Près de 700 nouveaux dossiers pour criminalité liée à la drogue en 2024
La criminalité liée au trafic de drogues est restée en 2024 au centre de l’attention de la Police fédérale, ressort-il lundi de son rapport annuel. La police judiciaire fédérale y a consacré sur l’année près de 22% (21,69 %) de sa capacité d’enquête, ouvrant près de 700 (695) nouveaux dossiers à ce sujet.
■ Reportage de Michel Geyer, Marjorie Felliniger et Paul Bourrières
Les violences liées au trafic de drogue, entre autres des tirs à l’arme de guerre en pleine rue, ont fait l’actualité ces dernières semaines à Bruxelles. Mais l’importance de toute la criminalité organisée liée à la drogue se lit tout au long du rapport annuel 2024 de la Police fédérale. Une des nouveautés de l’année dernière était le Service de recherche de la Police de la Navigation d’Anvers, lancé en mars. Ce nouveau service a enquêté sur 55 affaires liées au trafic de drogue, “principalement des opérations de récupération de stupéfiants”. 98 “extracteurs” ont d’ailleurs été arrêtés, qui avaient pénétré dans la zone portuaire anversoise. Ces personnes ont pour unique rôle de récupérer les produits arrivés par bateau à Anvers, une des principales portes d’entrée pour la cocaïne en Europe.
La Police fédérale note une évolution “préoccupante”, qui touche aussi la criminalité liée à la drogue: la présence croissante de personnes mineures dans ces dossiers. La Police de la Navigation a ainsi arrêté 16 jeunes de moins de 18 ans au port d’Anvers, principalement soupçonnés d’être des extracteurs de drogue. La présence accrue de mineurs est observée aussi dans d’autres dossiers: prostitution via internet, création et diffusion d’images à connotation sexuelle, etc. “La Police Judiciaire Fédérale a identifié 643 suspects mineurs et 663 victimes mineures dans des dossiers en cours”, peut-on lire dans le rapport 2024. “Il y aura probablement lieu, à un moment donné, de se saisir de ce problème”, observe Eric Snoeck, commissaire général de la Police fédérale. Mais c’est un travail qui doit se faire “au niveau politique”.
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Les faits de violence ont mobilisé 16,85% de la capacité d’enquête de la PJF et fait l’objet de 564 nouveaux dossiers. Suit le blanchiment d’argent, avec 13,17% mais un nombre très important de nouvelles enquêtes lancées: 805. Les dossiers de blanchiment d’argent ont, à eux seuls, permis de saisir plus de la moitié des près de 232 millions d’euros d’avoirs criminels saisis l’an dernier (231.709.179 euros).
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Le commissaire général, qui a présenté le rapport annuel à la presse lundi, dit accueillir positivement l’accord de gouvernement Arizona. Celui-ci promet un renforcement de la police fédérale, “de loin le plus grand corps de police du pays”, souligne Eric Snoeck. Ce qui ne veut pas forcément dire “plus de personnel” partout, mais certainement “mieux équipé”, ajoute-t-il. “Il faut adapter les statuts pour que les personnes puissent être déployées de manière plus flexible”.
Un constat appuyé par le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur Bernard Quintin: “Il est fondamental d’avoir les bonnes personnes au bon endroit”. Un des défis de la police sera “le diagnostic de la criminalité”, expose le commissaire général. “L’évolution permanente des réseaux criminels, leurs menaces de plus en plus violentes et hybrides à travers un mix de différentes sortes de criminalité organisée, l’infiltration semi-légale de l’économie par des méthodes complexes de blanchiment et de corruption… Tout ceci nécessite que nous puissions avoir une image complète et surtout permanente de ce qui nous menace. Des initiatives ont été prises, notamment la création d’un observatoire de la criminalité organisée, mais il faut continuer à tout prix à investir dans ce domaine”.
Tout en confirmant le modèle de “police intégrée”, le gouvernement entend la faire évoluer, observe le commissaire général. Il y voit une volonté d’en faire une “organisation plus flexible, efficace et encore plus opérationnelle”, avec “une transformation digitale plus rapide”. Un des défis à relever au passage sera d’augmenter l’attractivité du métier. Le gouvernement a en tout cas prévu un investissement fort dans la PJF, comme l’a rappelé le ministre Bernard Quintin. “Les manques à Anvers et à Bruxelles seront très rapidement comblés”, a assuré le libéral. Il s’agit d’un des points noirs mis en lumière en marge des fusillades à Anderlecht, ces dernières semaines: la PJF de Bruxelles manque d’une centaine d’enquêteurs. Un trou que le gouvernement tente déjà d’adoucir avec 15 agents qui y ont été dépêchés cette semaine.