Voitures abandonnées depuis 40 ans cherchent propriétaires à Chypre

Recherche propriétaires de voitures rongées par la rouille et totalement hors d’usage: c’est la mission insolite que s’est fixée une base britannique de Chypre où sont abandonnés 400 véhicules depuis les combats ayant mené à la division de l’île méditerranéenne il y a plus de 40 ans. Aux côtés de camions éventrés, de bus et de tracteurs, des dizaines de voitures de marque Austin, Vauxhall ou Dodge au look vintage des années 1960 sont immobilisées depuis 1975 au milieu des herbes folles d’un terrain vague du sud de Chypre. 41 ans après, la base britannique d’Akrotiri s’est mise en quête de leurs propriétaires, les invitant à venir les récupérer s’ils y tiennent même si ces véhicules sont incapables de rouler. Après un minutieux inventaire, elle a répertorié chacun d’entre eux sur un site internet, photos et détails à l’appui.

“Il y a quelques jours, le gendre du propriétaire d’une compagnie de bus a reconnu six cars, qu’il veut désormais récupérer”, raconte Ian Brayshaw, le responsable de ce projet lancé il y a un an. “Il était très reconnaissant de cette initiative” et sa visite a été “émouvante”. Tous ces véhicules appartenaient à des Chypriotes turcs qui les ont abandonnés du jour au lendemain après la division de l’île en août 1974. Même inutilisables, ces voitures portent “les traces d’une histoire”, ajoute le Britannique. Comme cette carcasse d’une camionnette sur laquelle on devine, en lettres écaillées, la marque “Chicken Farm” tandis que, quelques mètres plus loin, des dizaines de bus couleur safran, sans portes ni fenêtres, gisent côte à côte sous un soleil de plomb.

Outre les dommages du temps, 60% des véhicules ont été brûlés lors d’un incendie en 1991. Une vingtaine de personnes ont déjà contacté l’administration de la base pour exprimer leur intérêt pour un véhicule, indique M. Brayshaw. Après avoir reconnu leur bien, elles doivent fournir des preuves que celui-ci leur a bien appartenu pour pouvoir entamer le rapatriement, dont elles assument le coût. Celles qui resteront seront retirées de la zone par les autorités britanniques puis démontées. “Tout l’argent que nous pourrons tirer des pièces et des métaux sera redistribué à la communauté chypriote turque. Cela leur revient”, précise M. Brayshaw.