Un groupe de plusieurs dizaines de migrants parvient à entrer en Macédoine

Plusieurs dizaines de migrants venus du camp d’Idomeni, en Grèce, ont réussi à franchir samedi la frontière gréco-macédonienne, hermétiquement fermée depuis fin février, avant de disparaître dans la nature, a constaté un photographe de l’AFP. Le porte-parole de la police macédonienne, Toni Angelovski, a indiqué ne pas avoir d’information sur une telle nouvelle, ajoutant cependant un peu plus tard “qu’il y a régulièrement ce genre de tentatives illégales” mais que “la police fait de son mieux pour protéger la frontière”.
Le photographe, qui circulait avec des collègues non loin de Gevgelija, située en face d’Idomeni, a vu soudain une personne “surgir” devant la voiture dans laquelle il se trouvait, puis “deux ou trois autres”. Elles sortaient d’un bois où il a vu ensuite “une cinquantaine de personnes qui se reposaient”, après un périple de trois heures depuis Idomeni, marqué par un franchissement de rivière. Parmi elles, “de nombreuses femmes, des enfants, et même une femme qui portait son chat”. Le photographe a estimé qu’il devait y en avoir “de nombreux autres” en train de les suivre.
Au vu des journalistes, les migrants “ne se sont pas inquiétés”, et ont repris leur marche, vers une destination, sans doute la Serbie plus au nord, qu’ils n’ont pas précisée. Le photographe a été frappé par leur “expression dramatique, leur visage tendu”, marqué par “la peur et la fatigue”, et par le silence total dans lequel se déplaçait cette procession. “On pouvait entendre leurs pas” sur l’asphalte, a-t-il précisé. Quelques minutes plus tard, il s’est mis à pleuvoir des cordes.
Le 15 mars dernier, des centaines de migrants avaient tenté de franchir cette rivière, aidés par des activistes. Cette tentative fortement médiatisée avait fait long feu: la police macédonienne les avait renvoyés à Idomeni manu militari, à l’abri des regards des journalistes et activistes, tous retenus plusieurs heures pour franchissement illégal de la frontière.
Plus de 10.000 migrants campent depuis début mars dans les champs à Idomeni, séparés de la Macédoine par une double rangée de barbelés. Des incidents ont éclaté à plusieurs reprises entre certains migrants exaspérés tentant de forcer cette frontière, et police macédonienne. Il y a deux semaines, quelque 260 migrants ont été blessés lors de tirs de gaz lacrymogènes par cette dernière.
Un porte-parole de l’armée macédonienne avait indiqué en mars à l’AFP que chaque jour, la police et l’armée découvrent “50 à 300 migrants irréguliers qui essaient d’entrer en Macédoine ou de forcer la clôture” et les renvoient en Grèce.
Les migrants d’Idomeni font partie des quelque 54.000 personnes bloquées en Grèce depuis la fermeture de la “route des Balkans” vers le nord de l’UE, dont la Macédoine, petit pays de deux millions d’habitants n’appartenant ni à l’UE ni à l’OTAN, était le point de départ.