Une journaliste porte plainte contre la police après la manifestation contre la venue de Bardella à Bruxelles
Trois plaintes ont été déposées pour des violences policières survenues en marge de la venue de Jordan Bardella, le président du Rassemblement National (RN) français, à Bruxelles à la mi-novembre. C’est ce qu’indique mercredi Zin TV, un média dit “d’action collective” dont une des collaboratrices fait partie des plaignantes.
Des incidents avaient eu lieu le 13 novembre en fin d’après-midi dans le centre de Bruxelles alors que Jordan Bardella présentait et dédicaçait son premier livre à la Maison de Hongrie, rue de la Loi. Des affrontements avaient éclaté entre la police et des manifestants lors d’un rassemblement de plusieurs centaines de personnes et les forces de l’ordre avaient procédé à une quarantaine d’arrestations administratives.
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La mobilisation avait été organisée par la Coalition antifasciste de Belgique (CAB) et l’Action antifasciste Bruxelles (AFA Bxl) pour dénoncer la venue du président du RN, symbole, selon elles, d’une normalisation de l’extrême droite, explique Zin TV. Le rassemblement a cependant été violemment réprimé par la police, dénonce ce média. Une de ses collaboratrices en a été la victime.
Elle et deux autres personnes ont décidé de porter plainte au pénal pour agressions policières, arrestations illégales et arbitraires, traitement inhumain et dégradant, vol avec violence et extorsion. L’employée de Zin TV dénonce avoir été “attrapée par les cheveux, plaquée au sol sans ménagement, menottée avec des colsons et alignée avec les autres femmes interpelées“.
La police avait en outre tenté d’enlever la batterie de sa caméra et des agents s’étaient emparés d’une carte d’enregistrement “prétextant une ‘saisie administrative’ afin d’identifier les personnes qui ont participé à la manifestation“, dénonce le média d’action collective.
La journaliste avait finalement été relâchée après une demi-heure.
“Une dérive inquiétante”
Zin TV a, de son côté, décidé de se constituer partie civile par intervention aux côtés des plaignants. “Il est particulièrement préoccupant et navrant de constater que des policiers cherchent à tout prix à empêcher que leurs actions répressives et violentes soient documentées“, dénonce le média.
La liberté de filmer et de rendre compte des événements, notamment lors d’actions policières, est un droit fondamental qui avait déjà été rappelé lors du procès opposant une équipe de Zin TV à des policiers pour des faits similaires datant de 2015, rappelle d’ailleurs ce média. Deux policiers avaient été condamnés pour vol d’usage pour avoir saisi la caméra de journalistes. Le comité P avait par ailleurs rappelé dans cette affaire “qu’un policier ne peut pas supprimer lui-même ou imposer la suppression des images ou des vidéos à la personne les ayant réalisées“, insiste encore Zin TV.
“Sur le terrain, nous observons, ces dernières années, une dérive inquiétante de la répression des mouvements sociaux“, déplore le média d’action collective. “A l’heure où les cordons sanitaires sautent les uns après les autres, nous dénonçons fermement l’entrave à la liberté de manifester et d’informer. Journalistes, cinéastes, militants et tout citoyen ont le droit d’observer, d’enregistrer et de dénoncer les abus de pouvoir et les violences de la police”, conclut-il.
Belga – Photo : Belga