Une exposition autour du pamphlet de Baudelaire envers Bruxelles s’ouvre jeudi

“Pauvre Belgique”, voici comment Charles Baudelaire décrivait le plat pays dans un pamphlet. La ville de Bruxelles, principalement visée dans cette oeuvre, a toutefois décidé de remettre en lumière cet écrit en réalisant une exposition autour de ce pamphlet et de 250 œuvres artistiques. L’exposition ouvre ce jeudi au Musée de la Ville de Bruxelles, jusqu’au 11 mars 2018.

L’exposition s’inspire des mots durs que le poète français Charles Baudelaire a eu pour Bruxelles dans son pamphlet “Pauvre Belgique” et recrée la ville d’alors par le truchement de quelques 250 œuvres, dont des toiles de Jean-Baptiste Van Moer ou des photographies de Charles Neyt. Elle s’ouvre par un florilège de phrases du “poète maudit”, qui ponctueront les six sections suivantes sur les contours de la ville, la Senne dont il décrit la profonde noirceur, les mœurs locales qui l’interpellent, l’architecture baroque qui le subjugue littéralement, ou les défauts institutionnels de la jeune patrie qu’il épingle à l’envi. L’exposition se termine par un détour dans ses quartiers.

“La ville recréée a globalement disparu dans les grands travaux du XIXe siècle”, explique la commissaire de l’exposition, Isabelle Douillet-de Pange. “Baudelaire y vit de 1864 à 1866, à une période charnière pour Bruxelles. En 1867 (année de sa mort, NDLR), sont lancés le palais de Justice, le voûtement de la Senne… Il y a des aspects du quotidien dont aucun historien ne parle jamais et que Baudelaire dans sa grande haine de la ville va raconter: l’odeur du savon noir, les lorgnons…”

“Ce peuple ne se bat pas pour les idées”

Une charrette tirée par un chien est ainsi posée sur le sol, pour rappeler “le poète qui les regarde d’un œil fraternel”, “ceux-là que chacun écarte comme pestiférés”. L’artiste contemporaine Isabelle de Borghrave a réalisé une silhouette en papier de l’auteur. Thierry Bosquet a, lui, composé des maquettes de sa chambre et d’une maison close. Cette figure du romantisme s’est en effet attristé que “l’amour brille par son absence. Ce qu’on appelle amour ici est une pure gymnastique animale”. L’homme de lettres déplorait encore que “ce peuple ne se bat pas pour les idées. Il ne les aime pas”. Selon ses mots, “si on imprimait que la Belgique n’est pas parfaite, on serait lapidé!”

L’échevine de la Culture, Karine Lalieux, assure que la Belgique a bien changé depuis : “On sait rire de nous-mêmes et on sait aussi prendre de la distance avec ce qu’on dit de nous. Cela montre au combien aujourd’hui Bruxelles est capable d’accepter cela.”

Belga, images de Belga

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06 septembre 2017 - 15h40
Modifié le 06 septembre 2017 - 15h40