Armes françaises au Yémen: un journaliste de Radio France auditionné à son tour

Un troisième journaliste, travaillant à Radio France, qui a participé à une enquête sur l’utilisation d’armes françaises par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis au Yémen, a été auditionné mercredi par les services de renseignement français, a-t-il rapporté à l’AFP, dénonçant à son tour une forme de “pression” sur la presse. “C’est une pression directe sur un sujet d’intérêt public majeur, qui concerne l’utilisation d’armes dans une guerre qui a créé la pire situation humanitaire depuis la seconde guerre mondiale selon des ONG. C’est comme si les autorités voulaient mettre un couvercle sur une marmite qui bouillonne”, a estimé Benoît Collombat, membre de la cellule d’investigation de Radio France.
“Cela lance un signal très clair aux journalistes qui souhaiteraient enquêter sur un sujet qui concerne pourtant tous nos concitoyens”, a-t-il ajouté.
Benoît Collombat a précisé avoir été auditionné dans la matinée, pendant un peu moins d’une heure, dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). La veille, deux journalistes du site d’investigation Disclose, Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, qui avaient participé à cette enquête, avaient été auditionnés, et avaient dénoncé pour leur part une “tentative d’intimidation”.
Benoît Collombat a précisé avoir été soumis à “sept pages de questions”, similaires à celles posées aux reporters de Disclose. Selon lui, elles visaient principalement à ce qu’ils dévoilent leurs sources. “Je n’ai pas répondu, mettant en avant le secret des sources”, a-t-il précisé, en exprimant sa solidarité avec ses confrères.
Les trois reporters ont été entendus sous le régime de l’audition libre, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte sous l’autorité de la section terrorisme du parquet de Paris.
La convocation des deux journalistes de Disclose et de leur confrère de Radio France a été dénoncée par une vingtaine d’ONG et syndicats de journalistes ainsi que par la Fédération européenne des Journalistes (FEJ) et le Centre de protection des journalistes (CPJ). Ces organisations estiment qu’il s’agit d’une atteinte inacceptable à la liberté de la presse.