Attentats de Bruxelles : la commission d’enquête dévoile son rapport sur la lutte anti-terroriste

La commission d’enquête parlementaire sur les attentats terroristes a abouti mercredi à un accord unanime sur l’un des chapitres les plus épineux de sa mission : l’architecture de sécurité belge et la façon dont elle a fait face à la menace terroriste. La commission, présidée par Patrick Dewael (Open VLD), présente les détails de cet accord ce jeudi matin et le rapport sur les manquements de la lutte anti-terroriste en marge des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles et Zaventem.

Ce rapport fait près de 500 pages et évoque notamment le rôle de l’officier de liaison de la police fédérale à Istanbul, sévèrement mis en cause par le ministre de l’Intérieur trois jours après les attentats du 22 mars, la présence de Bart De Wever à une réunion policière au cabinet du ministre de l’Intérieur le lendemain des attentats, qui serait simplement qualifiée “d’innoportune”, ou encore le rôle remis en cause de la “DJ Soc Terro“, soit la section terrorisme de la direction générale de lutte contre la criminalité lourde et organisée.

La commission préconise une “homogénéisation” des outils et le maintien d’un niveau central dans la lutte contre le terrorisme. La commission demande également plus de moyens humains pour les services du renseignement et une plus grande diversité : “Les agents connaissent trop peu de langues”.

“La Belgique n’est pas un Etat défaillant”, insiste la commission. Dans les années 2000, elle a pris des mesures concrètes pour lutter contre le terrorisme et le radicalisme et a joué un rôle de pionnier dans l’échange européen et international d’informations. “La commission constate toutefois certains dysfonctionnements au niveau de l’architecture de la sécurité, à la suite desquels on a raté l’occasion de démanteler à temps le réseau terroriste en question”, dit-elle.

La commission pointe du doigt la mobilisation insuffisante ou inefficace de certains moyens, l’isolement ou l’insuffisance de la coopération et de l’échange d’informations au sein des services judiciaires, de sécurité et de renseignement, des procédures et une réglementation inefficaces, une coopération internationale limitée et l’absence d’approche intégrée. La commission formule plusieurs recommandations, dont la nécessité pour les différents services d’évoluer vers une “véritable chaîne de sécurité”, un échange d’informations et une collaboration plus intensifs, une utilisation plus efficace des moyens humains et financiers, notamment un renforcement du budget là où cela s’avère nécessaire.

La commission n’a pas terminé son travail pour autant. Elle doit encore boucler le troisième volet de son mandat consacré au radicalisme et ses conclusions sur les trois cas particuliers qu’elle a étudiés : les frères Abdeslam et El Bakraoui ainsi qu’Oussama Atar. Un premier rapport avait déjà été dévoilé sur les victimes et les services de secours. (avec Belga, photo Belga/Benoît Doppagne)