"Wrong Elements": les confessions d'ex-bourreaux recueillies par Littell

Dans le documentaire “Wrong Elements”, en salles mercredi, l’auteur des “Bienveillantes” Jonathan Littell a recueilli pour son premier film les témoignages troublants d’ex-enfants soldats de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de l’Ougandais Joseph Kony, à la fois bourreaux et victimes. Dans ce film de plus de deux heures, présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, l’écrivain et journaliste franco-américain de 49 ans suit des jeunes qui ont été enlevés alors qu’ils étaient encore adolescents par la LRA.

Ce mouvement, créé dans la deuxième moitié des années 80 en rébellion contre le gouvernement de l’Ouganda, a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants, selon l’ONU.

Parmi eux, Littell a rencontré Geofrey, Mike, Nighty et Lapisa, enlevés à 12 ou 13 ans et forcés à combattre dans les rangs de la LRA, ils tentent aujourd’hui de se reconstruire.

“J’avais déjà fait deux reportages pour Le Monde Magazine sur la LRA en 2010 et 2011, donc c’est un sujet que je connaissais déjà assez bien et qui continuait à m’intéresser. Quand il y a eu l’idée de faire un documentaire, je me suis assez naturellement focalisé sur ça”, expliquait Jonathan Littell à l’AFP à Cannes.

Il y a eu un énorme travail de préparation, j’ai beaucoup travaillé avec des chercheurs”, a poursuivi l’auteur, qui a passé au total un an sur ce film, dont deux mois de repérages et autant de tournage, pour aboutir à “120 heures de rushs, donc une très grosse matière”.

Composé de séquences souvent longues, “Wrong Elements” alterne les témoignages de ces jeunes face caméra et des moments où le réalisateur les fait revenir sur les lieux où ils sont allés avec la LRA, en particulier l’ex-base du mouvement au Soudan.

Il suit aussi l’ancien chef de guerre Dominic Ongwen, lui-même ex-enfant soldat, actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, lors de sa reddition aux forces spéciales américaines en janvier 2015 en Centrafrique.

A travers les souvenirs de ces jeunes, qui racontent, tantôt bouleversés, tantôt en riant, leur vie dans la brousse, la façon dont ils ont appris à tuer, les entraînements, les viols et les exécutions, le réalisateur les montre dans leur complexité.