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Des lacunes persistent dans l’accueil des personnes LGBT demandeuses d’asile

17 mai 2025 - 11h45

De “nombreuses lacunes persistent” dans l’accueil de personnes LGBTQIA+ qui sollicitent une protection internationale en Belgique, regrette Prisme samedi, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. La fédération wallonne déplore “un manque d’infrastructures adaptées, de formation du personnel, de moyens financiers et d’information sur les réalités propres aux personnes LGBTQIA+”.

Se basant sur des rencontres avec des personnes concernées, des acteurs de première ligne et des membres d’associations, Prisme pointe des conditions dans les centres d’accueil “souvent sources de violences psychologiques, physiques et sexuelles pour les personnes LGBTQIA+“. La fédération wallonne dénonce des agressions homophobes ou transphobes, sans réaction adéquate, la victime étant transférée vers un autre lieu d’accueil plutôt que l’agresseur par exemple.

Prisme relève aussi que des personnes trans sont constamment mégenrées dans ces centres d’accueil, c’est-à-dire qu’elles sont désignées par des pronoms et qualificatifs ne correspondant pas à leur identité de genre. Le manque d’intimité dans les dortoirs partagés est également pointé.

En outre, la saturation du réseau d’accueil force de nombreuses personnes à dormir dans la rue ou à dépendre de “solutions de fortune” comme des squats, etc. “Dans ces configurations, le risque de violences et d’abus reste élevé, particulièrement pour les personnes LGBTQIA+.”

La fédération wallonne plaide dès lors pour la création de centres dédiés aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers, intersexes, asexuelles ou ne se reconnaissant pas dans les normes cisgenres. Cela préviendrait les violences à leur encontre et leur garantirait un environnement sécurisé.

Se mettre en danger pour fournir une “preuve”

Prisme pointe en outre les “budgets très limités” avec lesquels doivent fonctionner la plupart des associations actives auprès de personnes LGBTQIA+ demandeuses d’asile, alors qu’elles doivent couvrir des frais de transport, d’organisation d’activités, de sensibilisation, de formation, de recours à des interprètes, etc..

Le rapport de Prisme soulève également un manque de formation global des professionnels en contact avec les personnes demandeuses d’asile. En particulier, le personnel du Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), l’organe qui octroie l’asile, devrait être davantage sensibilisé. Les intervenants interrogés par Prisme demandent aussi de la transparence sur les procédures du Commissariat, nombre d’associations souhaitant y intervenir “en tant que formatrices, mais ignorent comment le CGRA construit ses grilles d’analyse, ni les critères de détermination des vulnérabilités.”

La fédération wallonne LGBTQIA+ ajoute que la procédure d’asile ne tient pas suffisamment compte des réalités spécifiques dans certains pays. Fournir une “preuve” de son homosexualité ou de sa transidentité peut se révéler ardu lorsqu’on vient d’un pays où l’exprimer publiquement signifie se mettre en danger. Même sans lois officiellement répressives dans le pays d’origine, “certaines personnes subissent des persécutions en raison de leur identité/expression de genre et/ou orientation sexuelle“, martèle Prisme. Des violences familiales ou communautaires peuvent jouer tandis que les fiches diffusées par Fedasil et le CGRA devraient être mises à jour, la réalité du terrain évoluant constamment.

Une formation des interprètes serait également utile alors que “leur méconnaissance du vocabulaire spécifique et des enjeux LGBTQIA+ peut provoquer des maladresses ou des contre-sens lourds de conséquences“. Au-delà, tout professionnel qui accompagne des personnes migrantes devrait recevoir une formation de base sur les questions LGBTQIA+ et les réalités de l’exil, plaide Prisme.

La fédération wallonne attend “un soutien politique” pour former le personnel des centres d’accueil mais aussi pour allouer des moyens aux associations de première ligne et aux Maisons Arc-en-Ciel afin qu’elles puissent proposer suffisamment d’activités permettant aux personnes LGBTQIA+ de “se sentir incluses dans notre société“.

Belga – Photo : Belga

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