Le bilan du parti Islam à Anderlecht et Molenbeek : “Plus discret que ça, c’est difficile”

Depuis l’annonce de sa participation aux prochaines élections dans 14 des 19 communes bruxelloises, le parti Islam refait la Une de l’actualité. Alors que le débat fait rage, surtout en Flandre, concernant son éventuelle interdiction, nous avons posé la loupe sur le travail des deux élus du parti : Redouane Ahrouch, fondateur d’Islam et conseiller communal à Anderlecht, et Lhoucine Aït Jeddig, conseiller communal à Molenbeek.

Six ans après, le débat refait surface : le parti Islam (soit Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité et Moralité) peut-il présenter des candidats aux élections communales malgré son programme prônant notamment la charia ou la fin de l’égalité entre les hommes et les femmes sur certains thèmes de société ? Suite à la sortie, ce vendredi, du fondateur du parti Redouane Ahrouch dans la DH et Het Nieuwsblad, les partis flamands ont en tout cas donné le tempo politique du week-end en se lançant, l’un après l’autre, dans un débat acharné sur l’interdiction d’Islam. Et pourtant, le parti avait déjà eu droit aux mêmes doutes en 2012, s’était quand même présenté aux élections communales dans plusieurs entités et avait obtenu deux sièges de conseiller communal : l’un à Anderlecht pour Redouane Ahrouch, et l’autre à Molenbeek pour Lhoucine Aït Jeddig.

Six ans après, quel bilan peut-on tirer de leur travail à Anderlecht et à Molenbeek ? C’est ce que nous avons tenté de savoir. En terme de présence, l’homme fort d’Islam obtient quasiment un score parfait : il ne manque pas un seul conseil communal. De même que son homologue molenbeekois Lhoucine Aït Jeddig. Les deux hommes font preuve d’une rare constance au niveau local.

“Une opposition assez bizarre”

Par contre, en ce qui concerne leurs interventions, c’est le calme plat. L’échevine des Affaires néerlandophones et de la Propreté à Anderlecht Elke Roex (sp.a), ne se rappelle même pas avoir entendu la voix de Redouane Ahrouch plus d’une fois lors de ces conseils communaux. “Il n’a posé aucune question, n’a mené aucune interpellation. Il est peut-être intervenu une fois, mais je ne sais même plus le sujet”, se rappelle-t-elle. Le conseiller communal Ecolo Philippe Debry est tout aussi sévère mais corrige quelque peu les statistiques : “Être plus discret que cela, c’est difficile. Il est peut-être intervenu deux, trois fois. Une de ces principales interventions était assez surprenante d’ailleurs : il défendait le fait de donner le nom de Jacques Simonet à une rue ou un parc. Et une autre fois, il avait évoqué un problème d’ordre religieux mais je ne sais plus lequel”.

Bref, le conseiller communal du parti Islam est bien silencieux par rapport à ses collègues, alors que la législature arrive bientôt à son terme. “Il est présent, ça oui, mais il représente une opposition assez bizarre”, s’interroge Philippe Debry, “et ce qui est aussi étonnant, c’est qu’il discute souvent avec son voisin du Vlaams Belang (NDLR: le conseiller communal Louis Bogemans) et ils ont l’air de bien s’entendre”. “C’est pour ça que je ne veux pas donner trop d’importance à ce parti. Il ne représente rien”, clame encore Elke Roex. Le premier échevin de Molenbeek Ahmed El Khannouss (cdH) va jusqu’à parler de “zozos” au sein d’un parti “qui n’a apporté aucune plus-value dans le débat démocratique”, dans les colonnes de La Libre. Car au niveau des interpellations ou des questions écrites, Lhoucine Aït Jeddig reste aussi discret que son collègue anderlechtois.

“Conserver les bases de notre démocratie”

Comme Ahmed El Khannouss, Philippe Debry s’étonne du bruit qu’arrive encore à produire le parti Islam, six ans après des débats qui avaient déjà agité le monde politique belge. “C’est une de ces bizarreries de la vie médiatique. Pourtant, je suis certain que les propositions et idées du parti n’ont pas beaucoup changé par rapport à 2012. Ce n’est pas une surprise”, estime l’élu écologiste. “Il vaut mieux ne pas faire attention à ce type de conseiller communal qui ne fait rien”, relance Elke Roex. Mais interdire un tel parti aux prochaines élections, ils n’y pensent pas : “Il faut être prudent et conserver les bases de notre démocratie, et notamment la liberté d’avoir nos idées. On ne peut pas interdire des idées mais des actes. Sinon, il faudrait interdire d’autres partis extrêmes, comme le Vlaams Belang par exemple”, ajoute Philippe Debry.

Le parti Islam, lui, attend le 14 octobre 2018 et les résultats des prochaines élections, pour surveiller s’il conservera ses deux sièges, s’il les perdra ou s’il en gagnera de nouveaux. À Anderlecht, Molenbeek ou ailleurs : le parti annonce en effet vouloir présenter 28 listes, dont 14 en Région bruxelloise.

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Gr.I. – Photo : BX1