En difficultés financières, la gérante du restaurant “Jour de fête” met en vente son établissement

Après une année de lutte acharnée pour maintenir son commerce à flot, la gérante de « Jour de fête » vend son restaurant. Elle alerte sur la précarité des petits indépendants.

En 2012, Virginie Monu réalise enfin son rêve. Après 16 années à travailler dans l’horeca, la voilà gérante de l’établissement « Jour de fête », situé Boulevard Anspach, en plein cœur de Bruxelles. Le succès est au rendez-vous, ce qui lui permet d’engager un deuxième employé à temps plein pour l’aider à assurer le service. Mais, c’était toutefois sans compter les événements imprévus, qui vont peu à peu précipiter la faillite de son rêve. En avril 2015, les attentats de Paris provoquent une baisse de fréquentation dans les rues de Bruxelles, ainsi qu’une diminution de la clientèle dans le restaurant de Virginie Monu. « Pour pouvoir continuer à payer mes employés, je dois différer le paiement d’autres charges. L’État m’inflige alors des amendes extrêmement élevées, pour retard de paiement. Le jeu classique de l’endettement s’installe », témoigne-t-elle dans une carte blanche publiée sur les réseaux sociaux, en août 2018.

La terrasse fermée

Le coup de grâce surviendra au début de l’été, avec le début des travaux du piétonnier. « Fin avril, Beliris, la structure en charge de la construction du piétonnier, me notifie que les travaux démarrent, et que je n’ai pas le choix : je dois fermer ma terrasse. Si on m’avait prévenue plus tôt, j’aurais pu m’organiser autrement. Or, la fermeture de ma terrasse m’a coûté 40.000 euros. Si les clients me soutiennent, ce n’est pas pour autant qu’ils veulent manger à côté d’un marteau piqueur », nous affirme-t-elle.

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Financièrement, sa situation devient compliquée, au point qu’elle éprouve des difficultés à nouer les deux bouts. « Je me suis rendue compte que je ne pouvais plus payer mes taxes, et mon restaurant était menacé de faillite. Je me suis alors tournée vers l’administration fiscale, et je leur ai demandé pour obtenir un plan d’épurement de mes dettes », déclare la gérante de « Jour de fête ».

Trois propositions pour s’en sortir

Au pied du mur en quelque sorte, elle a donc interpellé les politiques, avec trois propositions en main : « D’abord, la suspension des amendes de 15% en cas de retard de paiement. Dés que nous avons un jour de retard, les amendes qu’on reçoit sont trop importantes. Ensuite, la possibilité d’obtenir un plan d’épurement des dettes, et troisième proposition, ne pas devoir payer de taxes pendant la durée des travaux. J’ai été reçue par le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close, et Benoit Hellings, Premier échevin à la Ville, qui a été touché par ma situation. J’ai également rencontré Denis Ducarme, ministre des PME, et enfin, j’ai défendu mes propositions à Didier Reynders, en charge de Beliris, qui m’a renvoyé vers le niveau de pouvoir régional. » 

Au-delà de sa situation personnelle, Virginie Monu veut alerter sur ce qu’elle nomme la précarité des petits indépendants. Pour elle, « si on n’a pas une trésorerie avant de se lancer, et que des soucis comme le lockdown suite aux attentats qui nous arrivent, il suffit du moindre ennui supplémentaire et on rentre dans l’engrenage », déplore-t-elle. Aujourd’hui, elle jette l’éponge, et renonce à son rêve. Dans une annonce rendue publique sur les réseaux sociaux, elle annonce rechercher un repreneur pour son commerce. En attendant, les portes de « Jour de fête » restent ouvertes.

Laura Vandormael