“Qui peut dire avoir créé 300 emplois dans une entreprise sociale?”: Yvan Mayeur défend son bilan au Samusocial

Yvan Mayeur, l’ancien président du conseil d’administration de l’ASBL Samusocial et ancien bourgmestre de la ville de Bruxelles est entendu par la commission d’enquête sur la gestion du Samusocial. Contrairement à Pascale Peraïta, il a décidé de répondre aux questions des commissaires. Il s’exprime ainsi pour la première fois publiquement, depuis sa disparition de la scène politico-médiatique depuis sa démission le 8 juin dernier.

Son audition a débuté par une présentation d’une heure environ, une déclaration pendant laquelle il a défendu le bilan du Samusocial et ce qu’il y a personnellement apporté.

Avant de répondre aux questions des commissaires, il s’est attaché à détailler, le travail selon lui “énorme” de l’association, y compris de son bureau.

Il a souligné que la Samusocial avait été créé et a pris son envol autour du constat, d’une part qu’il n’a pas été politiquement possible de créé une “association (ndlr: de type publique) de chapitre XII” que lui-même a longtemps appelée de ses voeux, et d’autre part parce que les CPAS ne sont pas outillés pour répondre à la situation extrême de gens qui doivent trouver en urgence un abri, une douche et un repas.

Yvan Mayeur est aussi venu avec des chiffres sur le Samusocial, en gestation depuis 1997, et créé en tant que Cellule d’Action sociale urgente en 2001: de 42 chambres en mesure d’accueillir une bonne soixantaine de personnes en 2003, à près de 2.000 places réparties sur neuf lieux d’accueil ou 154.000 hébergements en 2015-2016; 300 emplois permanents, jusqu’à 500 en hiver, un budget passé de 0 à 18 millions d’euros.

Au-delà des chiffres, le Samusocial, c’est, selon l’ex-bourgmestre, un travail énorme à tous les étages, et notamment au bureau du Samusocial lié à la gestion au quotidien des urgences et des crises, à la nécessité de trouver des lieux d’hébergement permanents et/ou pour l’hiver; à constituer des équipes non seulement pour l’hébergement, mais aussi pour le travail psycho-social et sanitaire, pour ouvrir l’offre aux demandeurs d’asile et organiser des soins de santé.

Dans ce contexte, a-t-il plaidé, le Samusocial, en tant qu’entreprise sociale privée, n’est pas sous l’autorité de la Ville qui ne lui attribue aucun subside direct.

L’ex-président du Samusocial n’a pas éludé la question des indemnités des administrateurs et des membres du bureau. Selon lui, le principe de base était que le travail du bureau méritait d’être reconnu compte tenu de la charge réelle qu’il occasionnait et du professionnalisme nécessaire pour gérer le Samu.

Toujours d’après Yvan Mayeur, ce sont des organismes publics qui ont servi de modèle pour en déterminer la hauteur: les sociétés de logement social, les organismes para-régionaux, Mabru, les Cuisines bruxelloises et la STIB.

Les revenus bruts d’Yvan Mayeur au sein du Samusocial (ndlr: 15.400 euros en 2014, 18.900 en 2015 et 16.800 en 2016, soit 770 euros nets par mois en moyenne), sont, d’après lui, inférieurs à ceux prévus par la Ville et la Région pour leur structure. Ceux des membres du bureau sont en dessous des marges fixées par la Région depuis 2012 et par la Ville pour le futur, à partir de 2018.

On est donc loin des montants exorbitant ou des “rémunérations excessives” invoquées pour créer la commission d’enquête voire de comparaisons avec les montants évoqués dans le dossier Publifin, a commenté Yvan Mayeur. (avec Belga)

Reportage – Marine Hubert et Thierry Dubocquet