Statut d’artiste : la FEAS demande de respecter l’accord gouvernemental conclu

 La Fédération des employeurs des arts de la scène (FEAS) craint que le gouvernement fédéral envisage, via une réforme du chômage, de limiter dans le temps les allocations de chômage pour les travailleurs des arts, indique-t-elle dans un communiqué jeudi soir.

Cela va à l’encontre de l’accord gouvernemental qui garantit le maintien des exceptions pour cette catégorie de travailleurs intermittents et souvent précaires, affirme la FEAS. Dans le secteur des arts de la scène en Fédération Wallonie-Bruxelles, des dizaines d’opérateurs culturels, plus de 10.000 emplois et 2,5 millions de spectateurs sont concernés, poursuit la Fédération. À l’échelon national, l’ensemble du secteur culturel représente près de 5% du PIB et plus de 200.000 emplois, affirme-t-elle. La FEAS appelle donc le gouvernement fédéral à respecter l’accord conclu entre les partenaires de majorité.

Une réforme “dangereuse et populiste”, juge le directeur du KVS

Le journal L’Echo évoquait mercredi la possibilité de voir le statut de l’artiste passer à la trappe avec la réforme annoncée des allocations de chômage. Huit mille artistes et créateurs pourraient être affectés, selon le quotidien.

Le directeur du théâtre royal flamand (KVS), Michael De Cock, a dénoncé jeudi la possible suppression du statut de l’artiste par le gouvernement fédéral, jugeant l’initiative “dangereuse et populiste”.

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Pour M. De Cock, cette proposition pourrait bien n’être toutefois qu’un “ballon d’essai” du gouvernement fédéral destiné “à la galerie et à son arrière-ban”. “Je pensais pourtant que la campagne était finie”, grince le patron du KVS, interrogé par Belga. Selon lui, le cadre actuel et le statut accordé aux artistes ont permis “que notre paysage culturel soit au sommet mondial”. “Il est extrêmement difficile de bâtir une carrière dans les arts, sans parler de constituer une pension. Les artistes sont souvent très entreprenants et se tuent au travail”, rappelle-t-il.

Le gouvernement Vivaldi, sous l’impulsion de Pierre-Yves Dermagne (PS), de Frank Vandenbroucke (Vooruit) et David Clarinval (MR), avait décidé de renforcer le statut des artistes. Selon M. De Cock, il serait dès lors “parfaitement ridicule” que le nouveau gouvernement le réforme à nouveau. “Le statut vient tout juste d’être adapté et on le remet déjà en question?”, s’étonne le directeur du KVS.

■ Reportage de Jim Moskovics, Charles Carpreau et Paul Bourrières

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Le secteur culturel a décidé de se mobiliser lundi à l’occasion de la journée de grève nationale. Son action est prévue de 10h00 à 12h00 sur la place de la Monnaie, à Bruxelles.

“Logique” de débattre des modalités de la réforme du chômage pour les artistes (Clarinval)

“La législation chômage s’applique à certains artistes. Compte tenu de la spécificité de ce statut, il est logique que nous tenions le débat au sein du gouvernement sur les modalités spécifiques d’application.” Le ministre de l’Emploi David Clarinval (MR) a de cette manière indiqué, jeudi en séance plénière de la Chambre, que le débat restait ouvert au sein du gouvernement sur la manière d’appliquer la réforme des allocations de chômage aux artistes. Le projet de loi en préparation est actuellement discuté en inter-cabinets.

Le journal L’Echo écrivait mercredi que la limitation dans le temps des allocations de chômage préparée par le ministre pourrait entraîner la fin du statut des artistes. L’information a suscité de nombreuses réactions du secteur, de l’opposition, mais aussi chez Les Engagés, partenaires du MR dans la majorité fédérale.

Jeudi à la Chambre, David Clarinval a relu et confirmé l’accord de gouvernement. Celui-ci stipule que “la réforme du précédent gouvernement concernant les exceptions à la disponibilité active, passive et adaptée pour les artistes est conservée.”

Cependant, “la législation chômage s’applique à certains artistes”, a-t-il observé. Pour le libéral, “la question se pose donc de savoir si ce statut doit encore être lié au chômage.” La cheffe de groupe des Engagés Aurore Tourneur a semblé rassurée. “Le statut ne sera pas mis en cause”, a-t-elle salué. “Si c’est bien cela votre intention, nous pouvons la soutenir”, a-t-elle ajouté, avertissant que les centristes n’accepteraient aucune “marche en arrière”. L’opposition n’a pas eu la même lecture de la réponse. “Je crains qu’à part ma collègue des Engagés, vous n’ayez pas rassuré grand monde”, a notamment lancé François De Smet (DéFI).

Belga