Tentative de coup d'Etat en Turquie – Le pouvoir a laissé les mains libres aux gulenistes, concède un ministre

Le pouvoir turc a laissé “les mains libres” au réseau du prédicateur Fethullah Gülen, l’opposant exilé aux Etats-Unis accusé par Ankara d’avoir fomenté le coup d’Etat raté du 15 juillet, a reconnu jeudi un ministre. “Ils ont eu les mains libres, on le reconnaît”, a déclaré le vice-Premier ministre Mehmet Simsek à des journalistes étrangers. “Pourquoi? Nous n’avions pas l’expérience de la direction du pays.”
Le président Recep Tayyip Erdogan et Fethullah Gülen se sont longtemps alliés, le premier s’appuyant sur les réseaux du second pour contrer l’influence laïque et kémaliste au sein de l’administration.
Mais après des mois de tension, la rupture est brutalement apparue fin 2014 quand le pouvoir en place a imputé à des juges gulenistes des enquêtes judiciaires gênantes pour lui.
“Ils semblaient favorables au monde des affaires. Ils défendaient des valeurs familiales conservatrices. Nous avons pensé qu’ils étaient bénéfiques pour le pays”, a déclaré Mehmet Simsek. “Aussitôt qu’Erdogan a vu la menace, il a apporté la réponse nécessaire”.
Après une purge de la police, le pouvoir a repris en mars le contrôle de médias réputés proches des réseaux gulenistes, notamment le grand quotidien Zaman. Depuis l’échec du coup d’Etat, quelque 55.000 personnes ont été arrêtées, suspendues ou limogées dans les administrations turques.
Depuis son exil à Philadelphie, Fethullah Gülen nie toute responsabilité dans le coup d’Etat avorté.
La Turquie a réclamé son extradition à la justice américaine, expliquant lui avoir fourni des preuves de l’implication du septuagénaire. Celles-ci n’ont pas été rendues publiques.
La presse turque a toutefois publié la confession d’un officier, ancien collaborateur du chef d’état-major de l’armée turque, qu’il aurait reconnu avoir espionné pour le compte des gulenistes.