Trente après sa mort, Dalida, icône populaire, de retour au cinéma et en… hologramme

“La vie m’est insupportable. Pardonnez-moi…”: le 3 mai 1987, Dalida se suicide à 54 ans, submergée par son mal-être malgré le succès. Trente ans après, Iolanda Gigliotti se retrouve propulsée au rang d’icône populaire par son destin romanesque et des chansons restées dans les mémoires. A grands renforts de réorchestrations, au goût du jour depuis le décès de sa soeur, Orlando a réussi le tour de force de séduire de nouvelles générations, tout en la faisant entrer dans la légende.

De son vivant, Dalida a vendu 120 millions de disques. Depuis sa disparition, 20 millions supplémentaires se sont écoulés. Seul Claude François connaît un tel engouement post-mortem, jusqu’aux pistes de danse des discothèques, comme Dalida.

Figure emblématique de la chanson, la chanteuse s’est toujours adaptée aux modes musicales, du yéyé au disco dont elle a été l’une des reines, en passant même par le rock, avec des textes souvent autobiographiques. Avec l’accord d’Orlando, le gardien du temple, Dalida ne pouvait manquer pour le trentième anniversaire de sa disparition la révolution technologique du moment: l’inoubliable interprète de “Bambino” et “Gigi l’Amoroso” sera de retour sur scène… en hologramme à partir du 12 janvier à Paris, avant une tournée. La veille, le premier biopic sur sa vie sortira au cinéma. Signé Lisa Azuelos, ce portrait intime et sans concession est porté par la performance de l’actrice italienne Sveva Alviti dans le rôle de la chanteuse disparue, dont on découvre l’inconstance amoureuse et les fêlures qui ont pu l’éloigner du bonheur, au-delà des suicides de trois hommes de sa vie et d’une maternité impossible.

“Avec ce film, je voulais donner l’extrême-onction à Dalida. Qu’on la comprenne, que l’on excuse son geste final”, explique la réalisatrice. “Sa malchance a été d’être une femme moderne dans une époque qui ne l’était pas. A 25 ans près, elle aurait pu avorter sans devenir stérile ou encore assumer d’être une cougar”.

– ‘Chansons immortelles’ –
Née le 17 janvier 1933 en Egypte d’une famille italienne, la chanteuse qui a enregistré près de 1.000 chansons en dix langues, a été révélée lors d’une audition à l’Olympia en 1956, devant le producteur Eddy Barclay et le directeur des programmes d’Europe 1, Lucien Morisse qu’elle épousera quelques années plus tard.

“Dalida est devenue une grande dame de la chanson française, ce qui n’était pas le cas de son vivant. Grâce à Orlando, on a découvert toute l’amplitude de son talent. A sa mort, sa carrière était au ralenti, mise en péril par des chanteuses plus jeunes. C’est assez unique de redorer un blason à ce point-là”, souligne à l’AFP le journaliste David Lelait-Helo, auteur de deux biographies de la chanteuse.

“A la fois chanteuse à textes et bête de scène, Dalida a été un personnage extrêmement romanesque. Elle attire toutes les plumes, jusqu’au film aujourd’hui. Pour les médias, sa vie est un excellent sujet avec tous les critères d’une bonne cliente: le talent, l’éclat, le glamour, les amours difficiles, le suicide…”, ajoute M. Lelait-Helo qui estime qu’elle n’a pas été remplacée sur le plan artistique.

Pour Jacques Pessis, spécialiste de la chanson française et coscénariste du biopic, “Dalida touchait les coeurs en interprétant des chansons à qui elle donnait vie sur scène, et qui correspondaient à une époque. Des chansons devenues de toutes les époques”.

“Déjà de son vivant, Dalida était aussi une icône gay en incarnant comme personne le glamour hollywoodien. Beaucoup de gays se reconnaissent toujours dans cette femme fragile et blessée, au physique statuaire et androgyne”, souligne David Lelait-Helo.

“En 1958, à l’issue d’un concert de Dalida à l’Olympia, Piaf lui a dit: +Après moi, ce sera toi!+”, raconte Jacques Pessis. “C’est exactement ce qui s’est passé: comme Piaf, Dalida est devenue une artiste populaire unique avec des chansons immortelles qui ont traversé les générations”.