Venezuela : le Parlement veut destituer les juges de la Cour suprême

Le Parlement au Venezuela, contrôlé par l’opposition, a lancé mercredi une procédure pour destituer les magistrats de la Cour suprême, qui s’était brièvement arrogé les pouvoirs des députés la semaine dernière, suscitant l’indignation internationale. Dans un climat politique tendu et au lendemain de heurts entre manifestants antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) et forces de l’ordre, les députés ont adopté un texte accusant les juges de la Cour suprême de “coup d’Etat” pour avoir confisqué le pouvoir législatif pendant 48 heures.
La haute juridiction, considérée comme favorable au président socialiste Nicolas Maduro, était finalement revenue samedi dernier sur sa décision, qui avait déclenché un tollé international.
Un cordon militaire a été installé aux alentours de l’hémicycle, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le projet des députés d’écarter les juges de la Cour suprême, qui doit encore être validé par une autre instance, le Pouvoir moral, a toutefois peu de chances d’aboutir, le chavisme contrôlant toute les institutions au Venezuela, hormis le Parlement.
Depuis l’entrée en fonction de l’assemblée, contrôlée par l’opposition de centre droit pour la première fois en 17 ans, la Cour suprême a fait annuler toutes ses décisions, considérant le Parlement hors-la-loi pour avoir intégré dans ses rangs trois députés dont l’élection était entachée de soupçons de fraude.
“Notre lutte vise à rendre à l’Assemblée ses compétences, le coup d’Etat n’était pas seulement contre l’Assemblée mais contre le peuple”, a affirmé, durant les débats mercredi, le président du Parlement Julio Borges.
Le texte voté fixe également comme objectif “la lutte pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel”, la tenue d’élections anticipées et la libération des “prisonniers politiques”.
Le camp de Nicolas Maduro est engagé dans un bras de fer avec l’opposition de centre droit depuis qu’elle a largement remporté les législatives de fin 2015 et les antichavistes ont lancé un nouvel appel à manifester jeudi à Caracas.
Outre la profonde crise politique en cours, le Venezuela, qui a connu trois tentatives de coup d’Etat depuis 1992, est frappé par une pénurie qui concerne 68% des produits de base, et l’inflation y est devenue incontrôlable (1.660% fin 2017, selon une prévision du FMI).