Covid long: “J’ai fait le deuil de ma vie d’avant”
Ancienne sage-femme, Stéphanie est atteinte de Covid long et ne peut plus exercer son métier tant les symptômes l’affectent. Brouillard cérébral, pertes de mémoire, troubles de la concentration, acouphènes, douleurs musculaires, autant de manifestations qui rendent son quotidien complexe et imprévisible.
“J’étais quelqu’un d’hyperdynamique, capable d’enchaîner mille et une activités. Aujourd’hui, tout doit être programmé avec précision. Une seule activité par jour est mon maximum. Si j’ai un rendez-vous médical, alors c’est tout ce que je ferai ce jour-là. Rien que me lever, m’habiller, manger, tout cela demande une énergie immense”, confie-t-elle
En Belgique, plus de 800 000 personnes pourraient être concernées par cette affection, bien qu’aucun chiffre officiel ne soit disponible. Les symptômes invisibles rendent souvent ces malades incompris. “Quand je sors, les gens me voient debout, ils ne se rendent pas compte que je n’ai rien fait la veille ni le matin même. Dès que vous serez parti, je vais devoir me reposer, car mon énergie est limitée et, dès qu’elle diminue, mes symptômes s’aggravent” affirme Stéphanie.
Cette déclinaison du Covid est encore mal comprise par la médecine. Des études récentes suggèrent que, même deux ans après l’infection aiguë, des traces du virus persistent dans le sang de certains patients. “Cela pourrait expliquer la persistance des symptômes, même si d’autres hypothèses existent, comme des problèmes de coagulation ou des réactions auto-immunes”, explique Johan Van Weyenbergh, immunologiste et chercheur à l’Institut Rega – Ku Leuven.
Face à cette réalité, certains traitements sont à l’étude. Pour l’heure, la prise en charge vise principalement à soulager les symptômes. L’INAMI a mis en place un programme spécifique pour les patients atteints de Covid long, offrant un soutien psychologique et logopédique.
“Nous avons étendu la nomenclature pour inclure un accompagnement en kinésithérapie et en ergothérapie”, précise Mickaël Daubie, directeur général du service des soins de santé à l’INAMI.
Actuellement, environ 2 500 patients bénéficient de ce programme, une aide essentielle pour ceux dont la vie a basculé du jour au lendemain. Pour Stéphanie et tant d’autres, la pandémie continue d’avoir des conséquences bien réelles, rendant chaque jour un défi à relever.
■ Reportage de Arnaud Bruckner, Gauthier Flahaux, Thomas Craps et Daniel Magnette