Port du voile: tensions au sein de la majorité à Anderlecht après une motion Ecolo

Tensions au sein de la commune d’Anderlecht sur la question du port du voile dans l’administration. Ecolo a déposé une motion qui vise à autoriser un membre du personnel communal à le porter s’il le souhaite, et quelle que soit sa fonction. Les autres partis de la majorité ne sont pas sur la même ligne. Le vote aura lieu demain en conseil communal. 

Une proposition qui va bien plus loin que les positions prises par Ecolo et le PS au niveau régional, car elle autorise le port du voile pour toute travailleuse qui le souhaite dans l’administration communale. Or , ces deux partis de la majorité s’étaient mis d’accord pour autoriser les signes convictionnels sauf dans les fonctions d’autorité, ou en cas de contact avec le public. D’autres communes de la région bruxelloise avaient suivi. La proposition émane d’un groupe de travail composé de 37 travailleurs de l’administration.

Même si ce n’est pas la ligne régionale d’Ecolo, le parti assume cette initiative dans le but de faire bouger les lignes. Ecolo serait même prêt à s’associer au PTB via une majorité alternative pour faire passer en force l’autorisation du port de signes convictionnels, rapporte La Libre. Ce qui peut menacer la stabilité du collège communal. L’échevine Ecolo à l’égalité des chances Nadia Kammachi avance vouloir suivre la proposition du groupe de travail.

La motion a en tout cas mis le feu au poudre au sein de la majorité, les partis n’étant pas sur la même longueur d’onde.

“Il faut trouver un équilibre entre la diversité et la neutralité”

Les Engagés et Défi se sont d’ores et déjà désolidarisés de leur partenaire de majorité. Concernant le PS,  Le nom de Lotfi Mostefa, chef de groupe du parti, figure sur la liste des co-dépositaires de la motion. Une co-signature démentie par ce dernier ainsi que par le bourgmestre Fabrice Cumps.

“La question du voile, de manière générale dans la société, ne fait plus vraiment débat et donc il faut que l’administration puisse s’ouvrir également à cette nouveauté là”, explique le bourgmestre de la commune à notre micro. “Par contre, il y a aussi un principe important qui est celui de la neutralité des services publics. Il faut pouvoir trouver un bon équilibre, un subtil dosage entre ces deux notions: la diversité et la neutralité. C’est à ça que s’attache le PS.  Il reste 48 heures pour essayer de trouver quelque chose qui fasse consensus et qui permette de ne pas se diviser sur une matière qui est sensible et qui, à mon sens, devrait être gérée dans un contexte un peu plus serein que celui d’un conseil communal.”

Le comité diversité et inclusion 1070 a lancé une pétition qui récolte à ce jour plus de 3600 signatures en faveur du port du voile. Le comité interpellera le conseil communal lors du vote de la motion demain. Un vote qui promet d’être électrique.

“Demain, on pourra avoir des casquettes du MR”

Cette proposition est contraire à la position du parti au niveau national, donc je suppose qu’ils vont suivre cette position,  a réagi dans Bonjour Bruxelles le député bruxellois Julien Uyttendaele, qui a récemment choisi de ne pas se porter candidat PS pour une place aux prochaines élections.  “Je suis par ailleurs intéressé d’avoir la position de Ecolo-Groen et du PTB sur l’article 19 de la Constitution, parce qu’ils se positionnent sur les signes de nature religieuse. Il faut savoir que l’article 19 de la Constitution met sur un pied d’égalité les signes religieux, les signes philosophiques et les signes politiques. Donc, demain, dans l’administration communale d’Anderlecht, si on vote une telle modification du règlement de travail, on aura aussi des pins du PS, des casquettes du MR et des vestes du Vlaams Belang.”

“Il faut éviter le bordel dans lequel on est aujourd’hui, où chaque commune va définir sa politique. J’espère qu’on aura une majorité aux prochaines élections pour inscrire clairement ce principe là dans la Constitution. Je considère que lorsqu’on travaille pour un service public, lorsqu’on travaille pour l’Etat, on ne se représente pas soi même, on représente quelque chose qui nous dépasse et donc nos positions, qu’elles soient politiques, qu’elles soient philosophiques ou qu’elles soient religieuses, on les laisse à la porte.”

■ Explications d’Anaïs Corbin