Une touche Andy Warhol pour célébrer la mode arabe à Dubaï

Le rideau est tombé lundi soir sur la troisième édition de l’Arab Fashion Week de Dubaï avec un défilé de la créatrice franco-libanaise Ingie Chalhoub inspiré par Andy Warhol, l’icône du pop art américain. Durant cinq jours, une vingtaine de collections ont été présentées à l’occasion de cette “semaine” destinée à symboliser l’appétit de la grande ville du Golfe pour la création et l’innovation.
Blouses, jupes plissées et pantalons peints en rouge vif, fuchsia, bleu et noir dominent les modèles d’Ingie Chalhoub, qui dit vouloir s’adresser à “la femme chic parisienne, très féminine et glamour, qui se déplace partout dans le monde”.
La collection est inspirée par une exposition d’Andy Warhol dans la capitale française. “J’ai voulu reprendre ses dessins et ses peinture”, explique la styliste, en décrivant son processus de création comme un jeu avec les différents tissus.
Parmi ses combinaisons préférées, elle cite le mariage entre le crêpe mat et la brillance contrastée de satin.
Avant elle, le Palestinien Jamal Taslaq a fait défiler ses mannequins sur des airs du chanteur libanais Marcel Khalife. Sa collection épure et modélise les broderies traditionnelles sur des robes rouges ou noires, amples et chics.
L’Italienne Giada Curti a également présenté sa collection Printemps-Eté 2017, colorée avec des rayures et des imprimés floraux.

Les jours précédents, l’Arab Fashion Week avait mis la lumière sur le travail de créatrices du Golfe, comme Lamya Abedin des Emirats arabes unis, Alanoud Al-Attiya du Qatar, qui a refusé d’apparaître en public, ou les Saoudiennes, mère et fille, Suzan Farhoud et Leen Shieshakly.
L’évènement a été aussi l’occasion de découvrir la première top modèle émiratie, Rafeea al-Hajsi, qui dit avoir bataillé pendant des années pour s’imposer dans une société attachée aux traditions.
Organisé par le Conseil de mode arabe, qui représente les 22 membres de la Ligue arabe, l’Arab Fashion Week vise aussi bien la clientèle locale que des acheteurs internationaux, venus notamment de Russie ou de Chine.
Les créateurs arabes sont “étonnants”, souligne Alina Cocci, venue spécialement de Milan. “Ils ont cette touche orientale que, nous, les Européens, n’avons pas, et c’est intéressant”.
Cette Italienne travaillant dans la mode critique cependant l’organisation de la “semaine” avec des défilés souvent retardés et un public restreint.
Dessinatrice de mode et artiste, la Russe Alena Ogden note la grande “différence” entre l’Arab Fashion Week de Dubaï et les manifestations similaires se tenant à Paris, Milan ou New York. Les créateurs de la région “connaissent bien leurs clientes, les femmes arabes, et c’est pourquoi les robes sont lumineuses et extravagantes”, souligne-t-elle.
Mais Ingie Chalhoub assure ne pas avoir à l’esprit la femme arabe lorsqu’elle conçoit sa collection. Car, selon elle, “aujourd’hui, il n’y a plus de mode qui soit destinée uniquement au Moyen-Orient ou à Paris”.
“Avec internet, la mode devient de plus en plus un phénomène mondial”, résume celle qui a pourtant choisi comme label “Ingie Paris”.