La Lever House, un exemple d’art colonial désormais classé

L’intérieur de la Lever House est désormais classé, plus de quarante ans après le classement de sa façade et de sa toiture.

Face à la colonne du Congrès, se dresse depuis 1850 la Lever House. Et si on en pousse la porte, c’est l’aménagement intérieur qui frappe le visiteur : “grandiloquant, il est une ode, voulue par son propriétaire de l’époque, William Lever, à l’exploitation du Congo. Conçu comme un outil de propagande coloniale, nous le classons aujourd’hui pour lancer le débat et la réflexion autour du devoir de mémoire et d’inventaire liée à cette période de notre histoire et à l’exploitation des ressources du Congo“, indique Pascal Smet (one.brussels), secrétaire d’Etat bruxellois en charge du Patrimoine.

L’intérieur a connu des adaptations au fil des ans. Ainsi, “l’hôtel a été agrandi et transformé à deux reprises par l’architecte Paul Saintenoy en vue de l’adapter aux exigences des deux grandes entreprises qui s’y sont installées successivement : la Banque transatlantique belge en 1919, puis la Lever House de 1921 jusqu’à la fin des années 1950“, indique le cabinet du secrétaire d’Etat.

On découvre par exemple, à l’intérêt, la salle des guichets de la banque, avec une grande verrière. Quant aux aménagements coloniaux, on retrouve par exemple encore des statues en bronze de Congolaistémoignant quant à elles du regard colonial de l’époque en évoquant les conditions dans lesquelles les populations congolaises étaient exploitées par les compagnies huilières comme la société Lever“.

En effet, sous l’ère Lever, les lieux étaient un musée et un cinéma public vantant l’image coloniale.

L’intérieur désormais classé

L’intérieur du bâtiment est classé depuis le 5 février dernier. La première demande en ce sens date de 2005, mais avait à l’époque été laissée sans suite.

Dans les prochains mois, les façades très abîmées du bâtiment seront rénovées.

Le bâtiment appartient aujourd’hui à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Selon le journal Le Soir, la Région bruxelloise a émis l’idée d’y construire un lieu de mémoire sur le rôle de la Belgique au Congo. “On pourrait imaginer y créer un musée ou un centre de documentation et de recherche sur la colonisation et la décolonisation. Cela permettrait de garder ce patrimoine tout en le contextualisant“, indiquait Pascal Smet à nos confrères.

 

ArBr – Photos : P. Smet