Crise politique au Canada: Trudeau perd son plus proche conseiller

Le plus proche conseiller politique de Justin Trudeau a annoncé lundi sa démission du cabinet du Premier ministre canadien afin de se “défendre” contre des “allégations” qu’il rejette dans une affaire explosive à quelques mois d’élections législatives serrées. Considéré comme l’éminence grise de Justin Trudeau et l’architecte de sa victoire en 2015, Gerald Butts a annoncé son départ dans une déclaration et a nié être intervenu pour éviter un procès à la société SNC-Lavalin, impliquée dans un vaste scandale de corruption en Libye.
Cette affaire constitue la pire crise politique au Canada depuis l’entrée en fonctions de Justin Trudeau et met à mal son Parti libéral avant les élections législatives d’octobre.
Selon le journal Globe and Mail, le cabinet du Premier ministre a exhorté Judy Wilson-Raybould, alors ministre de la Justice, d’intervenir dans ce dossier afin que les procureurs concluent avec SNC-Lavalin, géant canadien de l’ingénierie, un accord à l’amiable pour lui éviter un procès long et potentiellement dévastateur.
Le quotidien de Toronto, qui a publié ces révélations il y a près de deux semaines, assure que Mme Wilson-Raybould a “ignoré” les demandes du cabinet de Justin Trudeau, ce qui lui aurait valu son poste: mi-janvier, elle avait été rétrogradée ministre des Anciens combattants.
“Je nie catégoriquement les allégations selon lesquelles moi ou un membre de ce cabinet aurait tenté d’influencer madame Wilson-Raybould. Nous respectons le rôle unique qu’est celui de procureure générale”, a fait valoir M. Butts dans sa lettre de démission transmise à la presse.
“Mais la réalité, c’est que ces allégations existent. Elles ne peuvent pas et elles ne doivent en aucun cas faire obstacle au travail essentiel qu’effectue le Premier ministre et son bureau au nom de tous les Canadiens. Ma réputation est ma responsabilité. C’est à moi de la défendre”, a-t-il expliqué.
Justin Trudeau a immédiatement réagi sur Twitter en déclarant que “Gerald Butts a servi notre gouvernement – et notre pays – avec intégrité, sagesse et dévouement. Je tiens à le remercier pour son service et son amitié indéfectible”.
La Gendarmerie royale (GRC, police fédérale) avait déposé en 2015 des accusations formelles contre la maison-mère du géant canadien SNC-Lavalin ainsi que ses filiales de BTP et de développement international pour “corruption d’agents publics étrangers” et pour “fraude”.