 120.000 bénéficiaires, coûtera plus de 70 millions de dinars (23,5 millions d’euros), a indiqué à la presse le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi. Il prévoit une aide à l’accès à la propriété pour les familles pauvres, des mesures visant à assurer “une couverture médicale pour tous”, et une augmentation de l’allocation sociale en faveur des familles nécessiteuses, qui passera de 150 dinars (50 euros) à 180 et 210 dinars (60 et 70 euros) en fonction du nombre d’enfants, soit une augmentation d’au moins 20%.
“C’est un projet de loi très avancé, qui a été soumis au Parlement et sera discuté d’ici une semaine”, a indiqué une source gouvernementale sous couvert d’anonymat, assurant que le gouvernement y travaillait dès avant les contestations. “Nous pouvons le financer”, a-t-elle ajouté sans préciser si ces mesures avaient déjà été budgétées.
Le président Béji Caïd Essebsi, qui a rencontré samedi les responsables des partis au pouvoir, du patronat et du syndicat UGTT, a reconnu: “le climat social et le climat politique ne sont pas bons en Tunisie”, tout en assurant que “la situation reste positive”.
Des manifestations pacifiques et des émeutes nocturnes ont eu lieu la semaine passée dans plusieurs villes du pays, une contestation alimentée par un chômage persistant — 15% officiellement– malgré la croissance, et par des hausses d’impôts grignotant un pouvoir d’achat déjà éprouvé par une importante inflation (plus de 6% fin 2017). En marge de heurts avec la police, un homme est mort lundi dans des circonstances peu claires durant une manifestation dans la ville de Tebourba, à 30 km à l’ouest de Tunis.
Plusieurs manifestations sont encore prévues dimanche matin, pour marquer l’anniversaire de la chute du dictateur Zine el Abidine Ben Ali, chassé le 14 janvier 2011 par un mouvement de protestation contre le chômage, la vie chère et la corruption.