Le procureur général fustige les fuites dans la presse concernant le terrorisme

Le procureur général près la cour d’appel de Bruxelles, Johan Delmulle, a soutenu, vendredi après-midi, dans son discours de rentrée judiciaire, quelques recommandations de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats terroristes. Il a ainsi évoqué le problème des fuites d’informations liées à des enquêtes terroristes dans la presse et l’idée de créer un comité composé de représentants de la police et de journalistes.

“La commission d’enquête sur les attentats terroristes l’a souligné dans son rapport: la sécurité de l’État et d’autres services sont entravés par le nombre croissant de fuites dans la presse, y compris des informations confidentielles et même secrètes”, s’est exprimé le procureur général Johan Delmulle, dans son discours de rentrée, prononcé vendredi dans la salle des audiences solennelles de la cour d’appel de Bruxelles.

“La commission déclare que les actions des unités spéciales peuvent être compromises en raison de la fuite d’informations provenant de dossiers judiciaires sur le terrorisme aux médias. La liberté de la presse est un droit fondamental, mais elle connaît ses limites. Un exemple est celui des unités spéciales qui ont été filmées dans un bâtiment pendant une perquisition, ce qui a permis de surveiller leurs opérations en temps réel à la télévision. Un tel commerce ne peut être toléré”, a-t-il exposé, citant le rapport de la commission.

Créer un comité “police-journaliste”

“Pour lutter contre le phénomène des fuites dans la presse, la commission d’enquête suggère la création, inspirée de ce qui existe au Royaume-Uni, d’un comité composé paritairement de représentants des services de police et de renseignement, d’une part, et de journalistes, d’autre part, qui adopterait des lignes directrices en matière de diffusion d’informations liées à la sécurité. Je crois que nous devrions prendre sérieusement en compte cette recommandation”, a-t-il dit.

Le procureur général a également évoqué une autre recommandation de la commission parlementaire sur les attentats terroristes, celle de créer des centres communs de renseignement et de décision, un “Joint Intelligence Center”. “L’intérêt de créer un tel centre est double: d’une part, toutes les nouvelles informations sur le terrorisme et les phénomènes connexes (tels que les faux documents, les armes et le financement) peuvent être un indicateur pour évaluer le degré de menace. D’autre part, cela permet un échange d’informations plus facile”, a-t-il exposé.

“L’objectif est de créer un centre commun de renseignement dans chaque région, selon l’exemple de Fusion Cell sur Daesh, qui est actif à Bruxelles depuis un an. La Sûreté de l’État, les services de renseignements militaires, l’OCAM et la police judiciaire fédérale de Bruxelles y prennent part”, a-t-il poursuivi. “Nous venons d’évaluer le fonctionnement de la Fusion Cell […] et cette évaluation est positive. Je préconise donc que cette recommandation de la commission d’enquête parlementaire soit également mise en oeuvre rapidement”, a déclaré le procureur.

“Une troisième recommandation concerne la volonté de la commission d’enquête de renforcer la responsabilité du Collège des procureurs généraux dans la gestion de la police fédérale. Ainsi, la commission d’enquête estime qu’il est indispensable de renforcer la position du Collège des procureurs généraux vis-à-vis de la Direction générale de la police judiciaire. De cette manière, le directeur général dirigera cette direction générale en étroite concertation avec un procureur général désigné à cette fin par le Collège des procureurs généraux, ce qui doit permettre à ce dernier de remplir un rôle stratégique de pilotage à l’égard du pilier judiciaire de la police fédérale. Cela permettra en outre de faciliter la mise en place d’une coordination afin d’agir de manière flexible mais également contraignante. […] Le Collège des procureurs généraux est tout à fait prêt à donner suite à cette recommandation”, a encore affirmé le procureur Johan Delmulle.

Belga