USA: Trump critique la justice qui va statuer sur son décret migratoire

Le président américain Donald Trump a dénoncé mercredi une justice “politisée” et a accusé les magistrats qui doivent se prononcer sur son décret migratoire actuellement suspendu de mettre en péril la sécurité des Etats-Unis. Le sort de cette mesure anti-immigration, la plus emblématique et controversée de la jeune présidence Trump, est entre les mains de trois magistrats d’une cour d’appel de San Francisco.
Ils doivent rendre un arrêt très attendu d’ici la fin de la semaine, mais pas ce mercredi, selon David Madden, porte-parole du tribunal.
“Je ne vais pas dire que cette cour est partiale alors que sa décision n’est pas encore tombée. Mais la justice apparaît tellement politisée”, a déclaré M. Trump, qui s’exprimait à Washington face à l’association des shérifs des Etats-Unis. Devant cet auditoire qui lui était majoritairement acquis, le président-milliardaire a dit avoir écouté mardi soir “avec stupéfaction” les débats téléphoniques de l’audience judiciaire consacrée à son décret fermant temporairement l’entrée du pays aux citoyens de sept pays à majorité musulmane.
Le nouveau maître de la Maison Blanche a lu à la tribune un article de loi adopté il y a 65 ans, stipulant que le président américain était en droit de suspendre l’entrée d’une catégorie d’étrangers s’il estimait que cette arrivée “serait néfaste aux intérêts des Etats-Unis”.
“Un lycéen de niveau médiocre comprendrait cela, n’importe qui comprendrait cela”, a insisté M. Trump, en sous-entendant que les juristes en désaccord avec son décret étaient forcément de mauvaise foi. Il a ajouté que les juges de San Francisco se devaient de statuer en son sens “par respect de la justice”.
Mercredi, face aux représentants du maintien de l’ordre, le nouveau président a par ailleurs assuré que les Etats-Unis étaient “en situation de risque” du fait de la suspension de son décret. “Je pense que c’est regrettable, c’est un triste jour. Notre sécurité est en péril”, a-t-il lancé, avant de dresser un tableau très sombre des Etats-Unis en matière de criminalité.
“En 2016 le nombre des meurtres dans les grandes villes a continué à grimper avec des taux à deux chiffres. Dans beaucoup de nos principales métropoles, nous avons assisté en 2016 à une hausse des homicides, des viols, des agressions et des fusillades”, a-t-il détaillé en évoquant une “sécurité publique en crise”.
“Si les Etats-Unis ne sortent pas victorieux de cette procédure (à San Francisco, NDLR), nous ne bénéficierons plus jamais de la sécurité à laquelle nous avons droit”, avait-il tweeté plus tôt.
Donald Trump établit fréquemment un lien entre immigration et hausse de la criminalité aux Etats-Unis, même si aucune étude sérieuse ne permet de le prouver. Bien au contraire, des travaux de recherche ont montré que les immigrés avaient tendance à commettre moins d’infractions que les personnes nées sur le sol américain.
Et, depuis les attentats du 11 septembre 2001, les attaques les plus graves aux Etats-Unis ont été commises soit par des Américains, soit par des ressortissants ne provenant pas des sept pays visés par le décret.