Armand De Decker se tait devant la Commission d’enquête du Kazakhgate, la gestion de son intervention vivement critiquée

Les députés Sonja Becq (CD&V), Sophie De Wit (N-VA) et Vincent Van Quickenborne (Open Vld) contestent la façon dont le président de la commission d’enquête parlementaire Dirk Van der Maelen (sp.a) a dirigé la brève audition de l’ex-président du Sénat Armand De Decker (MR) vendredi, en ne les laissant pas réagir à ce qu’ils qualifient notamment d’attaques vis-à-vis du CD&V, des diamantaires et du procureur général Yves Liégeois.

Armand De Decker a fait référence, dans une courte introduction préliminaire, à une interview donnée vendredi matin à la RTBF par le président Dirk Van der Maelen qui a dit avoir appris des travaux de la commission d’enquête qu’un important lobby avait été organisé par le CD&V en faveur de la loi de transaction pénale élargie, au profit du secteur diamantaire. “Nous demandons une évaluation sur la manière dont les travaux de cette commission sont dirigés, en lien avec la neutralité”, a réagi Sonja Becq, demandeuse par ailleurs d’une évaluation générale sur le fonctionnement des commissions d’enquête au regard des instructions judiciaires en cours.

“Nous avions le droit de réagir”

À l’issue de son introduction, au cours de laquelle il a dit être intervenu dans l’affaire Chodiev en sa seule qualité d’avocat, M. De Decker a fait valoir le secret professionnel pour solliciter la fin de son audition, une demande reçue positivement par le président Van der Maelen. “C’est inapproprié. On est prié de l’écouter, il attaque et puis nous ne pouvons pas réagir, cela ne va pas”, a réagi Vincent Van Quickenborne. “Nous n’en sommes pas encore à l’heure des conclusions, nous avions le droit de réagir”, a surenchéri Sophie De Wit.

En revanche, pour David Clarinval (MR), le président n’avait pas d’autre choix que de rencontrer la demande de M. De Decker. “Il y a un risque à voir les procédures judiciaires torpillées, lorsque’elles s’exercent, un danger de voir la personne auditionnée s’auto-incriminer, selon la jurisprudence Transnuclear”, a réagi M. Clarinval. “Sur le fond, on a vu quel a été le rôle des diamantaires et de certains cabinets. Ce qu’a dit M. De Decker est tout à fait exact”, a-t-il dit.

Le président Van der Maelen a indiqué avoir suivi scrupuleusement la méthode qui avait été arrêtée lors d’une réunion de la commission jeudi à huis clos. “Et personne n’a demandé la parole quand M. De Decker a demandé à ce qu’il soit mis un terme à son audition”, a-t-il dit. (avec Belga, photo Belga/Bruno Fahy)

  • Reportage de Valérie Leclercq et Thierry Dubocquet.