Une jeune pédiatre bruxelloise consacre ses vacances à l’humanitaire et s’envole avec du matériel médical vers la Grèce

C’est un dynamisme fou qui anime Virginie Deseck, jeune pédiatre qui travaille aux cliniques Saint-Pierre. Ses vacances, elle les passera en Grèce pour venir en aide aux réfugiés. Et pour ne pas arriver les mains vides, la jeune femme a fait un appel aux dons via une plateforme de crowdfunding. Elle nous a transmis son énergie. Rencontre. 

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“Aidez-moi à ramener tout ce matos à Athènes et Thessalonique, sinon ça va être rude de bosser avec un trombone et un bic Batman là-bas”

 

 

Le docteur Virginie Deseck à 29 ans, après une longue année de travail au service de néonatologie de l’hôpital Saint-Pierre, elle a choisi de troquer ses vacances contre des semaines de boulot supplémentaire, elle partira à Athènes, aider les nombreux réfugiés qui transitent dans la capitale grecque via l’ONG DocMobile. Sur sa page internet de crowdfunding, docteur Deseck explique son geste:

“(Ici en Belgique) on a bossé avec du moins marrant-triste. On a bossé avec du triste-triste aussi.
Des perdus, des tout seuls, des isolés dans leur propre famille, des dépouillés de patrie, des abandonnés pour peut-être un mieux, mais certainement pas pour un pire.
On a bossé avec ses familles paumées mais soulagées d’être ensemble, d’enfants traducteurs, dont le rêve européen se cantonne désormais aux institutions sociales.
On a bossé avec les enfants abandonnés devant les hôpitaux. Qui ne parlent pas la langue. Qui ont la trouille parce qu’ils ne comprennent rien. Qui n’ont pas de vêtements propres. Qui vivent nulle part.

Et puis j’ai compris que j’assistais à un nouveau commencement.
Que j’étais témoin d’un spectacle absurde, où la souffrance devenait invisible quand elle venait de l’autre côté de la frontière. Qu’elle avait moins d’importance parce qu’on était un peu trop loin pour être vraiment voisins.
Qu’on rendait ces gens à tout jamais captifs d’une étiquette de “réfugiés”, sans savoir ce que ce terme recouvrait exactement. Un terme bien ingrat, quand on sait les épreuves qu’il a fallu traverser pour mériter ce titre.

Alors j’ai compris que ce n’était pas le problème de quelqu’un d’autre.
Ou d’autre part.
Que c’était mon problème aussi.

Alors je me suis secouée, et je suis sortie de cette somnolence confortable. J’en ai eu marre d’être inactive en espérant que quelqu’un d’autre le soit à ma place
Fermer les yeux n’a jamais fait fuir les monstres.

Alors j’ébranle mon inertie et je pars travailler dans un camp de réfugiés en Grèce, avec DocMobile

Heureusement, je suis entourée de belles personnes.
J’ai parlé de ce projet dans l’hôpital dans lequel je travaille, et les différents services ont remué les stocks, secoué les armoires, et retourné les cartons.

Alors j’ai des pansements, des seringues, des cathéters, des tubulures, des aiguilles, des ballons pour ventiler, des sondes pour aspirer, et des gants des gants des gants !
Mes supercollègues de néonatologie m’ont aidé patiemment à trier tout ce matos, à jeter les expirés, à garder l’utile, à ranger efficacement dans les cartons.”

DocMobile transforme des grands vans en box de consultation avec une pharmacie, ils vont ensuite dans les camps de réfugiés, mais aussi à Athènes, là où de nombreux réfugiés se retrouvent dans des squattes après que de plusieurs camps de réfugiés ont été détruits. Dans l’avion qui l’emmènera en Grèce samedi 19 août, elle emportera plus de 150 kg de matériel médical, mais aussi des vêtements.

 

Reportage: Marie-Noëlle Dinant et Manon Ughi

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15 août 2017 - 16h09
Modifié le 15 août 2017 - 16h52