Plus de 1500 enfants en danger sont en attente d’une place dans une structure d’accueil
Manque criant de moyens, précarisation croissante des familles, inadéquation des procédures: l’Union francophone des magistrats de la jeunesse (UFMJ) a tiré mercredi une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la dégradation de l’aide à la jeunesse en Wallonie et à Bruxelles.
Ainsi, en mai dernier,1.531 enfants en danger y étaient en attente d’une place dans une structure d’accueil, et 2.868 enfants nécessitaient un accompagnement qui ne pouvait leur être assuré, selon des chiffres livrés lors d’une audition en commission du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
“Notre réalité quotidienne, ce sont des enfants battus, violés, torturés. Et ces enfants-là ont besoin d’une protection immédiate! Mais je sais que je ne vais pas y arriver faute de places. Ou alors, on doit bricoler des solutions dont on sait pertinemment qu’elles vont aggraver la situation de l’enfant…”, a confié, dépitée, Frédérique Hastier, juge de la jeunesse à Bruxelles et présidente de l’UFMJ. Pour l’union professionnelle, le manque actuel de places en institution d’accueil est dû à un allongement moyen des séjours. Et cet allongement est lui-même la cause d’un sous-investissement en faveur des retours des enfants en famille.
Dans cette optique, il conviendrait, selon ces magistrats, de dégager davantage de moyens pour aider les parents à récupérer plus rapidement leur progéniture, ce qui libèrerait alors des places pour les enfants qui doivent être écartés d’urgence de leur milieu familial. “Il faut en moyenne de 8 à 9 mois pour trouver des solutions de placement! En attendant, ces enfants deviennent de véritables bombes à retardement…”, a averti de son côté Françoise Mainil, juge de la jeunesse à Mons.
À quelques mois des élections et de la préparation de nouveaux accords de gouvernement, l’association professionnelle recommande au monde politique d’adopter une “nouvelle approche” pour l’aide à la jeunesse en Wallonie et à Bruxelles. Il conviendrait notamment de renforcer davantage les services de première ligne spécialisés dans la santé mentale des jeunes et la gestion des handicaps. Par ailleurs, dans un pays où les compétences sont fragmentées entre Régions, Communautés et services communaux (CPAS), l’union des magistrats encourage vivement le monde politique à développer pour demain une politique plus transversale et globale en matière d’aide aux familles.
“Il faudrait notamment créer au sein des CPAS des cellules qui travaillent plus étroitement avec les services de l’aide à la jeunesse pour faciliter les retours en famille”, a encore plaidé Mme Hastier. Face à une réalité de terrain parfois kafkaïenne, celle-ci appelle à une refonte du système. “Ce qu’il faut, c’est adapter les procédures aux besoins. Et pas l’inverse”.
Belga